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du
19 décembre 2003

au

15 janvier 2004
 

 

Douz
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La route du Chott El DjeridAprès Tozeur, redevenus voyageurs, nous avons traversé le grand lac salé – le Chott El Djerid – pour rejoindre Douz. Le paysage est irréel. Une sorte de désert miroitant, changeant, dont on ne sait jamais très bien ce qu’il nous donne à voir. Soudain, un brouillard, du sable plutôt, qui voile l’horizon et traverse la route en petites vaguelettes rapides poussées par le vent. Puis un autocar, perdu dans le sable à une centaine de mètres de la route, fantôme abandonné. Un peu plus loin, une pancarte annonce un café. Nous ne nous y arrêtons pas mais peut-être aurions-nous dû. Une drôle de baraque au milieu de nulle part. Et puis ça y est, nous entrons dans une petite ville, nous avons traversé, nous avons vu le grand Chott El Djerid. Nous traversons Kebili puis nous arrivons à Douz et là, la route s’arrête net : le désert commence, le vrai, le Sahara. Tout là-bas, droit devant, c’est l’Afrique. On rêve, on imagine ... Puis nous rebroussons chemin, et nous trouvons le petit camping que nous cherchions, au bord de la palmeraie et tout près des petits commerces. Nous nous y installons et nous en faisons un petit tour – rapide car il est vraiment petit. On y découvre alors un univers étonnant, celui des "bikers"…
Les bikers sont des gens très différents de nous et de ceux que nous avons croisés jusqu’ici, qu’ils soient tunisiens ou comme nous, étrangers. Les bikers, italiens ou allemands, prennent le ferry de Gênes à Tunis puis descendent rapidement dans le sud pour aller faire de la moto dans le désert. Ils voyagent à plusieurs. Les motos sont parfois transportées dans des camions ou sur des remorques. Parfois, il y a aussi une voiture, un camping-car (!), une caravane … Ils sont déjà venus, l’année dernière, à la même période. Leurs machines sont extrêmement bruyantes et ils semblent ne pas s’en rendre compte : il leur arrive de laisser leurs moteurs tourner le temps d’aller se changer, de discuter avec un voisin … Sympathiques au demeurant, mais vraiment différents … Qu’à cela ne tienne, le premier janvier passé, les congés finissant, ils repartent et le camping est à nouveau vide. Restent encore avec nous un couple d’anglais, voyageant sac au dos et que nous retrouverons par hasard à Ksar Hadada, et … nos grands amis depuis : Tonja et Willem, hollandais, voyageurs d’un an en caravane avec leurs deux petits garçons, Suryan et Engel.

Une autre belle rencontre : nos amis voyageursJe garde des souvenirs merveilleux de Douz, nous y avons vécu des moments très simples et très paisibles. Il faisait froid une fois la nuit tombée mais les journées étaient magnifiques. J’ai vraiment adoré les quelques jours que nous avons passés dans ce petit camping et aurais voulu y rester encore. J’adorais aller chercher le pain le matin. Je saluais d’un « aslama ! » courtois les deux vieux enveloppés dans leurs achabias, allongés devant leur porte, près d’un petit brasero qui gardait le thé au chaud. Ils me renvoyaient ma salutation. Un peu plus loin, la dame de la laverie me faisait un grand bonjour depuis que je lui avais donné notre linge à laver. J’arrivais près de la petite « rue » commerçante et j’allais chercher deux baguettes dans la petite armoire vitrée sur le trottoir, devant l’épicerie. Je reprenais deux ou trois bricoles à l’autre magasin, où le marchand était devenu une connaissance. En rentrant, je regardais les petits stands de légumes et cherchais de quoi le déjeuner ou le dîner serait fait. J’achetais des carottes, des tomates, des oignons verts ou même, un potiron. Je revenais heureuse et triomphale et nous prenions un petit déjeuner de rois au soleil. Ensuite, la matinée passait à rien puis on déjeunait. L’après-midi, une balade dans la palmeraie ou au petit zoo. Le soir, un trou creusé dans le sable et c’était le feu, notre grand luxe et notre grand plaisir. C’était Tonja et Willem qui avait lancé l’idée, l’ayant reprise d’autres hôtes du camping. Les cinq enfants s’agglutinaient au chaud devant un DVD dans le camping-car tandis que nous passions une magnifique veillée à causer sous les étoiles. Comment ne pas être heureux ? Comment ne pas vouloir rester ? Et pourtant, nous sommes partis, Willem et Tonja aussi. C’est la logique du voyage, du nôtre du moins. Nous sommes partis pour Tataouine, et ses maisons troglodytes, pour les Ksars (les Ksour devrais-je dire), pour d’autres horizons et finalement, d’autres bonheurs.

