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7
au 28 octobre 2003 |
puis du |
15
novembre au 19 décembre 2003 |
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Il commençait à faire frais quand nous avons quitté l’Autriche. Nous avons franchi la frontière et sommes arrivés dans les Dolomites, grosses montagnes trapues aux formes étranges où, à notre étonnement, on cultive de la vigne. Et puis nous sommes arrivés, avec un coucher de soleil magnifique, sur les rivages du lac de Garde. Nous sommes restés très longtemps en Italie,
plus de deux mois, un record absolu, dont trois semaines en Sicile. Il
faut dire que nous y avons commencé l’école et le
rythme a bien dû changer, par la force des choses : nos immenses
journées de l’été se voyaient sévèrement
amputées. Et comme il y a par ailleurs de bien belles choses à
voir et à revoir en Italie …
En préambule, notre périple « fresques » Nous sommes arrivés à Padoue un peu par hasard mais nous avons vite compris que la chose à y voir, hormis la basilique Saint-Antoine, était les fresques de Giotto dans la Chapelle Scrovegni. Nous y sommes donc allés. La visite est très organisée et encadrée : pas plus de vingt-cinq personnes à la fois et pas plus d’un quart d’heure par groupe. Les visites se suivent comme les mariages dans les mairies au mois de juin. Pourtant, les choses sont très bien faites. On assiste avant la visite à une projection très intéressante qui présente à la fois Giotto dans son contexte et les différentes scènes représentées dans le cycle de fresques. On peut ensuite passer le quart d’heure statutaire à retrouver les scènes déjà déchiffrées et à les apprécier. C’est une façon de procéder qui rend la visite très agréable. Cette première visite a été le début d’une sorte de « périple fresques » tout aussi improvisé que l'avait été notre « périple Bach » en Allemagne. Après Giotto, nous sommes allés voir les fresques de Masaccio à la chapelle Brancacci à Florence, dans l’église Santa Maria Del Carmine. Un éblouissement. Là aussi, une vidéo interprétait les scènes et comblait nos lacunes bibliques. Les fresques de Masaccio sont extraordinaires d’émotion et méritent à elles seules que l’on fasse le voyage à Florence. Nous avons ensuite retrouvé Giotto à Assise mais les fresques très abîmées, mal éclairées étaient plus difficiles à apprécier. Notre périple fresque, en pointillé, s’est poursuivi à Arezzo, en Ombrie. Là, dans l’église San Francesco se trouve la petite chapelle peinte à fresque par Piero della Francesca. J’avais découvert ces fresques il y a une vingtaine d’années et en avait été bouleversée. (Pour être tout à fait honnête, elles étaient dans un état déplorable et l’éblouissement m’était venu dans la petite boutique où j’avais feuilleté un peu distraitement un livre de reproductions !) Cette fois-ci, j’hésitais à retourner les voir, pensant que leur état n’impressionnerait personne et puis, par un sentiment de profonde admiration et d’émerveillement pour Piero Della Francesca, j’y ai quand même poussé tout le monde. A Arezzo, comme à Padoue, la visite était contingentée et limitée dans le temps – mais là, il n’y avait qu’un couple d’anglais à part nous, et personne après nous. Et puis un miracle s’était produit depuis ma dernière visite : un chantier de restauration de grande envergure qui avait duré plus de deux ans, et à l’issue duquel les fresques étaient redevenues éclatantes, étonnamment lisibles et toujours aussi fascinantes. Les enfants avaient chacun un audioguide qui leur expliquait les différentes étapes de cette Légende Dorée racontant la découverte de la Vraie Croix : la rencontre de Salomon et de la Reine de Saba, le songe de Constantin, « l’invention » de la Vraie Croix … Le guide, un peu surpris d’abord, a été très gentil avec nous, nous a laissé rester aussi longtemps que nous le voulions et a même montré aux enfants, à Clément en particulier, jugé digne d’apprécier, un personnage « qui avait oublié de mettre sa culotte » (sic), et en effet, certain détail anatomique ne laissait aucune ambiguïté sur l’oubli en question … Quelle merveille et quel bonheur d’avoir pu revoir ces fresques dans d’aussi bonnes conditions … Last but not least, dernier mais non des moindres, Michel-Ange ! Je tenais absolument à voir ces fresques célébrissimes de la Chapelle Sixtine. Nous sommes donc allés au Vatican, sommes rentrés dans ce dédale que sont « les musées du Vatican » et sommes enfin arrivés jusqu’à la fameuse chapelle. Nous y sommes restés un très long moment la tête en l’air, le cou cassé, à essayer de retrouver les différentes scènes, histoires, personnages, préalablement repérés dans notre livre de reproductions. Quant à Michel-Ange, on se sent un peu idiot de vouloir en dire quoi que ce soit mais, quelle oeuvre ! C’est avec Michel-Ange que se sont conclues nos pérégrinations, plutôt chronologiques finalement, dans l’univers de la fresque.
