|
|
Brochettes
de Marshmallows sur flammes de dragon : les chimères |
|
De retour en France, nous avons un
jour essayé de faire une liste des « grands moments du Grand
Tour ». Au cinquantième, nous avons calé mais …
nous recommencerons : il faudra bien le faire notre album … En tout
cas, notre visite aux Chimères était parmi les premiers
endroits cités, un endroit extraordinaire, magique.
Chimaera (Cirali) : Un grand parking ombragé au
bord d’une pinède. Un petit sentier fléché
qui gravit un sous-bois pentu. Et puis, au bout une petite demi-heure
d’ascension, une sorte de clairière rocheuse, escarpée,
parsemée de ci de là de petites bouches de feu, de flammes,
de vraies flammes qui sortent de trous dans le sol. Une légende
grecque racontait que Bellérophon avait enfermé le dragon
Chimère sous la terre … Arthur y a cru un bon moment à
l’histoire du dragon, tout en nous reposant sans cesse la question
d’un air inquiet, pour vérifier …
Nous
y sommes montés en fin d’après-midi et avions eu l’idée
bizarre d’emporter des marshmallows pour tester ici cette drôle
de tradition américaine. (La conclusion fut que les marsmallows
sont meilleurs nature que chauds et gluants … ) Le site en lui-même
était extraordinaire et les enfants ne s’en lassaient pas.
Nous avons donc décidé d’y retourner de nuit.
Quelques heures plus tard, nous reprenons le petit chemin qui monte. Il
fait plus frais maintenant et la montée est moins pénible.
Nous avons emporté un pique-nique (des brochettes bien sûr
mais de poulet cette fois !), des pulls et des lampes de poche. Le soleil
est couché mais la nuit n’est pas encore tombée. Arrivés
en haut, nous découvrons avec bonheur que le site est totalement
désert. Dans l’obscurité qui tombe, l’endroit
est encore plus magique. Nous discutons longtemps pour déterminer
quelle bouche de feu sera la plus appropriée puis nous nous installons.
Christophe fait cuire les brochettes. Nous sommes bien tous les cinq,
l’un de ces merveilleux moments dans des endroits magiques qui nous
laissent de bien beaux souvenirs pour plus tard. Il fait nuit noire maintenant.
Le dîner est terminé. Et puis d’un seul coup, nous
entendons des voix, puis nous apercevons de petites lumières qui
dansent … C’est un groupe qui se rapproche, le chemin n’est
pas du tout éclairé et chacun a sa lampe de poche. Une procession
de lucioles géantes que nous nous amusons à regarder nous
rejoindre. Un autre groupe arrive au loin, même spectacle amusant.
Puis un autre. Bientôt la colline est peuplée de lumières
et de silhouettes dans le noir. Il y a des guides et des commentaires
dans toutes les langues. Certains, qui connaissent bien l’endroit,
approchent un briquet du sol et une bouche de feu qui s’était
éteinte se rallume … Quelle soirée extraordinaire.
Nous redescendons enfin et savourons l’immense privilège
de pouvoir dormir sous la pinède tandis que les deniers cars s’éloignent.
Nous
sommes arrivés en fin d’après-midi à Aspendos,
où se trouve un merveilleux théâtre romain au mur
de scène admirablement conservé – chose rare. Certains
disent que c’est le plus beau théâtre romain du monde,
nous ne pouvions pas rater ça ! Le site est fermé et le
grand parking désert, mais tout au bout, près des guichets,
quelques hommes bavardent encore. A peine nous ont-ils vus que l’un
d’entre eux s’avance dans notre direction en nous faisant
de grands signes. Il nous indique où nous garer (mais avions-nous
vraiment besoin de son aide pour trouver une place sur un parking vide
?) puis insiste pour nous emmener voir le théâtre. Nous ne
comprenons pas grand-chose et peut-être parce que nous sommes un
peu fatigué, peut-être parce qu’il est pressant, nous
obtempérons. Il nous guide le long d’un petit raidillon herbeux
qui contourne le théâtre par l’arrière. Nous
arrivons enfin en haut de la petite colline et nous nous trouvons maintenant
derrière les derniers gradins du théâtre. Il nous
montre un endroit où on peut escalader, et hisse les enfants en
haut du mur avant de nous aider à y grimper nous-mêmes. Nous
nous retrouvons – tout à fait illégalement il va sans
dire – à l’intérieur du théâtre
, sur le toit de la colonnade qui fait la renommée d’Aspendos.