Matmata et les maisons troglodytes
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De Douz, nous sommes partis pour Matmata. La route est magnifique et traverse des paysages étonnants. Matmata est une étape fort célèbre en raison de ses maisons troglodytes, mais une toute petite ville aussi. L'hôtel Sidi Driss, célèbre décor de Star WarsUne maison troglodyte, c’est une sorte de cour circulaire, creusée verticalement dans le rocher. Si l’on était un peu trop distrait, on pourrait presque y tomber ! De la cour, sont creusées horizontalement et en étoile diverses pièces : chambres, salon, cuisine et quelquefois, greniers. Au fond de certaines de ces pièces, on trouve parfois une autre pièce creusée encore plus profondément dans le rocher et qui sert de rangement. Pas d'eau courante bien sûr, et une installation électrique précaire. Nous sommes d’abord allés à l’office de tourisme demander à un guide de nous emmener car nous ne savions pas trop par où commencer. Il nous a conduits dans l’une de ces maisons – habitée. Ensuite, il nous a fait « visiter » l’un des deux hôtels – fort rudimentaires – qui ont été aménagés dans ces maisons troglodytes, celui dans lequel un épisode de starwars a été tourné. (Nous aurons rencontré Starwars trois fois pendant ce séjour : dans le désert près d’Ong Jmel où subsistent des décors, dans le Ksar Hadada dont je parle plus bas, et dans cet hôtel.)
Nous avons dormi à Matmata et le lendemain matin, nous avons voulu aller voir le petit musée. En y allant, nous sommes « tombés » par hasard sur La dame nous fait signe depuis sa maisonune autre de ces maisons. En nous penchant vers le trou, nous avons vu une dame occupée à ses affaires. Elle nous a vus elle aussi et nous a fait signe de venir. Nous avons contourné et descendu la butte, et avons trouvé la porte du couloir d’entrée. Elle nous y attendait et nous a fait visiter toutes les pièces de sa maison. Comme elle ne parlait quasiment pas français, nous avions un peu de mal à nous comprendre mais l’expérience des visites de la veille nous aidait. Cela a été une visite très simple et très chaleureuse - motivée sans doute par le petit apport pécuniaire qu’il occasionnait, mais ce n’est pas nous qui y trouverions à redire - mais une visite qui nous a beaucoup touchés. Après le petit musée, nous avons repris la route vers Médénine.

 

Les Ksour et les ghorfas
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Les Ksour étaient des greniers collectifs utilisés par les nomades pour stocker leurs récoltes pendant leurs déplacements. Ils étaient situés dans des positions défensives et entourés d'une enceinte plus ou moins fortifiée. Ils étaient confiés à des gardiens à la fonction prestigieuse. Ils se présentent comme un amalgame de petites cellules voûtées, longues et étroites. On peut en visiter un grand nombre dans la région de Tataouine. Nous en avons visité quatre.

Métameur.
Le Ksar de MetameurLe premier était celui du petit village de Métameur à quelques kilomètres de Médénine. C’est un ksar très bien conservé et dont la cour intérieure est très vaste. Monsieur Hachim Driffi, le propriétaire, y accueille toutes sortes de manifestations et y héberge régulièrement les convois de camping-car qui visitent la Tunisie en « voyage organisé ». L’endroit est un endroit de rêve et offre tous les équipements utiles. Pour le voyageur isolé, il constitue une magnifique halte car on peut y passer la nuit dans un cadre extraordinaire et y faire pleins et vidanges (tél : 97 560 533)Le cœur de l’ancien village, adossé contre le ksar, possède un petit café installé dans d’autres ghorfas avec une agréable petite terrasse sur le devant. Nous y avions pris un jus d’orange (frais !) à notre arrivée, parmi les fumeurs de chicha. Le lendemain, nous y avons déjeuné en plein soleil, de chorba (la soupe épicée à variantes multiples que l’on mange en entrée), de salade tunisienne et de briks. La halte de Métameur est à bien des égards une halte incontournable ...