Notre carnet de route. Le Lac de Garde et Assenza, Torri del Benaco (notre coup de coeur) et Sirmione Notre première étape italienne a été le Lac de Garde, dont nous ne savions pas grand-chose. Après la fraîcheur autrichienne, nous y sommes arrivés dans une douceur d’été indien et notre premier bivouac a été une aire aménagée, installée sur des terrasses d’oliviers en bordure du lac, dans un petit village du nom d’Assenza. C’est là que les enfants ont commencé l’école, la vraie, celle du CNED. Après leur première matinée studieuse, je les ai emmenés passer un long moment sur la plage de galets en contrebas, notre première plage depuis les plages du nord. Il faisait délicieux, c’était un rêve. Le Lac de Garde quant à lui est un endroit assez magique. Il est tellement grand que l’on a du mal à ne pas se croire au bord de la mer. Assez loin, on aperçoit des montagnes et on se croit en Corse (du moins quand – comme moi – on n’y est jamais allé !) Partout, des champs d’oliviers.Après Assenza, nous avons longé la rive du lac jusqu’à un petit village merveilleux, notre coup de cœur absolu : Torri del Benaco. Nous étions installés sur le grand parking – désert – au pied des murailles et le petit port était de l’autre côté de celles-ci, à une centaine de mètres. Un petit port « de poupée », bordé de cafés et de belles bâtisses nobles. Pas de voitures, ou presque. Un petit marchand de légumes avec son étalage coloré. Un marchand de journaux. Sur le fond, vers la gauche, la petite rue principale. Elle traverse le village de part en part pour arriver à une place et son église. De chaque coté de cette rue principale partent des petites rues étroites, les unes vers le bord du village, les autres ramenant à la mer – pardon, au lac. A Torri del Benaco, comme son nom l’indique, il y a aussi une petite forteresse crénelée, à l’échelle du village. Tout y est charmant et les cappucino pris le matin à l’une des terrasses de café du petit port, devant le lac, à côté du château … ont une saveur particulière. Camille y a même fait son école un matin, devant un chocolat chaud. Nous nous sommes un peu attardés à Torri del Benaco et n’en sommes partis qu’après nous être promis d’y revenir. Notre troisième et dernière étape sur le Lac de Garde a été Sirmione, un village fortifié assez réputé, construit tout au bout d’une péninsule. Encore une fois, on se croirait au bord de la mer. On y entre par un pont-levis sur l’eau puis par une porte imposante dans les murailles crénelées. Sur la droite, tout de suite, la forteresse. Derrière elle, le port militaire, ceint lui aussi de hautes murailles crénelées sur quatre côtés avec une étroite ouverture pour laisser entrer et s’y abriter les bateaux de la flotte de guerre. A l’intérieur du village, une rue principale où doivent – malheureusement – se faufiler les voitures qui rejoignent les hôtels de luxe à l’autre extrémité de la péninsule. Et puis des petites places, et des ruelles qui toutes ramènent au bord de l’eau. L’ensemble est très pittoresque et nous y déambulons avec plaisir. Nous sommes contents toutefois, de ne pas nous y trouver en saison estivale, la ville pourrait vite prendre des allures de Mont-Saint-Michel … Tout au bout de la péninsule, hors la ville, les vestiges d’une immense villa romaine : la Villa dite de Catulle. C’est notre première villa romaine et nous y passons un long moment, ainsi que dans le petit musée où les mosaïques