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Pise,
San Giminiano et Pérouse |
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Après
Florence, il y a eu Pise. Quel régal mais quelle
déception aussi : régal parce que cette grande pelouse dans
laquelle sont sertis la cathédrale, le baptistère, le grand
Campo Santo et … la tour, est un endroit de légende. Déception
parce que des trois enfants, seul Clément avait le droit de monter
en haut de la tour (pour des raisons de sécurité, justifiées
aux dires de Christophe à sa descente … ) Arthur et Camille
s’en faisaient une fête et ils ont été très
déçus et très tristes. Nous sommes restés
tous les trois en bas à attendre de voir Christophe et Clément
réapparaître en haut de la tour. Pendant notre attente, j'ai
bien voulu leur acheter une bricole et ils ont choisi un petit appareil
photo en plastique dans lequel on voit des vues de Pise. Cela les a un
peu consolés. Enfin, à chaque « malheur » quelque
chose étant bon, nous avons pris la décision, Camille et
moi, d’y retourner un jour toutes les deux : il y a un train couchettes
direct de Paris !
San
Giminiano est célèbre pour ses hautes tours carrées
dont on aperçoit la silhouette de très loin. Autrefois,
chaque famille puissante possédait la sienne. Il y en avait, dit-on,
plus de soixante-dix. Il n’en reste aujourd’hui qu’une
douzaine mais l’impression est saisissante. Ce jour-là il
faisait très doux et une belle lumière mettait le village
en beauté. Nous avons passé une belle journée à
déambuler dans les petites rues, sur les places, en haut des remparts
… Nous avons même visité le petit musée archéologique
où les enfants ont rencontré les étrusques et leurs
sarcophages souriants.
Pérouse
est une ville magnifique construite au sommet d’un escarpement rocheux.
Son centre historique est en grande partie piétonnier et son impressionnant
Corso Vannuci est bordé de somptueux palais gothiques. Le soir,
la passegiata s’y déroule avec panache. J’y avais passé
autrefois une quinzaine de jours à l’université pour
étrangers : il s’agissait de suivre des cours d’italien
dans le splendide Palazzo Gallenga en compagnie d’étudiants
de tous pays. Je m’y étais fait des amis, ni français
ni italiens pour la plupart, mais j’avais aussi fait la connaissance
de Paolo et Maurizio. Quelle ne fut pas ma surprise de tomber sur Maurizio
– que j’avais totalement perdu de vue depuis de nombreuses
années – quelques minutes à peine après être
arrivée dans la ville. Je l’ai tout de suite reconnu et lui
se souvenait de moi ! Nous sommes repassés avec les enfants voir
son atelier de céramique et y avons passé un très
bon moment. Quant
à Pérouse, c’est vraiment une ville magnifique, aux
ruelles anciennes, parfois voûtées. Elle a même un
puits étrusque et l’une des entrées de la ville est
son célèbre « arco etrusco » très ancien
et dont la construction en énormes blocs de pierre force l’admiration.
Elle présente aussi une curiosité architecturale de taille
: un prélat ayant voulu y faire construire une grande esplanade
monumentale à l’une de ses extrémités, le terrassement
recouvrit – sans le détruire – tout un ancien quartier
de modestes maisons et de petites ruelles. Un accès a été
aménagé et l’on peut y descendre et déambuler,
plusieurs mètres sous terre, dans les anciennes rues et jusque
dans les maisons. Impressionnant !
Nous n’avons passé qu’une journée
à Arezzo. Il s’agissait avant tout de voir
les fresques de Piero della Francesca. Arezzo est malgré tout une
jolie ville ancienne aux maisons de briques où il fait bon déambuler.