Ksar Jouamaa.
L'entrée de Ksar JouamaaNous sommes arrivés à Ksar Jouamaa juste avant le coucher du soleil. L’endroit était magnifique, comme les paysages de montagnes que nous avions traversés pour y arriver. Le Ksar s’organisait de chaque côté d’une sorte de place, une rue plutôt, le long d’un éperon rocheux. Avec le soleil couchant, l’endroit, quasi-désert, était réellement magique. En passant devant certains ghorfas, nous avions aperçu quelques hommes occupés à des travaux de maçonnerie. En partant, alors que Christophe était en train de faire un demi-tour un peu compliqué,un homme nous a fait signe puis s’est approché. Il nous proposait de passer la nuit dans la cour du ksar. Mais pourrions-nous seulement y entrer, l’accès semblait bien étroit. Il nous assurait que oui. Bon. Et eux, dormaient-ils là aussi ? Oui. Nous avons finalement accepté et y avons passé l’une de nos plus belles soirées tunisiennes. En retournant au ksar, le temps de faire une manœuvre délicate pour garer le CC le mieux possible, nous avons fait un peu plus ample connaissance avec Majid, qui dirige les travaux de rénovation. Il y avait avec lui un homme un peu plus âgé et qui ne parlait quasiment pas français : Joseph. Nous avions été si bien accueillis depuis notre arrivée en Tunisie que nous avons eu envie d'être nous aussi accueillants. Nous leur avons proposé de venir dîner avec nous, ce qu’ils ont accepté. Je me suis mise à préparer rapidement un repas improvisé pour les recevoir dignement : un peu de soupe de potiron pour l’entrée et des pommes de terres sautées au poulet et au romarin. Ensuite, après une sorte de cafouillage, nous nous sommes tous retrouvés pour dîner chez eux, et non pas dans le camping-car, dans l’un des ghorfas, aménagé avec des matelas et des tapis. Il y avait aussi Notre dîner avec Majid, Wallid et Joseph un troisième convive, un jeune homme, Wallid, qui était arrivé entre temps. Je n'ai toujours pas bien compris ce qu'eux avaient compris mais ils avaient eux aussi préparé un repas et ils sont arrivés triomphalement avec cinq belles assiettes de couscous. Nous avons mangé le couscous puis les pommes de terre au romarin. Les enfants ont mangé la soupe (et ... Arthur a mangé de tout !). Après le repas, nous avons passé une soirée très douce et très tranquille. Clément s’était assis à côté de Majid qui s’était mis en tête de lui donner une leçon d’arabe. Il écrivait sur une feuille des mots français puis leur traduction en arabe. Clément s’appliquait ensuite, avec un certain succès, à les prononcer. Arthur de son côté jouait avec Wallid et faisait le pitre sous l’œil amusé de Joseph, pourtant plus réservé. Camille s’endormait dans mes bras. Christophe a accepté l’offre de café puis nous sommes allés à notre tour chercher une boîte de Halva (une confiserie à base de pâte de sésame et d’amandes.) La soirée s’est ainsi écoulée simplement et chaleureusement jusqu’à ce que vers dix heures, nous allions tous nous coucher. Le lendemain matin, nous étions en train de prendre notre petit déjeuner lorsque Majid a frappé à la porte : Photo d'adieu à Ksar Jouamaail nous apportait une corbeille de pain frais (que les autres ouvriers avaient apporté en montant sur le chantier), un thermos de café et un thermos de lait chaud, ainsi que cinq œufs durs. Nous n’en revenions pas. Après le petit déjeuner, nous avons encore fait un petit tour du ksar ensemble et puis il a bien fallu nous quitter. Nous avons réussi à trouver encore quelques douceurs à offrir avant de partir et Majid est parti chercher quelque chose pour Clément. Il est revenu avec une petite gourde à poudre taillée dans du bois et ouvragée. Il lui a donnée avec ces mots : « Fais y attention, c’est ancien … » Nous ne savions pas si nous devions accepter. Nous avons bien un peu protesté que c’était trop beau mais Clément nous regardait avec un regard lourd et Majid a insisté. En réalité, nous étions drôlement heureux de ce bel objet qui nous rappellerait cette belle rencontre. Nous avons quitté Ksar Jouamaa après avoir échangé nos adresses. Qui sait, Majid viendra peut-être bien en France un jour …

Ksar Haddada
Ksar HaddadaCe Ksar est immense, quasiment un petit village avec d’innombrables ruelles et passages, un véritable dédale. Il a été « lourdement » rénové lors du tournage de Star Wars (rénovations toutes en piteux état aujourd’hui) mais ses dimensions le rendent vraiment digne d’une visite.

