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Venant
de Tunisie, nous sommes arrivés en Sicile mi-janvier pour y trouver
… le printemps ! Tout y était étrangement
vert : l’herbe grasse qui descendait les flancs des montagnes jusqu’à
la mer, les arbres déjà tous en feuilles … Même
les oiseaux étaient étonnamment loquaces ! Les paysages
verdoyants au ras de l’eau allaient jusqu’à nous rappeler
- paradoxe surprenant – nos pérégrinations irlandaises
d’autrefois. Très vite pourtant nous détrompaient
les eucalyptus, les forêts d’oliviers, et les champs d’orangers
à perte de vue - tous couverts d’oranges, une vision dont
nous ne sommes toujours pas lassés …
Autant le rappeler tout de suite, la Sicile a été
successivement grecque, carthaginoise, romaine, byzantine, arabe, normande.
Elle est ensuite passée aux mains des Hohenstaufen, de la maison
d’Anjou, de la dynastie d’Aragon puis des Bourbons de Naples
… Une histoire mouvementée qui a laissé un patrimoine
à l’avenant. Bien entendu, nous n’avons entrevu qu’une
toute petite partie de ce riche passé. Nous n’avons d’ailleurs
probablement pas « rendu justice » à la Sicile : nous
étions déjà restés de nombreuses semaines
en Italie et nous commencions tous à avoir envie d’ailleurs.
Nous nous sommes régalés de vestiges grecs, avons beaucoup
aimé les mosaïques byzantines de Palerme et Monreale, l’étonnante
villa romaine de Piazza Armerina et nous nous sommes amusés sur
l’Etna. Il nous faudra revenir pour Taormine, le palais arabe de
la Ziza à Palerme, les îles éoliennes et … tout
le reste !
La Sicile grecque : Segeste, Sélinonte, Agrigente,
Syracuse.
A
Segeste, un temple dorique debout, isolé, splendide
domine le paysage. Il se dresse au sommet d'une colline qui semble lui
avoir été destinée. A quelques centaines de mètres,
un théâtre grec, tout aussi isolé - aujourd’hui
du moins, fait face à la mer.
A
Sélinonte, les ruines d’une ville entière
face à la mer. De très nombreux temples mais … tous
écroulés à la manière de châteaux de
cartes : de gigantesques tas de pierres taillées, de rondelles
de colonnes, de chapiteaux … D’aucuns parlent d’un séïsme
… Difficile dans ces conditions de se représenter ce que
pouvaient être les grands monuments debouts mais on déambule
dans les rues de l’ancienne cité portuaire avec beaucoup
de plaisir.
Syracuse, autre cité grecque, nous
a offert beaucoup de belles choses. Nous y avons passé trois nuits
sur le Porto Piccolo, à deux pas d’Ortigia.
Dans la petite presqu’île d’Ortigia, qui est la vieille
ville, on passe presque tout de suite devant un grand temple grec, bien
conservé, surprenant au milieu des bâtisses médiévales.
Puis on se promène dans les petites rues anciennes et l’on
débouche sur la grande place de la cathédrale : à
y regarder de plus près, on remarque de puissantes colonnes doriques
enchâssées dans le mur nord ! Quand on entre dans la cathédrale,
on remarque d’autres colonnes tout aussi doriques sur le mur sud.
Enfin, les deux murs qui séparent la nef des deux bas-côté,
en place de colonnes comme dans toute autre cathédrale, sont les
deux murs - percés d’arcades - de la cella de l’ancien
temple grec ! (La cella était le « bâtiment »
fermé de murs à l’intérieur du temple. C’est
là que se trouvait l’immense statue du dieu et c’est
là qu’officiaient les prêtres.) Un temple grec donc,
reconverti en cathédrale !
A
Syracuse, il y a aussi, à flanc de colline, tout un ancien quartier
grec taillé dans le rocher et en particulier un très impressionnant
théâtre - lui aussi taillé dans le rocher - faisant
face à la mer. Un peu plus loin, un amphithéâtre,
romain cette fois, de belle taille, bien conservé.