C’est très beau mais Christophe n’est pas très
content de cette visite forcée. Nous admirons la taille du théâtre,
son magnifique mur de scène puis nous ressortons. En redescendant
le petit chemin, notre « guide » nous montre le stade que
l’on devine à peine au loin dans les herbes folles. Arrivés
en bas, il nous demande un pourboire. Nous lui donnons dix millions (l’équivalent
de six euros) qui semblent le contenter. Il nous donne un dernier conseil
: monter au village, prendre la route sous l’aqueduc (qui traverse
le village) et nous installer dans le terre-plein herbeux qui se trouve
de l’autre côté. Nous suivons son conseil et en effet,
le bivouac est merveilleux : l’aqueduc romain nous surplombe de
plusieurs dizaines de mètres, nous avons une vue magnifique sur
les collines et le ciel est plein d’étoiles.
Talip Karakaia,
maître de conférence en philosophie à la faculté
de théologie d’Isparta. |
|
Nous avions entendu dire qu’il y a avait un grand
marché aux tapis à Isparta et cela nous
amusait d’aller voir. Une fois dans la ville, nous essayons de nous
renseigner mais personne ne semble comprendre ce que nous voulons. Finalement,
quelqu’un nous indique une grande bâtisse que nous finissons
par trouver. Mais … malentendu : ce n’est qu’un banal
supermarché ! Nous ne baissons pas les bras et essayons de nous
informer à nouveau sur le fameux marché aux tapis mais là
encore, en vain. Ce n’est pas faute de bonne volonté des
employés : les caissières s’interpellent d’une
caisse à l’autre, tâchent de trouver qui parlera quelques
mots d’anglais, les vigiles viennent à la rescousse, une
dame élégante sort d’un bureau et essaye de nous venir
en aide mais personne ne semble comprendre ce que nous cherchons. Finalement,
un petit homme très élégant, costume croisé
et cravate, entre deux âges, s’approche de nous : «
J’espère que vous parlez français ? » «
Mais nous sommes français ! » Son visage s’illumine,
il s’agite, se met à parler à toute allure : il est
professeur de philosophie à la faculté de théologie
d’Isparta. Il a fait sa thèse sur Jean-Paul Sartre et a vécu
à Paris. Il parle très bien français et … s’il
parlait un petit peu moins vite, nous le comprendrions même parfaitement
! Il nous propose de nous accompagner jusqu’au fameux marché.
A chaque fois que quelqu’un nous a proposé de venir avec
nous dans le camping car pour nous aider, l’expérience a
été réussie. La première fois (à Noël
en Tunisie) nous avions été un peu méfiants mais
le monsieur avait été extraordinairement gentil et sans
lui, nous n’aurions jamais trouvé le camping – sans
compter qu’il était fermé et qu’il l’avait
fait ouvrir pour nous ! Même chose à Athènes lorsque
nous cherchions une nouvelle batterie pour le camping-car. Et sera encore
la même chose en Norvège … Bref, nous acceptons. Le
temps d’aller déposer ses courses dans le bureau du directeur
du magasin, le revoilà, toujours aussi survolté. Quelques
minutes plus tard, nous trouvons le marché. Talip (c’est
son prénom), part se renseigner. Manque de chance, il est fermé,
il faudrait revenir demain. Bon, ce n’était pas absolument
essentiel, nous préférons partir le soir même pour
le lac d’Egirdir, notre prochaine étape. Talip ne semble
toutefois pas de cet avis, du moins, pas tout de suite. Il insiste pour
nous faire visiter son université, rencontrer le recteur …
Je suis moyennement tentée mais Christophe se montre plus sociable,
quant aux enfants, ils veulent absolument y aller. Ils sont toujours très
contents de rencontrer des gens qui parlent français, de quelque
âge qu’ils soient ! Talip est ravi et frétille. Pour
finir de nous convaincre, il nous dit que nous pourrons même regarder
nos mails dans son bureau. Bon, s’il nous prend par les sentiments
… Nous
repartons tous ensemble et il nous guide à travers les faubours
d’Isparta jusqu'à son université, située un
peu à l’extérieur de la ville. Nous laissons le camping-car
sur le parking et Talip nous mène à travers le campus. Les
étudiants ont l’air étonnamment « occidentaux
» : jeans et sweat-shirts, quasiment pas de voiles. Rien à
voir avec les pantalons bouffants et les foulards de la veille. Talip
croise des étudiants, qui le saluent poliment, serre la main de
collègues, à qui il ne manque jamais de nous présenter
non sans fierté, et nous commente les bâtiments les uns après
les autres. Arrivés devant son bureau, je suis très impressionnée
par la plaque gravée à son nom sur la porte. Une fois à
l’intérieur, nous admirons la belle pièce spacieuse,
aux murs tapissées de bibliothèques. C’est alors que
Talip nous souhaite officiellement la bienvenue et nous serre la main
cérémonieusement. Il nous propose ensuite de boire quelque
chose. Nous acceptons et Talip passe un coup de fil : trois thés
et trois jus d’orange. Quelques instants plus tard, un jeune homme
frappe à la porte et dépose les boissons sur le bureau !