Ksar Ouled Soltane
Le Ksar Ouled Soultane, qui présente quatre étages de ghorfas, ce qui est assez rare, est l’un des Ksour les mieux rénovés du sud tunisien et des plus beaux. Nous l’avons visité en fin d’après-midi. Il était désert - basse-saison oblige - et baigné d’une très belle lumière de fin du jour. Nous y avons étés accueillis par Miled qui en est à la fois l’âme et le gardien et qui accueille les visiteurs avec une gentillesse inouïe.

 

Les villages abandonnés
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Il y a dans le sud tunisien un certain nombre de villages abandonnés comme Guermessa ou Douirette. Ces deux villages sont situés sur des promontoires rocheux et leurs anciennes maisons Guermessa : cliquez pour voit l'image en grandacrochées au flanc de la montagne s’en distinguent à peine, comme si avec le temps, elles retournaient à la pierre dont elles sont faites. Nous avions d’abord voulu voir Guermessa. Les paysages que nous avons découverts en nous en approchant sont époustouflants : plateaux rocheux, canyons … Nous nous sommes engagés sur une piste qui devait mener au village mais au bout de quelques kilomètres, nous avons dû renoncer car les chaos devenaient trop risqués pour le camping-car. Nous l’avons laissé et avons continué à pied. Nous avons marché une bonne heure à travers des paysages extraordinaires, le long d’oueds asséchés, de terrains entourés de petits murets de pierre sèche et sommes arrivés au pied du village. Le soleil se couchait et nous avons décidé de ne pas monter au village mais d’en faire le tour. Nous avons ensuite pris le chemin du retour car la nuit tombait. Quel paysage magnifique, encore embelli par les lumières du crépuscule.
Le village de Douirette Eblouis par cette première expérience, nous sommes allés à Douirette. Là aussi, des paysages extraordinaires sur la route, mais cette fois nous avons pu la suivre jusqu'au bout. Nous y sommes arrivés dans la matinée et y avons fait la connaissance d’un jeune guide, Hassan, qui avait grandi à Douirette avant que celle-ci ne soit abandonnée pour Douirette-Nouvelle, construite à quelques kilomètres de là. Il proposait de nous faire visiter son village. Nous avons causé un peu, il était sympathique et nous avons accepté. La visite était très intéressante et quand il nous a montré la petite école coranique où il avait appris à lire, petite pièce creusée dans le rocher et totalement abandonnée aujourd’hui, comme tout le reste du village d’ailleurs, ç’était très émouvant. Penser qu’il avait récité ses sourates avec les autres petits enfants, à cet endroit précis, aujourd’hui désert et délabré … Il nous a montré la petite mosquée, nous sommes montés en haut du petit minaret. Il nous a fait entrer dans une maison – troglodyte, comme presque toutes les maisons du village, alignées le long du flanc de l’éperon rocheux et précédées d’une petite cour murée. Nous sommes enfin montés tout en haut de l’éperon rocheux pour visiter le ksar, aux ghorfas étroitement serrés les uns contre les autres. Quand nous sommes redescendus, il nous a montré du doigt le petit cimetière : un petit terrain en contrebas du village, sans enceinte ni clôture, bordé par trois chemins. Cent, deux cents petits tas de pierres, tous orientés vers l’est, les tombes. Une pierre dressée à la tête, une autre aux pieds. Si c’est une femme, une troisième au niveau du ventre, hommage à la fécondité. Pas de nom, pas d’inscription. Quand on célèbre les morts, on célèbre tous les morts …