Près de ces deux sites antiques, on visite d’anciennes carrières
dont une immense grotte à laquelle Le Caravage a donné le
nom d’ « Oreille de Dyonisos» en raison de la forme
de son ouverture. Les dimensions de cette grotte semi-naturelle et l’acoustique
que l’on y trouve sont tout à fait surprenantes.
(NB : le mercredi se tient dans Ortigia, dans les petites rues qui courent
derrière le grand temple grec, un très joli petit marché
où l’on trouve de très appétissants fruits
et légumes ainsi que de très beaux poissons et fruits de
mer …)
Agrigente
Agrigente,
l’ancienne Akragas grecque, est une jolie ville étagée
à flanc de coteaux – jolie quand on a oublié l’horrible
voie expresse sur viaduc qui y conduit et la ceinture de HLM qui l’enserre
! Une fois entré dans la vieille ville, on se perd dans ses petites
ruelles avec beaucoup de plaisir. Mais Agrigente est surtout connue pour
son site grec, curieusement appelé la Vallée des Temples
- curieusement car les temples s’alignent … le long d’un
éperon rocheux !? Le site est spectaculaire il faut bien le dire
et certains temples très bien conservé. Nous y avons passé
une très belle matinée ensoleillée.
La Sicile RomainE
De la Sicile romaine, nous n’avons finalement vu que la grande Villa
Del Casale. A quelques kilomètres de Piazza Armerina,
se trouve en effet dans un beau paysage de collines l’immense villa
romaine dite Del Casale. Son pavement en mosaïques a été
retrouvé presque intact dans sa quasi-totalité et est tout
à fait fascinant : scènes de chasse, scènes mythologiques,
une scène de jeunes filles faisant de la gymnastique et dont la
tenue rappelle à s’y méprendre nos maillots de bain
deux-pièces etc etc …
C’est aussi sur le parking de cette villa que nous avons eu l’occasion
de faire l’école sous la neige : de gros flocons qui n’aidaient
pas beaucoup à la concentration … Il faut dire que ce matin
là, 30 janvier, il ne faisait que 2° …
PETITE PARENTHESE baroque
Nous
avons passé une demi-journée à Noto,
village du sud de la Sicile, complètement reconstruit au 17e siècle
après un tremblement de terre. Peut-être pas aussi spectaculaire
que les guides le laissent entrevoir mais Noto nous a offert le visage
d'un petit bourg de province sicilien lors d'un dimanche tranquille et
ensoleillé. Déjeuner dans une trattoria locale, où
nous étions entourés de familles nombreuses et animées,
et de couples avec enfants, que nous avons retrouvés ensuite aux
jeux du jardin public. Une promenade dans la ville - déserte- pour
admirer les palais anciens et les villas abandonnées et nous tombons
sur le palazzo Nicolaci di Villadorata et sa collection de balcons décorés
de lions, de griffons, de chevaux ... Une visite à l'intérieur
nous offre le spectacle étrange d'une grande bâtisse qui
aurait été abandonnée en l'état avant-guerre
...
La végétation et la
douceur
Un délice que la Sicile fin janvier : une végétation
grasse, une douceur printanière, les orangers … Pourtant,
nous y sommes arrivés avec un froid historique : 10 ° ! Tout
le monde ne parlait que de cela ! Les températures de janvier varient
habituellement autour des 15 ° …
A ce qu’il paraît, il fait délicieux jusqu’en
mars, ensuite il commence déjà à faire chaud !
Palerme et les normands-byzantins
La Sicile a été normande et les rois normands y ont eu l'esprit
large. Ils ont ainsi construit leurs édifices en utilisant, parmi
d'autres, les talents des artisans arabes déjà sur place.