retrouvées ont été mises à l’abri. Nous passons la nuit sur l’immense parking à l’extérieur de la ville avec une petite centaine d’autres camping-cars, tous bien rangés les uns à côté des autres, italiens pour la plupart. C’est une expérience assez amusante car plutôt unique dans notre « grand tour ». L’Italie du Nord Vérone Padoue Nous sommes passés à Vérone en venant du lac de Garde et y avons fait une étape d’une journée. C’est notre première « grande » ville italienne. Les arènes sont impressionnantes – bien qu’après Pula (et El Jem en Tunisie il y a deux ans), nous soyons devenus assez difficiles. Une longue déambulation agréable et un camping sur les hauteurs avec vue magnifique sur la ville. Le lendemain de notre départ, le camping fermait pour l’hiver. Ca y est, nous sortions vraiment de l’été pour entrer – non sans déplaisir – dans la « morte » saison. A Padoue, nous avons rencontré à la basilique Saint-Antoine la dévotion, phénomène tangible, étrange et assez émouvant finalement. Nous avons aussi - ironie du sort - perdu ( !) notre Guide du Routard, précieux il faut bien le dire. Nous avons aussi vu les fresques de Giotto à la Chapelle Scrovegni (cf « périple fresques) et, encore une fois, beaucoup déambulé. Que dire de Venise ! Nous y étions allés chacun de notre côté, nous y étions retournés en amoureux, nous y voilà en famille. Chaque fois, le charme est retrouvé, nous sommes des inconditionnels. Clément y a fêté son anniversaire : il en était si fou de joie qu’il ne pouvait s’empêcher de le dire à tout le monde et a déployé une énergie dont il est seul capable à amener le sujet dans toutes les conversations et auprès de toutes les personnes avec lesquelles nous venions à échanger quelques mots ! Il faut dire que fêter son anniversaire à Venise ... Pour l’occasion, nous avons fait ce que nous n’avions encore jamais fait : un tour en gondole. Nous avions déjà beaucoup arpenté Venise pourtant, mais la gondole, et c’est le côté magique, passe dans des endroits inaccessibles à pied, derrière les palais, entre des palais, au pied d’églises, devant de tout petits débarcadères … Puis on se retrouve subitement dans l’immense Canal Grande et on a peur de chavirer au passage des vaporettos avant de retrouver l’étroitesse rassurante d’un canal étroit. On baisse la tête sous les ponts, on s’amuse de la manœuvre quand il faut croiser une gondole en sens inverse et déjà, on est de retour à l’embarcadère. Un souvenir magique. A Venise, nous avons suivi une visité guidée passionnante – et gratuite ! – des mosaïques de la Basilique Saint-Marc, une visite qui n’a pas lieu tous les jours mais pour laquelle nous avons passé un jour de plus à Venise et ne l’avons pas regretté. Nous avons souvent repensé à cette élégante dame française, mariée à un vénitien et installée à Venise depuis vingt-cinq ans. Sa visite guidée et ses explications savantes nous ont passionnés. De plus, tout ce que cette dame nous a appris à voir dans ces mosaïques, tous les symboles mystérieux, les récits, les personnages, nous les avons retrouvés dans les autres mosaïques byzantines que nous avons vues par la suite à Ravenne mais aussi à Palerme dans la Chapelle Palatine et à Monreale – à quelques kilomètres de Palerme – dans la Cathédrale. Une belle introduction aux mosaïques byzantines. Nous sommes aussi allés par un jour de beau soleil déambuler dans les petites rues de l’île de Murano, comme une Venise