Gabès, chez Fathi et Bassma.
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De Medenine, nous sommes remontés à Gabès car nous avions besoin de GPL. Nous avons trouvé sans difficulté la petite station service dont c’était l’unique commerce, et le patron, peut-être intrigué par notre camping-car, est venu nous servir. Nous avons causé un peu. Nous avons causé un peu plus, et là, à notre stupéfaction, le monsieur nous a dit : » Pourquoi ne viendriez-vous pas déjeuner à la maison, de toutes façons c’est l’heure et je vais y aller. Je vous emmène si vous voulez ! » Nous avons accepté. Nous avons laissé le camping-car à la station-service et nous sommes tous montés dans sa mercédès noire, un peu fatiguée mais luxueuse malgré tout. Je lui ai demandé si cela ne gênerait pas, nous ne voulions pas créer du travail à sa femme pour nous. « Mais non, dit-il, on fait toujours beaucoup à manger pour le cas où nous aurions des invités ! » Nous sommes arrivés chez lui et il nous a fait entrer dans une grande pièce. Il y avait des tapis, des matelas le long des murs, des coussins et une télévision. Nous nous sommes tous déchaussés et nous nous sommes installés. Sa femme est arrivée et nous a salués chaleureusement puis nous avons fait la connaissance de ses deux filles de quatorze et seize ans, non moins souriantes. Il a aussi deux garçons mais ils n’étaient pas là. Il nous a expliqué que tout le monde rentre déjeuner chez soi. D’ordinaire, il fait même une sieste après le déjeuner mais aujourd’hui il doit passer à la banque ... Les filles ont apporté les couverts, puis de l’eau, puis des verres et ont disposé le tout sur une longue table basse devant les matelas. J’ai proposé d’aller aider et le monsieur à accepté volontiers. Je me suis levée et me suis dirigée vers la cuisine – en chaussettes. J’ai croisé l’une des filles qui s’est empressée d’aller me chercher des sandales. J’ai fait quelques allers-retours de la cuisine au salon et la grande table a été bientôt totalement recouverte de plats : deux assiettes de tajine tunisien (sorte d’omelette aux légumes cuite au four), une soupière de chorba, un plat de riz surmonté de viande et de légumes et deux plats de salade tunisienne au thon. Déception : la femme et les deux filles avaient déjà déjeuné et ne nous accompagneraient pas. Nous avons fait honneur au repas et les enfants se sont régalés du tajine. Pour le dessert, la dame a apporté deux assiettes d’oranges épluchées, délicieuses. Après le repas, la dame nous a encore apporté du thé rouge. Ensuite, il était presque trois heures, il n’aurait pas fallu que la banque ferme. Nous sommes tous remontés dans la mercédès après nous être confondus en remerciements auprès de la dame qui, en plus du reste, nous a donné en cadeau d’amitié trois jolies assiettes à couscous. Quelle gentillesse, quelle hospitalité !


