Accueil Carnets de route

Carnet Précédent - l'Italie
Carnet suivant : la Tunisie
du
29 octobre

au

14 novembre 2003
 
 

L’intérêt d’être ignorant est que l’on a de belles surprises. Nous, nous ne savions pas que la Croatie est un pays magnifique et que les gens y sont formidablement accueillants. Nous avons découvert avec bonheur la gentillesse des habitants, les paysages splendides, la côte découpée et la mer turquoise, les îles au loin, les vestiges antiques, la végétation de cyprès, d’oliviers, d’orangers et nous sommes tombés sous le charme de ce pays méditerranéen où « oui » se dit « da ».

Nous ne sommes restés qu’une quinzaine de jours en Croatie. Nous y avons vu essentiellement les régions de la côte. Nous avons d’abord longé l’Istrie, de Novigrad à Pula en passant par Porec. Nous avons ensuite fait une petite incursion à l’intérieur des terres pour aller visiter le parc national de Plitvice (magnifique) puis nous sommes redescendus vers la mer, que nous avons longée jusqu’à Dubrovnik, en nous arrêtant à Zadar, Split et Trogir. De Dubrovnik, nous sommes ensuite remontés jusqu’à Split pour y prendre le ferry et retourner en Italie.


NOTRE ARRIVEE EN CROATIE : NOVIGRAD ET POREC.

Notre première étape croate a été Novigrad, au nord de la péninsule d’Istrie. Un nom slave, un petit port de pêche, la pluie épaisse et un bivouac sous les eucalyptus. Le lendemain matin, nous allons voir les bateaux. Les pêcheurs sont déjà de retour et s’affairent à démêler les filets. L’un deux y trouve une petite étoile de mer qu’il donne sans un mot à Arthur. Notre premier petit bonheur croate.
Un peu plus tard, à Porec, nous devons aller dans un garage. Le patron nous y donne amicalement une petite leçon de croate, un vademecum qui nous servira tout au long de notre séjour. Il s'éloigne puis revient avec des billes en inox, des billes de roulements à billes qu’il est allé chercher pour les enfants. Les enfants sont fous de joie. Le problème mécanique est réglé pour trois fois rien et nous nous quittons avec des sourires chaleureux et de grands signes de la main.


LES ROMAINS
La Croatie a une longue histoire « antique » et nous y rencontrons assez vite les romains, du moins ce qu’ils y ont laissé. A Porec tout d’abord. La longue rue principale de la petite ville s’appelle encore Decumanus, et l’on devine l’ancien Cardo - la perpendiculaire qui divisait la ville romaine en quatre quartiers - sous son nouveau nom slave.

Cliquez sur l'image pour la voir en grandA Pula ensuite, où se dresse un magnifique amphithéâtre de pierre blanche, magnifiquement conservé. Nous avons eu le grand bonheur de dormir en contrebas, sur le grand parking, désert en cette saison. L’impression était si forte que nous y avons même voulu y rester une deuxième nuit.
A Pula, il y a aussi l’arc de Sergius (un très bel arc triomphal de 27 avant JC), le théâtre, le forum et le temple d’Auguste, mais l’amphithéâtre reste notre plus beau souvenir.

A Zadar,nous avons déambulé sur l’ancien forum. Il ne reste à vrai dire plus grand-chose sur cette grande place : quelques colonnes, des pierres taillées réemployées dans les façades des bâtiments environnants … Mais cette place s’appelle encore le forum, et comment ne pas y voir les romains ?

Trogir, à l’origine fondée par les grecs, est comme Zadar, une petite péninsule entourée de remparts. On y entre en franchissant une antique porte de ville en pierre percée dans la muraille. Trogir est une merveille de petite ville piétonne : aucune voiture ne pourrait y pénétrer ni surtout y circuler tant est dense et serré l’entrelacs des petites ruelles dallées. On déambule heureux et l’on voudrait pouvoir prendre le temps de tout regarder.