Entre-temps, Talip, toujours aussi volubile, nous faisait les honneurs
de son bureau : les livres français dans sa bibliothèque,
la petit tour Eiffel sur son bureau. Il attire aussi fièrement
notre attention sur un bouquet de fleurs artificielles « achetées
chez Tati » ! Il m’invite alors à regarder mais mails,
ce que je fais bien volontiers. Puis il nous montre comment il arrive
à écouter la radio française sur Internet et nous
fait écouter France Info, en guettant nos réactions du coin
de l’œil. Christophe est très impressionné. Talip
repasse un coup de fil et commande une deuxième tournée
de boissons. Il nous montre des photos de sa femme et de ses enfants sur
l’ordinateur. On échange nos adresses, e-mail, numéros
de téléphone … Vient l’heure de se quitter.
Talip nous raccompagne jusqu’au camping-car et ne perd aucune occasion
de nous présenter à ses collègues qui nous souhaitent
la bienvenue et sont tous très chaleureux. Nous ramenons Talip
au supermarché pour qu’il récupère ses achats
puis nous nous séparons. Dernières poignées de main,
derniers remerciements, derniers signes de la main …
Un mot d’Eguirdir
Ou deux, plutôt : aucun intérêt
! Un très grand lac certes mais aux rives peu hospitalières.
La petite ville d’Egirdir elle-même ne vaut pas vraiment le
détour et quant à la petite presqu’île, si louée
par les guides, nous l’avons arpentée longtemps pour tenter
d’y trouver ce qui pouvait bien motiver ces éloges : en vain
! Rien à voir, rien ! Nous déclarons donc à l’unanimité
Egirdir une « fausse bonne idée » - d’autant
qu’il faut faire un long détour pour y arriver …
(Et si vous voulez vraiment voir un beau lac, pourquoi ne pas vous arrêter
sur les rives du Lac de Garde au retour ? Rien à voir, enfin si,
tout justement !)
Un
caravan-sérail, ou « han », était une halte
protégée pour les caravanes. Différents bâtiments
s’organisaient autour d’une grande cour centrale : poste de
garde, bains, cuisines, logements, pièces pour entreposer les marchandises,
galerie couverte à arcades, mosquée, étables pour
les dromadaires. Ceux que l’ont peut visiter aujourd’hui,
très anciens, sont souvent très beaux et émouvants
par leur témoignage d’un passé révolu …
Nous avons visité celui de Sultanhani qui est très bien
conservé et permet bien de se représenter ce que pouvaient
être ces havres. L’étable des dromadaires y est une
immense pièce voutée à colonnes, éclairée
– faiblement – par de hautes fenêtres, une sorte de
cathédrale pour dromadaires. Les enfants y ont fait une mémorable
partie de cache-cache tout en s’amusant à nous faire peur.
Il y avait aussi une très jolie petite mosquée au centre
de la cour, une belle galerie couverte à arcades, des cuisines,
des bains …
Sur la route de Nevshehir (Cappadoce) à Istambul, nous nous sommes
aussi arrêtés près d’un ancien caravanserail
en ruine … Nous savions les reconnaître désormais.
Nous avons déambulé parmi les vieilles pierres et les hautes
herbes : bel endroit pour un petit déjeuner !