On découvre ainsi à Palerme des églises
aux magnifiques mosaïques byzantines sous des plafonds arabes. Nous
avons été très impressionnés par la «
Chapelle Palatine » - la chapelle du musée des rois normands
à Palerme : plafonds arabisants, architecture « normande
», mosaïques byzantines. A Monreale, à
quelques kilomètres de Palerme, les mosaïques de la cathédrale
sont elles aussi merveilleuses et les enfants y ont retrouvé les
scènes naïves de l’ancien testament que la dame de Venise
nous avait si bien montrées (Création du monde, Adam et
Eve chassés du paradis terrestre, Noé et le déluge,
la Tour de Babel …)
L’Etna
Alors qu’en
été, on peut faire de nombreuses excursions en 4X4 sur les
flancs de sable noir du volcan, en hiver il faut s’arrêter
là où s’arrête la route : à Sapienza.
Nous sommes donc montés jusqu’à ce point, à
près de 2000 mètres d’altitude et nous y avons trouvé
la neige. Nous avons aussi trouvé un certain nombre de petits cratères
que nous avons pu gravir. L’un d’entre eux était plus
grand et nous en avons fait le tour sur un tout petit sentier étroit
pour redescendre enfin, non sans avoir traversé une coulée
de lave aux pierres coupantes. Nous avons aussi eu la surprise de découvrir
les cratères Silvestri (c’est le nom de nôtre rue à
Vincennes) au fond desquels on pouvait descendre pour la plus grande joie
des enfants. Nous avons enfin dormi sur les flancs de l’Etna, sur
le parking d’un hôtel plutôt désert. Le lendemain
matin, nous avons fait un peu
d’école dehors au soleil et à la « récréation
», les enfant se sont amusés à faire un bonhomme de
neige avec carotte et tout et tout. En rentrant d’une petite promenade
après le déjeuner, nous avons eu en revanche la mauvaise
surprise de nous découvrir un pneu crevé. Qu’à
cela ne tienne, avec l’aide des enfants (et de notre cric hydraulique),
la roue a été vite changée. Quelques jours plus tard,
nous la portions chez un « gommista » qui la réparait,
échangeait les roues, vérifiait la pression des cinq roues,
nous comblait par sa gentillesse - le tout pour la modique somme de huit
euros : un bon souvenir finalement, cette première crevaison !
Après le Vésuve et l’Etna, nous serions bien allés
voir un « vrai » volcan : le Stromboli. Malheureusement, il
semblait que les conditions n'étaient pas idéales en hiver,
on n’étaient pas sûr de vraiment pouvoir voir quoique
ce soit, la randonnée était vraisemblablement trop difficile
pour les enfants et … on commençait à avoir vraiment
envie de partir en Grèce. Qu’à cela ne tienne, Camille
a décidé qu’elle y retournerait avec ses propres enfants
!
Plaisirs
de bouche.
Il y a une délicieuse pâtisserie à Piazza Armerina
où nous avons goûté les « pasta di mandorle
» qui sont de petits biscuits moëlleux aux amandes. Par la
suite, nous en avons trouvé un peu partout en Sicile mais presque
jamais aussi bon que ceux de Piazza Armerina …
Dernier détour par l’Italie
du Sud : Alberobello
Finalement,
contrairement à notre projet initial, nous n’avons rien vu
de l’Italie du Sud - nous avions déjà passé
beaucoup de temps en Italie. Nous n’avons fait qu’une courte
étape, à Alberobello, entre le ferry nous
ramenant de Sicile et celui que nous devions prendre à Brindisi
pour aller en Grèce. Alberobello, et les villages alentour, est
la région de ces drôles de constructions : les trulli. Ce
sont des maisons, à un étage le plus souvent, dont chacune
des pièces a son propre toit conique en grosses pierres plates.
Certaines grandes maisons à plusieurs pièces – et
donc plusieurs toits – prennent des airs d’églises
russes, surtout quand elles sont isolées dans la campagne. Toute
la région est très pittoresque et n’usurpe pas sa
renommée. Une étape incontournable sur la route de Brindisi.
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