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La
Tunisie, la gentillesse.
Nous avons été accueillis en Tunisie comme des amis.
Pendant les trois semaines que nous avons passées dans
le sud, nous avons salué de la main ceux que nous croisions et
chaque fois, ce signe amical nous était rendu avec un sourire.
Nous avons découvert en Tunisie une autre façon de vivre
et une gentillesse incroyable.
Nous sommes arrivés à La Goulette,
le port de Tunis, le 20 décembre au soir, par un ferry qui venait
de Naples. Nous avons passé deux jours dans le « nord »,
à Sidi Bou Saïd et Carthage,
puis nous sommes descendus très vite vers le sud, à Tozeur,
où nous devions passer une semaine de retrouvailles avec nos frères
et sœurs, les petits cousins, ainsi que la maman de Christophe. La
semaine a été riche de moments précieux passés
avec les uns et les autres. Lorsque tous sont repartis, nous sommes restés
encore deux bonnes semaines dans le sud, de Douz à
Tataouine, en passant par Matmata et
Médénine. Nous y avons été
très heureux, nous aurions pu y rester toujours, ou presque ...
Et puis il a bien fallu remonter. Nous avons fait un tout petit arrêt
à Djerba sur le chemin du retour puis nous sommes
remontés vers Tunis pour y prendre le ferry. Un
dernier arrêt au musée du Bardo, un dernier petit tour à
Sidi Bou Saïd et nous avons dû quitter ce pays où nous
avions été si bien reçus. Christophe n’a pas
été le seul à avoir un pincement de cœur au
moment de monter sur le bateau. C’était la première
fois depuis le début du « Grand Tour » que nous ressentions
une véritable tristesse à partir …
Sidi Bou Saïd
Le lendemain
de notre arrivée en Tunisie, il faisait magnifique et nous sommes
allés voir le très touristique petit village de Sidi Bou
Saïd au bord de la mer, à quelques kilomètres au nord
de Tunis. Il faisait un temps splendide, un soleil magnifique, un ciel
bleu profond. Les enfants avaient même passé la matinée
sur la plage. Hors-saison en tout cas, Sidi Bou Saïd est vraiment
une merveille. Les maisons sont toutes blanchies à la chaux et
les ouvertures - portes, fenêtres, grilles de fenêtres, moucharabieh
(ces sortes de petites loggias par lesquelles on pouvait voir sans être
vue)- sont bleues, comme le ciel. On déambule dans la rue principale
et on finit par arriver au bout de la colline, d’où on a
une vue magnifique sur la mer. 0n rebrousse chemin, on regarde tout ce
que l’on n’avait pas vu dans l’autre sens et on retrouve
le début de la rue et le célèbre café des
nattes. On
y entre par un large et haut perron. A l’intérieur, on boit
le thé à la menthe sur des banquettes maçonnées
recouvertes … de nattes. La clientèle y est étonnamment
locale, du moins en décembre. A l’autre bout de la rue, si
l’on refait le trajet encore une fois, il y a le café Sidi
Chebaane, tout aussi renommé – et pour cause : ses terrasses
étagées dominent la mer et la vue est magnifique. On y boit
du thé ou de la citronnade et on y fume le chicha, une drôle
de pipe à l'eau que l'on pose par terre. Si l’on est aventureux,
on se perd pour rentrer dans les petites rues qui remontent du coté
de la colline, vers le phare et le cimetière. On y voit des façades
mystérieuses, des portes magnifiques aux clous noirs artistiquement
disposés, des fenêtres – bleues toujours – et
puis des bougainvillées qui grimpent, escaladent, s’entortillent,
retombent …
Juste après le Café des Nattes, il y a la toute petite échoppe
de bombolonis sans laquelle Sidi Bou Saïd ne serait pas tout à
fait elle-même. On y achète pour 300 millimes (vingt-cinq
centimes) des beignets brûlants, juste sortis de l'huile chaude,
roulés dans le sucre, délicieux ...
Le
temps de choisir une carte postale, nous retrouvons les enfants devant
le petit stand d’un artisan occupé à graver de petites
soucoupes de laiton. Ils sont fascinés par la dextérité
de l’homme. Je les rejoins et m’aperçoit que l’homme
est en train de graver leurs prénoms. Dans un sursaut, je dis de
suite que je n’achète rien. L’homme me dit que c’est
un cadeau. Il termine. Les trois noms sont gravés. La date est
inscrite. Je mollis et demande à l’homme le prix de la soucoupe.