Construite
sur une sorte de piton rocheux au beau milieu d’une plaine, Orvieto
est spectaculaire et l’on voit de très loin la façade
triangulaire et dorée de la cathédrale. C’est encore
une fois une ville médiévale construite sur une hauteur
et dans laquelle on pourrait déambuler de longues heures. Nous
avons visité la cathédrale et le petit musée archéologique,
nous nous sommes promenés dans les petites rues et nous avons aussi
visité la « ville souterraine » : les caves que chaque
famille creusait dans la roche tendre sous sa maison - moulin à
huile, colombiers (quand elles ouvraient sur le flanc du rocher), cellier
… On en visite aujourd’hui quatre ou cinq, reliées
entre elles pour plus de commodité. La visite est passionnante.
Il y a enfin, près des remparts, ce curieux puits – le Pozzo
di San Patrizio – d’un diamètre d’une dizaine
de mètres, dont les parois abritent deux galeries en spirale imbriquées
l’une dans l’autre de sorte que ceux qui y descendent ne soient
pas gênés par ceux qui en remontent . Les galeries sont suffisamment
larges pour que les bêtes aient pu y descendre … L’ensemble
est monumental et très impressionnant.
Naples,
Pompéi et le Vésuve |
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Nous sommes descendus jusqu’à Naples
car nous voulions absolument voir le Vésuve et visiter Pompéï.
Nous n’avons passé qu’une journée à Naples
mais nous avons été assez frappés par l’atmosphère
de la ville. En sortant du métro, beaucoup de cohue et de circulation.
Les voitures, c’est connu, n’ont qu’une motivation :
avancer, centimètre par centimètre, coûte que coûte.
Devant chaque feu, un policier pour le faire respecter !(Pourquoi y a-t-il
encore des feux ???) Soudain, les vociférations d’un gamin
d’à peine une dizaine d’années perché
sur une mobylette nous fait tourner la tête : il semble très
en colère contre les voitures qui l’empêchent d’avancer.
Il ne porte bien sûr pas de casque, pas plus que le petit copain
de peut-être six ou sept ans qui s’accroche derrière
lui … L’équipage passe devant un policier qui semble
avoir d’autres chats à fouetter. Nous sommes stupéfaits
– manque d’habitude. Nous
finissons par arriver au musée archéologique où nous
voulons voir les mosaïques de Pompéï et d’Herculanum.
Déception : la ravissante fresque de la jeune fille au stylet est
dans une partie du musée fermée pour rénovation.
Les mosaïques quant à elles sont toujours aussi époustouflantes
et nous découvrons aussi de très belles statues et sculptures.
Un peu plus tard dans la journée, nous nous arrêtons dans
une boulangerie. Alors que nous en sortons avec une boîte de pâtisseries,
un homme s’approche de nous et semble vouloir discuter, de tout
et de rien. Il ne nous lâchera que quand nous lui aurons finalement
donné l’un de nos gâteaux. Satisfait, il s’éloigne
à grand pas. Nous sommes surpris et légèrement agacés.
Encore une fois, manque d’habitude … Nous n’avons bien
sûr pas du tout « rendu justice » à Naples. Il
nous faudra y retourner.
Pompéï,
dont près des deux tiers est encore sous la cendre ( !), est bien
évidemment une très belle visite. Pour une fois pourtant,
mais comment s’en plaindre, nous n’avons pas eu trop de chance
avec le temps : il faisait froid, gris, il y avait un peu de vent et il
tombait parfois quelques gouttes. De plus, un grand nombre des villas
les plus belles étaient fermées : en basse saison, les effectifs
sont réduits et tout n’est pas ouvert au public … Malgré
tout, le charme opère toujours. Arpenter les grandes « avenues
», jouer à les traverser « à gué »
en sautant sur les grosses pierres qui permettaient d’éviter
la boue, tourner dans les petites rues, s’amuser à reconnaître
les anciennes fontaines, déboucher sur le petit odéon, apercevoir
le grand amphithéâtre, entrer dans une villa, puis une autre,
jouer à la marchande au comptoir de l’un des thermopolia
(les snack-bars romains), essayer de retrouver les grands édifices
… Se trouver un petit coin à l’abri pour pique-niquer
… Etre heureux en somme.