pour les petits, plus calme, plus simple, plus humaine peut-être, et toute colorée. Sur la place Saint Marc, Christophe et les enfants sont montés en haut du Campanile au moment même où les cloches se mettaient à sonner ! Souvenir mémorable ! Pour fêter l’anniversaire de Clément, nous sommes allés boire un chocolat chaud au très chic café Florian. Et les enfants, pour leur plus grande joie,et devant ma mine dégoûtée, ont trouvé très amusant de nourrir les pigeons et de s’en faire assaillir – sur les bras, les mains et jusque sur la tête ! Ravenne et ses mosaïques Justinien et Théodora Il faut bien sûr absolument aller à Ravenne pour ses mosaïques. Ravenne, capitale un temps de l’empire byzantin, en a hérité l’art et la manière des mosaïques. A l’église San Vitale, les mosaïques représentant la cour de l’empereur Justinien et de l’impératrice Théodora sont saisissantes. De Ravenne aussi les célèbres colombes, que l’on retrouve dans plusieurs églises. La ville est également pleine de charme avec ses nombreuses places et ses ruelles piétonnes très animées à l'heure de la passagiata. Ravenne est un lieu un peu à part, une sorte d’étape en soi, une ville à laquelle on rend hommage pour elle et qui n’appartient qu’à elle.
Toscane Ombrie : Assise Sienne Florence Pise San Giminiano Arezzo Pérouse Orvieto Qui
dit Italie dit Toscane. Aller en Italie, c’est forcément
aller en Toscane, au moins la première fois, et c’était
la première fois des enfants. Nous sommes passés dans de
nombreux hauts lieux toscans et aussi ombriens. Après
Assise, merveilleuse de paix et de douceur, nous sommes allés à
Sienne, toute bruissante d’agitation. Tout le monde
est tombé sous le charme de cette petite ville. Il faut dire qu’elle
a beaucoup pour plaire. Nous y avons visité le Palazzo Pubblico
- le grand édifice au bas de la Piazza del Campo - mais la très
haute « Torre Del Mangia » qui le domine était fermée.
Ouf ! J’en gardais un souvenir épouvantable (escalier de
bois au dessus du vide pour arriver tout en haut. Je suis sûre que
les enfants et Christophe n’auraient eu aucune pitié et auraient
voulu que je les accompagnasse. A Sienne, nous avons aussi assisté
et même suivi le défilé des contrades en l’honneur
du Saint patron de la ville. Les enfants racontent cet épisode
dans leur « Espace enfants » (ici). De Sienne, nous sommes partis pour Florence qui possède, entre autres richesses, un magnifique camping sur une colline plantée d’oliviers ! On en domine toute la ville et l’on peut descendre à pied par un magnifique escalier, jusqu’à l’Arno et le Ponte Vecchio. Le Musée des Offices de Florence est une sorte d’anthologie de la peinture italienne. A vouloir tout regarder, il faudrait y passer plusieurs jours. Nous y avons passé deux bonnes heures et vu … onze tableaux ! Nous avions acheté un peu par hasard en entrant à la librairie du musée un petit livre pour enfants : sur chaque page, la reproduction de l’un des tableaux célèbres du musée et en vis-à-vis, quelques notations. Nous avons joué à retrouver ces tableaux dans le dédale des salles puis à les regarder. Onze tableaux bien regardés, ce n’est déjà pas si mal … ! Un peu plus tard, nous sommes tombés par hasard, dans le porche du duomo de San Giminiano, sur une copie de l’annonciation de Léonard de Vinci que nous avions justement vue à Florence : les enfants l’ont reconnue avant nous ! |
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