Salona, fondée par les Illyriens puis conquise en 78 avant JC par les romains, devint sous le règne d’Auguste la capitale de la province romaine de Dalmatie. Aujourd’hui, c’est un immense champ de ruines à quelques kilomètres de Split. Nous y avons passé une très douce après-midi. Il faisait beau et le site était désert – du moins de touristes, car des habitants du voisinage s’y promenaient en causant. La lumière était magnifique. Les enfants grimpaient partout, exploraient, jouaient … Nous sommes allés jusqu’à l’amphithéâtre, à l’autre extrémité du site. Nous avons longé des parcelles d’olivier, des petits jardins potagers … Nous avons croisé des gamins qui jouaient au foot. Nous sommes arrivés à l’amphithéâtre. Détruit par les vénitiens pour qu’il ne serve pas de refuge aux turcs, il n’en reste que les départs de voûtes du premier niveau - bien peu, mais suffisamment pour se le représenter entier. Cliquez sur l'image pour la voir en grandPresque sur la grande enceinte de pierre, se dresse une vaste maison ancienne assez délabrée, habitée à en juger par le linge qui sèche aux fenêtres. Dans les murs, on reconnaît les pierres de l’amphithéâtre. Nous avons ensuite longé d’autres petits parcelles d’oliviers pour aller jusqu’au théâtre cette fois. Il est bordé par une voie expresse et à l'air un peu triste. Nous avons rebroussé chemin enfin. Le soleil se couchait et nous nous sommes arrêtés pour regarder une dernière fois les ruines dans la nuit tombante.


Cliquez pour voir l'image en grandA Split enfin, et son célèbre palais de Dioclétien (245-313) qui est en réalité plus une citadelle qu’un palais. Le palais se trouve en plein cœur de la ville, il est le cœur de la ville. Mais la ville se trouve aussi en plein cœur du palais : comment ne pas être stupéfait de franchir les remparts et de trouver dans l’enceinte même de l’ancienne forteresse, une banque, des épiceries, des cafés, des boulangeries, des supermarchés, des magasins de vêtements ou de chaussures … Trois mille personnes y ont aussi leur logement ! Il faut dire que la surface ceinte par les remparts dépasse les trente mille mètres carrés. L’ancien palais était à la fois résidence impériale, garnison, il contenait des temples, un mausolée … Au septième siècle, les habitants de Salona, détruite par les barbares, vinrent s’y réfugier et le palais continua sa lente mutation, vers cette endroit indéfinissable qu’il est devenu aujourd'hui, un endroit étrange vraiment …


Les paysages et la végétation

En Croatie, nous nous sommes régalés de végétation méditerranéenne, si douce et si romantique à nos yeux de « banlieusards». Il y a d’abord eu les cyprès, les chênes-verts, Les orangers de Dubrovnikles pins et les eucalyptus. Ensuite, les lauriers de César - les lauriers-sauce - partout. Ils ombrageaient même nos parkings, ce qui nous semblait presque du gâchis ! Les lauriers roses aussi. Puis les champs d’oliviers, et de clémentines surtout - un mirage ? Nous nous sommes laissés tenter pas les petits marchands qui ont leurs étals sur le bord de la route et nous nous sommes régalés de ces clémentines sucrées et délicieusement acidulées. A Split, nous avons déambulé au pied des remparts, sur la promenade du front de mer. Les grands palmiers se balançaient au soleil. A Dubrovnik enfin, c’étaient les orangers dans les jardins et sur les places publiques, des orangers avec de vraies oranges dessus, en pleine ville … Un rêve !

PLITVICE - le parc national

Cliquez sur l'image pour la voir en grand Les parcs nationaux de Croatie sont réputés. Nous n’en avons vu qu’un, celui de Plitvice. Si les autres sont aussi beaux, il ne faut retourner en Croatie que pour eux.
Le site de Plitvice est un ensemble de lacs sur plusieurs niveaux qui se déversent les uns dans les autres par une série de cascades. Le jour où nous y étions, il faisait un temps de rêve et nous étions quasiment seuls. Il y a plusieurs entrées au parc. L’une d’elle permet d’aller admirer la grande cascade. On descend un petit sentier à travers bois puis tout d’un coup, on la voit, sur le flanc de la montagne d’en face. Entre elle et nous, à une soixantaine de mètres plus bas, un lac turquoise, et pour le franchir, une petite passerelle sur pilotis avec des airs de jardin japonais. De fait, cette petite passerelle de bois commence dès le pied de la montagne et nous emmène jusqu’à la cascade. L’endroit est merveilleux, la végétation luxuriante, le lac d’un bleu de lagon, les montagnes … L’endroit est beau à couper le souffle … sauf que nous ne sommes pas du genre silencieux dans la famille : Clément était si frappé par la beauté du lieu qu’il n’arrêtait pas de hurler son émerveillement et gesticulait dans tous les sens. Christophe quant à lui a passé la journée à me demander si je ne trouvais pas ça beau, toute la journée ! Nous avons traversé l’eau turquoise et nous sommes arrivés au pied de la grande cascade, dans un brouillard de goutelettes d’eau. C’était magnifique. Nous avons rebroussé chemin et pique-niqué dans le petit bois en surplomb.