Un peu à l’écart se trouve la Villa des Mystères
et ses magnifiques fresques sur fond rouge que je voulais absolument revoir
et montrer à Christophe et aux enfants. Elles sont toujours aussi
belles et gracieuses. A quelques mètres, une sortie annexe et un
stand de souvenirs, guides, cartes postales. Je m’approche. Le vendeur,
habile, m’a tout de suite sorti deux beaux livres pour enfants et
me les présente: une bande dessinée sur les derniers jours
de Pompéï et un livre comme on en fait beaucoup aujourd’hui
avec la photo des ruines telles que l’on peut les voir de nos jours
et une page transparente qui vient s’y superposer et sur laquelle
sont dessinées les parties manquantes. Le marchant est adroit,
sympathique et nous fait un gros rabais ( ?), bref, j’achète
les deux livres. Cela me vaut alors un grand discours sur les français
qui achètent beaucoup de livres : « C’est tout à
votre honneur et c’est bien connu d’ailleurs, les français
sont parmi les plus gros lecteurs en Europe. Ils achètent beaucoup
de livres. Les américains, eux, c’est pas pour dire, remarquez
ce n’est pas un jugement, ils sont très sympathiques, je
les aime bien, mais ils n’achètent jamais de livres : que
des gros machins affreux (je crois qu’il m’a dit quelque chose
comme des « guastone »), des amphores énormes –
et là, il écarte grand les bras - des statues en plastique
etc … » J’avoue que j’ai souri – vaniteusement
- pour la bonne opinion de notre pays (même si je ne suis pour rien
dans les statistiques, bien au contraire !) et pour l’autre, moins
bonne mais amusante, des américains …
De
Pompéï, il fallait bien monter au Vésuve,
l’un ne va pas sans l’autre. Nous y sommes arrivés
par un froid glacial et après un plat de pâtes roboratif
expédié vite fait pour cause de fermeture du site à
trois heures, nous sommes montés par le chemin caillouteux jusqu’au
bord du cratère. Nous n’avons pas été très
impressionnés car le fond du cratère n’est pas vraiment
visible : tout au plus aperçoit-on quelques petites fumerolles
et le sable noir est à peine chaud. Pour notre premier volcan,
nous aurions aimé plus de sensations fortes ! Tout de même,
cette ascension a été un repère, le volcan de Naples,
celui qui avait causé la destruction de Pompéï, visitée
la veille. Un point de référence aussi, quand nous monterions
voir l’Etna.
Nous sommes restés une semaine à Rome.
Nous avions besoin de nous poser, il faisait très doux, le camping
était confortable et désert, il y avait beaucoup à
voir …
Lorsque nous sommes arrivés pourtant, il y avait un monde fou,
des dizaines de camping-cars, il était même difficile de
trouver un endroit où s’installer. C’était totalement
inattendu en plein hiver, mais nous étions en plein week-end du
8 décembre, fête religieuse fériée. Il y avait
un « pont » et nos collègues camping-caristes entendaient
bien en profiter. Trois jours plus tard, le camping, immense, nous était
réservé.
Nous avons d’abord eu très très froid à Rome,
un froid historique qui n’a heureusement duré qu’un
jour. Le lendemain il faisait de nouveau agréable, et quelques
jours plus tard, nous prenions notre petit-déjeuner au soleil.
A
Rome, nous avons beaucoup marché bien sûr et beaucoup vu.