Djerba
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En remontant vers Tunis, nous avons voulu nous arrêter à Djerba. Nous comptions sur les infrastructures touristiques pour nous y pauser confortablement et laver du linge. Nous sommes arrivés à la nuit et avons trouvé sans trop de difficulté l’unique camping de Djerba. Le gardien de nuit nous a menés jusqu’à l’endroit où nous pourrions nous installer et nous avons été stupéfaits de voir que cet endroit était … la plage ! Djerba (Aghir) : les pneus dans l'eau !Le camping est situé en bord de plage et les camping-car doivent en emprunter un petit morceau pour aller dans le terrain qui leur est dédié. Comme nous étions, avec un couple de retraités allemands, les seuls occupants du camping, le petit bout de plage était une possibilité. Après nous être assurés qu’il n’y avait pas de risque – nous gardons une certaine méfiance pour le sable – nous nous sommes installés. Nous avions bien espéré un camping avec accès à la mer, mais d’ici à dormir sur la plage ! Le lendemain matin, nous avons pu nous rendre compte à quel point l’endroit était idyllique : sable fin, mer turquoise, palmiers … Nous avons déroulé l’auvent, installé notre magnifique tapis de plastique à motifs persans, sorti la table et nous avons savouré l’endroit, lentement. Les deux soirs aussi, nous avons fait un feu. Quelle pause merveilleuse et inattendue !
Djerba en revanche ne nous a pas enthousiasmés. Nous avions voulu faire un tour au village le plus proche et avons pris un taxi. Nous n’avons pas retrouvé la conduite tranquille et amicale du sud, tout le contraire, une agressivité presque parisienne ! En ville, beaucoup de froideur. (L’explication, obtenue auprès des gardiens du camping, serait que le tourisme attire pour le travail des gens de toutes les régions d’une part, et que le travail y est dur.)
En quittant l’île, nous avons voulu nous arrêter à Houmt Souk. Nous y avons été accueillis par des attrape-touristes qui nous ont parlé d’une soi-disant « fête de la laine » et nous ont conduits chez un marchand de tapis. Nous avons aussi déjeuné dans un boui-boui où tout était chiche et médiocre. Nous avons déambulé dans les petits souks où l’on voulait absolument nous faire acheter des bibelots. Quelle différence avec le sud que nous quittions.
Nous avons quitté Djerba par la route du bac. C’était notre première expérience de bac : on s’y entasse portière contre portière et … on prie pour que la mer soit calme.
Un petit marchand ambulant se glisse partout et propose sandwiches, œufs durs, bonbons, chewing-gums ... Christophe parvient à s'extraire du camping-car et à en faire sortir les enfants pour leur faire voir les manœuvres du bac, la mer et la lune. Il revient quelques minutes plus tard avec les enfants et … le petit marchand ambulant. C’est un adorable petit garçon d’une dizaine d’années à peine. Il a commencé à parler à Christophe à propos de son vélo accroché à l’arrière du camping-car. Il rêve d’un vélo mais sa famille ne peut pas lui en acheter un. Christophe et lui ont causé un peu – il se débrouille très bien en français – puis Christophe lui a proposé de visiter le camping-car. C’est comme ça que je l’ai vu arriver, un sourire magnifique et une politesse infinie. Il me dit bonjour puis regarde tout avec des yeux écarquillés et son bon sourire malicieux. Il s’adresse à Christophe en l’appelant : « Mon ami ». « Mon ami, mais … la dame, où elle fait le couscous ? » Christophe soulève le couvercle de la gazinière, le voilà satisfait. La visite est finalement terminée et tout le monde ressort. Le bac est arrivé, les conducteurs se hissent dans les véhicules, Christophe et les enfants reviennent. Quand le camping-car descend du bac, on penche la tête pour dire au revoir au petit garçon qui nous fait de grands signes de la main en souriant. Une belle rencontre …

Notre bateauAprès Djerba, nous sommes remontés rapidement vers Tunis. Après le Bardo, puis notre dernier bomboloni, il a fallu prendre le chemin du port. Nous nous sommes encore arrêtés à Carthage, pour y dépenser nos derniers dinars en pâtisseries, et nous sommes montés sur le bateau. Nous y avons été accueillis par le même équipage que celui avec qui nous étions arrivés un mois plus tôt. Nous nous sommes reconnus et salués amicalement puis nous sommes allés nous installer dans notre cabine. Je n’ai pas eu envie de monter sur le pont.

 

Les images qui nous resteront de la Tunisie
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Certaines images resteront longtemps dans nos esprits.
Celle des marcheurs de la nuit, enveloppés dans leurs longues achabias.
Celle des vieux à demi allongés le long des maisons et qui répondent avec un sourire à nos saluts de la main.
Celle des maisons sans fenêtres, apparemment obscures et vides lorsque la nuit tombe, et dont les portes s’ouvrent sur une cour où tout a lieu.

Celle des mobylettes, tranquilles, antiques, qui transportent jeunes, vieux, bébés, grand-mères, quelquefois jeune et bébé et grand-mère, gamin portant un seau ou un bidon, chargement d’herbe coupée - lentement …
Celle de cette conduite automobile ralentie qui permet aux ânes de tirer leurs charettes, aux gamins de jouer, aux jeunes de palabrer au milieu de la rue, aux vieux de regarder passer le temps, aux uns et aux autres de se saluer et de se parler, aux vélos de changer de sens, aux calèches de doubler les vélos, aux taxis de s’arrêter où l’on veut, en un mot, à chacun, d’être - tranquille.
Celle des enseignes peintes en bleu sur les maisons blanches : écrites, dessinées, calligraphiées, elle remplacent si joliment nos néons.
Celle enfin, du cimetière de Douirette.

 

 

 

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