Cliquez sur l'image pour la voir en grand Nous avons ensuite repris le camping-car et sommes allés à une autre entrée du parc, celle qui permet d’atteindre le lac supérieur. Nous nous sommes garés puis nous avons été conduits dans un drôle de mini-bus 4X4 jusqu’au sommet du parc. De là, il s’agissait de redescendre à pied à travers bois en longeant ou traversant les différents lacs. Presque tout le parcours se faisait à nouveau en suivant une petite passerelle de bois, ce qui donnait à la promenade un caractère joyeux. Nous avons ainsi traversé sous-bois humides, marais, étangs, mini-cascades, lacs … La promenade a duré deux bonnes heures mais les paysages étaient sans cesse renouvelés et il ne s’agissait que de terrain plat ou de descente. Arrivé en bas, au dernier lac, on débouche sur un petit embarcadère. En sautant dans tous les sens comme des naufragés, on se fait apercevoir du garde, de l’autre côté du lac. Il vient alors vous chercher dans une sorte de mini bateau du mississipi. Le soleil se couche. La nuit tombe. Nous sommes tout seuls. La traversée est magique. On marche encore un peu et on retrouve le camping-car. Quelle journée !


La côte et les cafés

La côte croate est une merveille, c’est peu de le dire. Elle est découpée, bordée de plages et de petites criques, et l’eau y est résolument turquoise. La végétation méditerranéenne de pins, de cyprès et d’oliviers ajoute encore au charme. Au loin, on aperçoit des îles, quelquefois isolées, quelquefois en chapelets, quelquefois petites, quelquefois très grandes, comme une autre côte … Etrangement, jamais ou presque, on ne voit le grand large …

On a beaucoup roulé le long de la côte mais on n’en a vraiment profité qu’à deux reprises. La première fois, c’était à Brela. Nous nous étions installés sur le parking d’un hôtel fermé (après avoir demandé au café proche si cela gênait) et nous surplombions la grande plage, que nous pouvions gagner par un petit escalier. Christophe a fait l’école aux enfants et je suis descendue à pied. J’ai longé le front de mer et j’ai trouvé un petit café idéal pour m’installer et écrire ces carnets. Je suis entrée, ai demandé si je pouvais brancher l’ordinateur, commandé un capucino et ai passé deux belles heures tranquilles à pianoter et à m’amuser de mes airs importants. L’après-midi, j’ai proposé à Christophe de prendre les enfants et de les emmener à la plage. Il faisait très doux, il y avait un grand ciel bleu et du soleil, un rêve. Les enfants étaient fous de joie rien qu’à l’idée de se mettre en maillots. Nous avons trouvé les seaux, pris un goûter, des pulls et descendu le petit escalier solennellement. Christophe, qui n’aime pas beaucoup la plage pourtant, n’a pas résisté et s’est joint à nous. Nous étions tout seuls. Les enfants ont passé deux heures en maillot à jouer avec l’eau (le 10 novembre !) Nous avons passé une après-midi merveilleuse à savourer cette douceur de « fin d’été ».

La deuxième fois, c’était en descendant à Dubrovnik. Il était tard, nous cherchions un endroit pour passer la nuit. Soudain, nous voyons une pancarte de camping sur le côté de la route. Contre toute attente - en cette saison, tous les campings sont fermés - il était ouvert. Le peu que l’on pouvait en voir à la nuit semblait agréable : les emplacements étaient situés sur d’anciennes terrasses de culture d’oliviers. A part nous, il y avait un seul autre camping-car, anglais. Nous nous sommes installés. Novembre en Croatie : déjeuner sur la plageLe lendemain matin, il faisait magnifique et très doux. Nous avons fait un petit tour de repérage et nous sommes aperçus qu’à vingt mètres de notre emplacement, le camping surplombait une crique de galets à laquelle on descendait par un petit escalier. L’eau, au risque de se répéter, était turquoise et transparente. D’en haut, appuyés au garde-fou, on aurait pu rester des heures à regarder la mer et les îles. Le soir, c’était le spectacle, toujours recommencé, toujours différent, du coucher de soleil. Les anglais, des retraités qui avaient vendu leur maison pour voir le monde, sortaient leurs fauteuils et s'installaient pour regarder la vue. Ils étaient là depuis plusieurs jours. Ils ne savaient pas quand ils partiraient … Nous avons été très heureux dans ce camping où nous avions la petite crique pour nous tout seuls. Le premier jour, nous y avons même descendu la table de pique-nique pour y déjeuner. Une vraie fête. Et puis, une plage de galets, pour jeter des cailloux dans l’eau, peut-on rêver mieux ?