Il insiste que c’est un cadeau. Je lui demande le prix habituel.
Un dinar. Je cherche la pièce et la lui tend, il refuse énergiquement
: « Je vous ai dit que c’est un cadeau ! » C’était
notre premier jour en Tunisie …
Nous avons tellement aimé cette journée, la beauté
du lieu, le soleil, le ciel, les palmiers, l’atmosphère déjà
si orientale, les sourires, notre petite soucoupe en laiton … que
nous avons décidé d’y repasser avant de partir. Le
dernier jour de notre voyage, après avoir passé la matinée
au Musée Du Bardo, nous sommes allés acheter un dernier
bomboloni à Sidi Bou Saïd. En arrivant, Clément m’a
montré un chicha dans une boutique. Le vendeur s’est retourné,
nous a regardés et a demandé : « Vous travaillez en
Tunisie ?" Comme nous avons été fiers alors –
et heureux - d’être pris pour des tunisiens d’adoption
! Nous avons bu un thé au café Sidi Chebaane en regardant
la mer et nous avons même salué notre graveur de soucoupe
qui se souvenait des enfants. La boucle était bouclée. Nous
pouvions partir.
La Tunisie antique
Après
Sidi Bou Saïd, nous avons voulu visiter Carthage. Carthage, citadelle
punique, a été rasée totalement par les romains qui
y ont ensuite, un siècle plus tard, rebâti une cité.
Il ne reste quasiment rien de la prestigieuse citadelle punique. On peut
toutefois visiter un petit sanctuaire dit sanctuaire de Tanit : un étrange
jardin où se dressent, éparses parmi les hautes herbes,
de petites stèles funéraires aux curieuses inscriptions
en hommage au dieu Hamon. On y voit aussi les billots de pierre où
la victime, droguée nous dit-on, posait sa tête … On
dit qu’aux temps les plus anciens, les puniques sacrifiaient de
jeunes enfants … L’un des gardiens du site nous a accompagnés
pour une visite guidée très intéressante. Sans lui,
nous n’aurions vraisemblablement pas compris ce que nous voyions
et n’aurions vraisemblablement pas vu grand-chose.
Nous sommes ensuite allés voir la colline où se trouvait
le cœur de la ville romaine. Il n’en reste pas grand-chose,
des marquages au sol, quelques colonnes, quelques statues … Les
français ont construit sur cette colline, à côté
des vestiges romains, une curieuse cathédrale mauresque dédiée
à Saint Louis, mort à Tunis. A côté, ils avaient
également construit un collège, qui est devenu le musée
archéologique. Nous y avons passé un long moment à
regarder mosaïques, statues, lampes à huile, bijoux, amphores
… Lorsque nous en sommes sortis, le temps avait changé, il
pleuvait à verse et nous n’avons pas eu envie d’aller
voir les autres sites romains éparpillés dans la petite
ville moderne de Carthage.
Nous
avons retrouvé les romains sur le chemin du retour, dans le très
bel amphithéâtre d’El Jem, puis au
musée du Bardo, le matin de notre départ, où nous
avons vu de magnifiques mosaïques (et aussi les anciens appartements
du Bey puisque le musée est abrité dans un ancien palais
royal.)
La police et la Garde
Nationale
La police et la garde nationale sont très présentes en Tunisie,
suffisamment pour que l’on en dise quelques mots. Pas le moindre
petit village - ou presque - qui n’ait son poste de police ou de
gendarmerie. Assez curieusement toutefois - à la différence
d’autres pays où la police est aussi très visible
- cette présence policière n’est pas une gêne
pour le voyageur. Nous n’avons jamais été arrêtés
par la police et au contraire, souvent salués d’un signe
de la main à l’entrée des villes ou des villages.
Lorsque nous demandions un conseil ou une direction, le policier terminait
souvent ses recommandations en nous souhaitant la bienvenue en Tunisie.
Un soir, les policiers à qui nous nous étions adressés
pour un bivouac possible nous ont même guidés en voiture
jusqu’au petit port où ils pensaient que nous pourrions passer
une nuit tranquille. Ils nous ont quittés après nous avoir
demandé si nous n’avions besoin de rien (!) et donné
leur numéro de portable.