Enfin, ceux d’Istambul ont été
reconvertis – comme c’était le cas aussi pour celui
d’Egirdir – en sortes de cours marchandes. A Istambul, ils
ont chacun leur spécialité : il y a celui des perles, celui
de la laine …
Derinkuyu, notre plus grosse frayeur du grand
tour ! |
|
Derinkuyu est une petite ville touristique
à l’orée de la Cappadoce où l’on s’arrête
pour visiter l’une des plus célèbres villes souterraines
de cette région d’Anatolie : huit niveaux de sous-sols dans
lesquels disparaissaient la population menacée par les envahisseurs
barbares en attendant la fin du danger. L’une des plus grandes :
jusqu’à dix mille personnes pouvaient s’y réfugier.
On y trouve étables, école, lieux de cultes, cuisines, greniers,
puits etc ainsi que d’innombrables cheminées d’aération
… La visite est très impressionnante.
Nous arrivons à Derinkuyu en fin de journée et tournons
un peu pour trouver un endroit où dormir. L’endroit est très
touristique mais on se rend vite compte que la population est très
pauvre : les marchandes qui tiennent les petits stands de poupées
de chiffon nous sollicitent beaucoup, nous demandent des tee-shirts, des
habits pour les enfants … Nous finissons par trouver un endroit
pour dormir : un turc nous a proposé de nous installer sur le parking
de l’école, les enfants n’ayant pas classe le lendemain
samedi. Bon, d’accord, nous n’avons n’a pas trop d’autre
idée et ce sera assez commode pour la visite du lendemain. A minuit
et demie, je me réveille en sursaut : quelqu’un tambourine
sur le camping-car. Je secoue Christophe qui dort à poings fermés.
Nous attendons un peu, ça insiste. Est-ce la police qui n’apprécierait
pas notre stationnement ? Nous décidons d’ouvrir une fenêtre
pour voir. Un homme est là qui nous parle, fait de grands gestes
- que nous avons du mal à interpréter - puis finit par partir.
Il semble avoir bu. Nous nous recouchons mais une demi-heure plus tard,
ça recommence. Je n’aime pas ça du tout et suggère
à Christophe de lever le camp. Christophe n’est pas très
enthousiaste à l’idée de chercher un autre endroit
à cette heure. Il rouvre la fenêtre et … découvre
le même homme, qui nous tend cette fois un plateau sur lequel il
a placé une grande galette de pain, une assiette de poulet et du
riz en signe de bienvenue ! Nous le remercions chaleureusement et posons
le plateau sur la table. Le monsieur s’appelle Ali et semble vouloir
causer. Nous essayons de comprendre mais il est une heure du matin et
nous finissons par lui mimer qu’il est tard et que nous sommes fatigués.
Il nous salue et nous quitte. Quelle frayeur et … quel dénouement
! Et dire que cela restera notre plus grande frayeur du Grand Tour !
Le lendemain matin, Ali passe nous dire bonjour et récupérer
son plateau. Sobre, il est beaucoup plus réservé. Il a apporté
une petite poupée pour les enfants et ne reste pas longtemps. Nous
le recroiserons encore une fois avant de quitter la ville et échangerons
derniers sourires et salutations amicales.
Notre
coup de cœur absolu, peut-être notre plus beau souvenir du
Grand Tour, avec Venise, indétrônable dans nos cœurs.
La Cappadoce est un pays de rêve. Sur quelques kilomètres
carrés sont concentrées des merveilles naturelles incomparables
: plissement de roche, drapés minéraux, «
cheminées de fées » : ces étranges cônes
de pierre surmontés d’une sorte de chapeau en équilibre,
vallées miniatures flanquées de parois de roche tendre dans
lesquelles sont percées d’innombrables habitations troglodytes,
bergeries, étables, pigeonniers, et quelquefois, chapelles et moulins
… La roche friable, quasi sableuse, se prête à toutes
les inventions …
La Cappadoce est un endroit inouï, à nul autre pareil. Le
village de Göremme en est une sorte de centre stratégique
à partir duquel on peut rayonner, faire d’innombrables randonnées
dans des paysages extraordinaires, visiter des sites merveilleux et même
… voler en montgolfière !
Lorsque nous sous sommes arrivés, le 15 mai, il ne faisait pas
très beau, un peu de pluie, du vent, puis le temps s’est
amélioré de jour en jour et nous avons fini par prendre
tous nos repas dehors. Notre petit camping, à quelques minutes
à peine du centre de Göremme, était situé au
beau milieu des cheminées de fées : quels souvenirs …
Nous avions lu ou entendu quelque part qu’un vol
en mongolfière au dessus de la Cappadoce était une expérience
inoubliable et nous avions décidé, malgré le prix
élevé, de tenter l’expérience. Lorsque nous
avons annoncé aux enfants que nous ferions un vol en mongolfière,
quelle n’a pas été notre surprise de voir leurs visages
perplexes : « Mais, ce n’est pas dangereux ? » «
Et si le ballon crève ? Explose ? Rencontre un avion … »
Au lieu de l’enthousiasme escompté, ce n’étaient
qu’interrogations inquiètes … Nous avons réglé
l’affaire en leur proposant d’aller rencontrer les organisateurs.