SENJ

Le château de SenjA Senj, petit port où nous avons fait une courte étape, le temps de monter à la forteresse, on prépare l’hiver. Partout, devant les maisons, des tas de bois. Ici ou là, un homme, entouré de gamins, s’occupe à fendre du bois. Les petites rues résonnent. Le tas grossit, confus, qu’il faudra ensuite ranger soigneusement. Les coups de hache, le bruit creux et sonore du bois qui tombe. Souvenir d’enfance. A Senj aussi, l’eau du port est tellement transparente que les enfants s’amusent à jeter des cailloux dans l’eau et à les voir descendre jusque sur le sable …


DUBROVNIK

Dubrovnik, c’est avant tout les magnifiques remparts, ponctués de tours rondes majestueuses. C’est la pierre dorée des remparts sur le bleu de la mer, et puis les palmiers et les orangers.
Dubrovnik se remet de la guerre qui l’a effroyablement meurtrie - on s’en souvient. De gros travaux ont été faits qui lui ont rendu sa beauté d’autrefois. Lorsque l’on a franchi ses portes, on la découvre piétonne. Elle s’organise autour d’une longue place qui s’étire d’un bout à l’autre de la ville et que bordent de petites échoppes, toutes identiques dans leur construction. Des petites rues en partent perpendiculairement et montent vers le flanc de la colline. D’autres rues, d’autres petites places, et des échappées soudaines sur la montagne ou sur la ville. On peut passer de longs moments à Dubrovnik, à déambuler dans ses ruelles pittoresques, à savourer un capuccino à la terrasse d’un café devant une façade baroque, à visiter ses églises … On peut aussi y passer une paire d’heures à arpenter l’interminable chemin de ronde et à collectionner les points de vue depuis ses remparts, sur la mer, sur les toits de tuiles, sur les montagnes ... Dubrovnik, c’est aussi la ville des orangers sur les placettes. Une ville à part. Majestueuse. Souveraine.


La guerre

Au poste frontière, dès notre entrée en Croatie, nous avons vu un jeune homme qui n’avait plus qu’une jambe. Puis un autre, quelques jours plus tard. Nous n’avons pas pu ne pas remarquer non plus les nombreuses places réservées aux handicapés dans les parkings publics, jusqu’à dix quelquefois pour un petit parking. Pour le reste, nous n’avons pas vraiment vu de signes de la guerre. Sur la côte, tout a été remis en état, il ne reste aucun signe du désastre. A l’intérieur du pays toutefois, des anglais que nous avons rencontrés nous ont dit que certaines régions étaient encore très marquées. Ils nous ont dit aussi avoir vu beaucoup de maisons endommagées, laissées en l’état, avec toutefois une maison en construction à côté. Ce sont les anciennes maisons de ceux qui ne sont pas revenus - serbes, disparus … Les croates parlent souvent de la guerre. Comme d’une catastrophe absurde qui a fait beaucoup de mal et n’aurait jamais dû arriver. Ainsi, à Dubrovnik, où le camping vient d’être réouvert. Les patrons, qui possèdent et administrent le terrain depuis une vingtaine d’années, sont en train de travailler à le remettre en état. Il avait été réquisitionné pendant la guerre. Il a fallu tout reconstruire. A Dubrovnik encore, nous avons rencontré un soldat canadien en permission, membre des forces de maintien de la paix, stationné en Bosnie. Il dit que là-bas, tout est très fragile, et que tout pourrait recommencer demain.

La Croatie
 
Notre itinéraire en Croatie
Notre itinéraire en Croatie
Nos belles étapes en Croatie