Nous avons tout de même été intrigués par cette
police très présente et avons tâché de demander
aux tunisiens que nous rencontrions ce qu’ils en pensaient. A chaque
fois, la même réponse nous était faite : « Ils
sont parfois un peu sévères (et en effet, il semble qu’ils
contrôlent beaucoup les véhicules et leurs chargements) mais
dans l’ensemble ça va … ».
Les femmes
Dans le
sud, les femmes sortent très peu. Qu’elles le veuillent ou
non, la maison est leur domaine. Elles ont même le droit de ne pas
venir à la mosquée le vendredi si elles ont à s’occuper
de la maison ou des enfants : elles peuvent faire leurs prières
à la maison. Quand elles sortent, pour aller visiter une voisine
ou une fille mariée, c’est emmitouflées dans une sorte
de grand foulard qui leur couvre la tête et tout le corps. Les hommes
eux, sont partout : aux cafés, aux terrasses des cafés,
assis sur le seuil d’une maison, à demi allongés par
terre aussi parfois, à regarder la vie qui passe … et les
touristes, qui leur font des signes amicaux auxquels ils s’empressent
de répondre avec bienveillance et amitié. Nous avons rencontrés
des hommes merveilleux en Tunisie mais nous aurions aimé parler
ne serait-ce qu’à une femme !
La végétation
Après
la Croatie, ses palmiers, ses champs d’oliviers et d’agrumes,
ses eucalyptus, la végétation du nord de la Tunisie ne nous
a pas surpris. Si nous étions arrivés de France, il en aurait
sans doute été autrement. Le sud en revanche, nous réservait
de nouvelles découvertes : dans le sud … il n’y a pas
de végétation ! La première grande route qui nous
y a emmenés, passés les champs d’oliviers, était
bordée de grandes étendues arides sur lesquelles poussaient
quelques maigres arbustes et des buissons bas. Ni arbre, ni herbe. Les
routes pourtant, étaient souvent plantées réguliè-rement
d’eucalyptus. Puis nous sommes vraiment arrivés dans le sud
et là, c’était soit rien, soit des palmiers : quelques
palmiers clairsemés dans le désert ou les villages, des
palmiers alignés le long des rues à Tozeur, les palmiers
par centaines, bien rangés, dans les palmeraies … Lorsque
nous sommes remontés dans le nord, nous avons été
très frappés de revoir de l’herbe, des arbres …
Et pourtant si, il y avait bien un peu d’herbe dans les palmeraies
et aussi quelques légumes, mais si peu que l’on ne les voyait
pas. Partout, le sable, la terre, les pierre et … les palmiers.
Les dromadaires
Eux aussi
sont très présents, dans le sud en particulier et nous avons
voulu, quand même, faire une balade, l’excuse étant
que les enfants en seraient heureux (de fait, deux sur trois n’étaient
pas trop partants, il faut dire que c’est plutôt gros et haut
…) Nous avons fait notre promenade à Zaafrane, petite ville
en bordure du sahara, une promenade d’une heure et demie vers l’ancien
village ensablé, but commode mais qui ne présentait finalement
pas un énorme intérêt. Notre « guide »
marchait à côté de nous et conduisait le grand dromadaire.
Les deux autres, attachés au premier, suivaient. Un quatrième
dromadaire, plus jeune, encordé lui aussi, apprenait son métier.
De retour de la promenade, nous avons décidé de déjeuner
là : devant le désert. L’homme qui s’occupait
du petit syndicat d’initiative et avec qui nous avions engagé
une conversation, nous apprit que cent vingt personnes viendraient en
fin d’après-midi pour aller voir le coucher de soleil à
dos de dromadaire. Cent vingt ! Cent vingt dromadaires donc, et au moins
la moitié de guides … Cela nous a amusés de voir cette
procession et nous avons été tentés par l’idée
de marcher vers le coucher de soleil. Peu après, les premiers cars
sont arrivés. L’un des chauffeurs, intrigués par notre
camping-car, est gentiment venu nous saluer. Mis au courant de notre projet,
il nous a posé beaucoup de questions et nous en avons profité
pour poser les nôtres. Nous avons ainsi passé un long moment.
Entre-temps, les dromadaires arrivaient, les uns après les autres.
Lorsque tout le monde fut là, touristes et dromadaires, les uns
prirent place sur les autres et le cortège se mit en route. Nous
l’avons suivi d’un peu loin et avons marché en direction
du soleil couchant. Le sable et les dunes prenaient des couleurs magnifiques.