Nous avons été déçus par le forum, auquel
on ne comprend pas grand-chose. Même sentiment au Colisée
: grand certes mais tous les parements de marbre ayant été
pillés, il ne reste plus que les matériaux de remplissage
à l’aspect sombre et grossier. Sinon, nous sommes allés
Piazza Navona, nous avons vu aussi la Fontaine de Trévi (nous y
avons bien sûr jeté deux pièces derrière notre
épaule en faisant des vœux), et la Piazza di Spagna. Nous
sommes passés à la Bocca della Verita : une figure de pierre
à la bouche ronde. On y met la main, si l’on ment, elle est
tranchée ! Nous avons fait la queue, comme la trentaine de touristes
asiatiques qui nous précédaient, nous avons mis la main,
pris des photos et … tout le monde a récupéré
sa main, ouf ! Nous sommes allés au Vatican voir la chapelle Sixtine,
mon souvenir le plus marquant de notre séjour romain. Nous avons
constaté, avec effarement, l’immensité de la cathédrale
Saint-Pierre. Nous avons encore longé l’ancien Circo Massimo
où les romains assistaient aux courses de chars. Enfin, l’un
de nos meilleurs souvenirs de Rome, nous sommes allés dîner
chez Manuela, une ancienne amie de pension : camarades à quatorze
ans, nous ne nous étions revues que deux ou trois fois depuis -
à la naissance de Camille pour la dernière fois. La soirée
a été très chaleureuse et Federica, sa grande fille
(dix-huit ans !), nous a cuisiné une délicieuse pasta que
nous avons dégustée en compagnie du compagnon de Manuela
et d’un ami de la famille. C’était vraiment une belle
soirée, simple et chaleureuse.
Nous avons conclu notre séjour romain par une visite d’Ostia
Antica, le site de l’ancienne ville d’Ostie, port
de Rome dans l’antiquité. Nous avons été très
agréablement surpris. C’est une petite ville, avec son théâtre,
ses villas, ses rues, ses fontaines … et l’on y passe de belles
heures.
Paestum
est une merveille de petite ville antique grecque à un peu plus
d’une centaine de kilomètres au sud de Naples. Quand les
européens ont découvert ses vestiges à la fin du
dix-neuvième siècle, ils en ont été tellement
frappés qu’ils ont construit le Panthéon, l’Eglise
de la Madeleine, moult universités - en Allemagne et en Ecosse
notamment - et même certain édifices bien connu outre-atlantique.
C’était la déferlante néo-dorique. Paestum
en est restée très simple et très belle. Je l’avais
découverte un peu par hasard lors d’un voyage scolaire auquel
je participais en tant que professeur accompagnateur et l’une de
nos élèves avait eu ces paroles mémorables : «
Madame, quand c’est beau comme ça, ça me donne mal
au ventre. » Il faut dire que la pierre de Paestum a une couleur
dorée, que le site est très paisible et les temples, bien
conservés et majestueux. Nous n’avons pas eu mal au ventre
– trop vieux ou trop jeunes peut-être … - mais nous
avons passé une merveilleuse fin d’après-midi. Il
y avait une lumière très douce, les enfants jouaient «
aux explorateurs », nous étions quasiment seuls à
déambuler parmi les ruines … Christophe en garde un souvenir
ému.
Nos
plaisirs de bouche : Riciarelli et Vin Santo e Cantucci |
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Un
peu pour l’anecdote, et pour finir ce très long compte-rendu
de nos séjours italiens, deux petites spécialités
que nous avons beaucoup aimées : les « riciarelli »
(prononcé ritcharelli) tout d’abord, qui sont de délicieux
petits biscuits moelleux aux amandes, un peu macarons, un peu calissons,
l’une des spécialités de Sienne. Il faut les acheter
tout frais en boulangerie, par exemple à Sienne à la boulangerie
« Le Campane », via delle Campane, à deux pas de la
Piazza del Campo. Nous y avons acheté les nôtres (délicieux)
et le monsieur était vraiment charmant.
Une autre spécialité toscane : les cantucci. Ce sont des
biscuits secs croquants aux amandes que l’on mange en dessert en
les trempant dans un vin doux : le Vin Santo. On les trouve souvent parmi
les desserts des restaurants et c’est un délice. |
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