Nous marchions toujours. Le
soleil s’est couché, l’ombre s’est faite peu
à peu. Déjà, les dromadaires avaient pris le chemin
du retour et s’éloignaient. Nous avons rebroussé chemin
nous aussi. Rapidement distancés, nous nous sommes retrouvés
presque seuls dans cette frange de désert. Lorsque nous avons finalement
regagné le camping-car, les touristes et les dromadaires avaient
tous disparu. A peine voyait-on encore au loin un ou deux hommes emmener
ses bêtes. Tout était fini, déjà.
LE SUD
Nous sommes descendus presque tout de suite dans le sud et nous l’avons
quasiment tout de suite aimé. La gentillesse des gens d’abord
et avant tout, puis les paysages magnifiques - des déserts de toutes
sortes, les palmeraies, les dromadaires, les petits villages et leurs
échoppes … Nous y avons vécu une vie très simple,
très paisible et très chaleureuse. Je le redis, nous aurions
pu rester longtemps dans le sud, très longtemps …
Nous avons d’abord parcouru en en un jour la route
de Tunis à Gafsa, où nous sommes arrivés
à la nuit. Vers six heures, alors que nous roulions et que la nuit
était déjà tombée, nous avons été
très frappés par un phénomène étrange,
celui des « marcheurs solitaires ». Imaginez une route de
campagne, enfin, de campagne qui commence à ressembler à
l’Afrique, déserte et non éclairée. Soudain,
dans la lumière des phares, apparaît un marcheur solitaire.
Il est emmitouflé dans un grand vêtement marron à
capuche en épais tissu de laine. Il marche. Il n’y a alentour
aucune maison, aucune lumière. On n’en a pas vu depuis un
moment non plus. Où va-t-il ? Où peut-il bien aller ? Un
peu plus tard, deux autres marcheurs, tout aussi pressés dans la
nuit noire et froide et le même vêtement : l’Acchabia,
que nous verrons sur tous les hommes du sud. Il est tard maintenant, il
fait nuit noire, nous traversons des régions très isolées
et puis soudain, une vieille mobylette, un homme vêtu comme les
autres qui traverse doucement la nuit. Ces apparitions, à mille
milles de toute maison habitée, ont été notre premier
étonnement du sud. Nous avons ensuite compris qu’il n’y
a jamais d’endroit vraiment désert et nous avons appris peu
à peu à apercevoir les habitations dans les paysages inhabités.
Gafsa et le marché aux animaux.
Le lendemain
matin, à Gafsa, nous sommes tombés un peu
par hasard sur le marché aux bestiaux. En fait de bestiaux, il
s’agit, on s’en doute, de moutons et de dromadaires. Dans
un immense enclos, une foule d’hommes – toujours vêtus
du grand manteau marron à capuche – se mêle à
une foule d’animaux. A l’intérieur, comme à
l’extérieur, une cohue de petites camionnettes à l’arrière
découvert complique encore la situation. Ici ou là, on fait
descendre un dromadaire où monter des moutons. Avec nos vestes
de randonnée et les cirés des enfants, nous avions l’air
de parfaits européens et étions « repérables
» à des lieues à la ronde. C’est dans ces conditions
que nous avons eu notre premier contact avec les gens du sud. Nous avons
tenté quelques sourires – nous nous sentions un peu intrus
quand même … - et nous avons été assez surpris
de voir avec quelle gentillesse et quelle simplicité ils nous étaient
rendus. Un homme a montré aux enfants trois petits chevreaux qui
ne devaient pas avoir plus de quelques jours. Nous avons déambulé
entre les animaux, nous étions regardés mais salués
aussi. Nous sentions bien que nous venions d’entrer dans un autre
monde.
Sur la route de Tozeur
Nous avons repris la route pour finir les derniers kilomètres jusqu’à
l’oasis de Tozeur. Qui dit oasis dit désert,
et la route qui relie Gafsa à Tozeur ressemble assez à ces
routes toutes droites que l'on imagine dans le sud des Etats Unis ou en
Australie : désert à gauche, désert à droite
et droit devant, invisible encore, la destination espérée.
C’est sur cette route que nous avons vu notre premier panneau «
Attention dromadaires » qui nous a rendus tout joyeux. Vers une
heure et demie, la faim aidant, nous avons eu envie de nous arrêter
pour déjeuner. Naïfs, nous avons pensé que nous écarter
des voitures – rares mais vrombissantes – pouvait être
une bonne idée. Quelques
minutes plus tard, à moins de cinq mètres de l’asphalte,
sur un départ de piste, nous étions ensablés et ne
pouvions plus ni avancer ni reculer. Après quelques manœuvres
maladroites, dignes des débutants en désert que nous étions,
il m’a semblé opportun de me mettre au bord de la route et
de prendre un air affligé. Il n’a pas fallu attendre longtemps.
Une petite camionnette s’est arrêtée presque aussitôt.
Deux hommes en sont descendus, en pantalon de ville. J’ai bredouillé
que nous étions ensablés et le premier homme, la cinquantaine,
assez élégant et parlant parfaitement français, m’a
demandé si le bas de caisse touchait. Il me semblait bien que non.
En tout cas, cela semblait être le détail crucial et ouf,
non, il ne touchait pas. L’homme s’est mis à genoux
dans le sable, a examiné la situation avec un air connaisseur et
a commencé à pelleter avec notre petite pelle de l’armée.
L’autre homme, un peu plus âgé, s’était
éclipsé et revenait avec une brassée de branchages
qu’il s’est mis à disposer devant les roues avant (nous
avions quant à nous placé les plaques de désensablement
devant les roues arrière.) A ce moment là, se gare à
côté du camping-car une range-rover dont descendent sept
jeunes tunisiens beaux comme des princes, la tête couverte d’un
cheich ou … de leur cagoule de sweat. A peine nous saluent-ils.
Ils vont droit aux roues qu’ils examinent d’un air expert
puis discutent avec les deux premiers hommes. Entre temps, un énorme
câble est apparu devant le camping-car, que l’on fixe au 4X4.
Il est clair qu’ils sont là pour nous tirer d’affaires.
Notre présence, quant à elle, importe peu. On essaye de
se rendre utiles, on pousse, on s’excuse d’une telle bêtise.
On offre à boire aussi lorsque, une heure plus tard, on n’a
encore progressé que de quelques mètres et que le demi-tour
n’est pas encore terminé. L'aide de ces hommes nous émerveille,
et nous nous sentons vraiment idiots et tout petits. Le chauffeur du 4X4,
Younès, un jeune homme calme et souriant, est le seul à
ne pas accepter mon verre de jus d’orange : « Je boirai quand
ce sera fini … » Bigre ! Et puis il propose aux enfants –
fous de joie – de monter à côté de lui dans
le 4x4. Il faudra une heure et demie pour se retrouver sur la route, la
vraie, mais alors, moins d’une minute et demie pour que tous disparaissent
comme ils étaient venus. A peine le temps de les remercier encore
une fois, ils sont déjà partis. Nous sommes éberlués.
Encore un peu honteux mais si heureux de cette première belle rencontre.
Nous n’avons plus eu envie de déjeuner, l’appétit
avait comme disparu, et nous avons repris la route. Nous sommes arrivés
à Tozeur dans un état d’esprit bizarre.
Le lendemain, l’arrivée de nos frères et sœurs
(sept à nous deux), de leurs conjoints et des petits cousins nous
a ramené à la réalité, une réalité
familiale, bien remuante à sa façon mais bien douce aussi
après six mois de voyage.
Tozeur
Nous
avons passé une semaine dans un hôtel de Tozeur pour y fêter
familialement la fin de l’année. Tozeur est une drôle
de petite ville : une ville très touristique, qui a son aéroport
( !), car elle est aux portes du désert et … qu'il y pleut
cinq jours par an. Nos parisiens se sont d'ailleurs réjouis d’y
trouver du grand bleu et des palmiers – même s’il a
fait anormalement froid cette semaine là. C’est aussi, d’une
certaine façon, une ville assez authentique : on y voit de «
vrais gens », de vraies petites gargotes, de vraies charrettes couvertes
d’herbe coupée et tirées par un cheval où un
âne, de vrais petites épiceries minuscules, de vrais barbiers,
bref, une vraie vie du sud à laquelle les touristes s’intègrent
gentiment. Il ne faut pas chercher loin pourtant pour voir que dans ce
sud, la vie est très différente de la nôtre, et matériellement
beaucoup plus pauvre. Les gens y sont toutefois étonnants : tous
nous disent bonjour, tous nous sourient, les petites filles nous saluent
avec un air malicieux … Nous sommes encore une fois très
frappés par cet accueil.
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