Lars – suédois – et Kaili – anglaise, tous deux
pilotes patentés – ont reçus les enfants avec beaucoup
de gentillesse, leur ont tout expliqué et pour finir, leur ont
proposé de grimper dans la grande nacelle en osier « stationné
» dehors sur le trottoir. Ils ne voulaient plus en redescendre …
Le lendemain, le réveil sonnait à quatre heures. Pour des
raisons techniques – l’air est calme – les vols ont
toujours lieu très tôt le matin. (Les ballons que l’on
voit parfois voler en France en journée sont toujours des ballons
captifs … ) En effet, on ne peut pas vraiment diriger une mongolfière
: tout au plus peut-on la faire descendre
ou monter en jouant sur la température de l’air à
l’intérieur du ballon . En utilisant alors les différents
sens du vent aux différentes altitudes, on peut– un tout
petit peu – modifier la direction du ballon. En tout état
de cause, les pilotes ne savent jamais exactement où ils vont atterrir
et c’est par une conversation au talkie-walkie que la jeep 4X4 vient
rejoindre et récupérer le ballon …
Debout à quatre heures donc et petit déjeuner, frugal et
endormi. A cinq heures moins le quart, le minibus vient nous chercher.
Un peu plus tard, nous rejoignons le bureau de Kapadokia Balloons où
attendent déjà d’autres passagers. Il fait encore
nuit. Une boisson chaude et quelques biscuits plus tard, nous embarquons
dans le minibus. La jeep qui emporte la nacelle et le ballon est déjà
partie. Nous
la retrouvons un peu plus tard au milieu d’un champ. Les aides sortent
le ballon de sa housse, l’étirent sur toute sa longueur puis
le gonflent à l’air froid à l’aide d’un
puissant ventilateur. Petit à petit, le ballon prend forme. Lars,
qui sera notre pilote, nous invite à entrer dans le ballon. L’ouverture
circulaire est bien plus haute que nous et nous y pénétrons
sans peine. A l’intérieur, l’impression est extraordinaire.
L’espace est immense, Lars nous parle d’un immeuble de six
étages mais l’image qui nous vient à l’esprit
est celle d’une cathédrale … La hauteur est immense
et la sensation, magique : nous ne nous en lassons pas. Ca y est, le ballon
est quasiment gonflé et nous ressortons du ventre de la baleine
… Lars allume le brûleur et l’air qui se réchauffe,
réveille le montre endormi qui s’élève peu
à peu et pourra bientôt nous emmener. Nous grimpons dans
la nacelle, nous sommes à peine une douzaine. Les
amarres sont larguées, le ballon s’élève doucement.
L’impression est extraordinaire. Il semble que l’on flotte
dans l’air. Les paysages sont bien sûr absolument magnifiques
(redirons-nous assez notre coup de foudre absolu pour la Cappadoce ?)
mais cette sensation est véritablement magique. Lars, habile pilote,
nous fait frôler les arbres, descendre dans les étroites
vallées admirer les habitations troglodytes, pigeonniers, remonter
à la dernière minute pour franchir une barre puis redescendre
plus loin … Nous jouons à cache-cache avec les cheminées
de fée, les peupliers, pourchassons notre ombre sur les champs
... Nous sommes les improbables visiteurs d’un aquarium aérien
: nous flottons imperceptiblement entre les rochers et les arbres devenues
algues balancées par le vent …
Quelques minutes avant la fin du vol, Lars sort de sa poche un avion en
papier. Il le lance par-dessus bord et l’avion … tombe en
piqué. Harakiri ! Qu’à cela ne tienne, Lars en sort
un deuxième de sa poche, le lance et là … C’est
à ne pas en croire ses yeux : l’avion s’envole, plane,
perd un peu de hauteur, se fait cueillir par un courant ascendant, remonte,
vole encore, tourbillonne gracieusement avant de remonter une nouvelle
fois … Les enfants se mettent à chanter la valse de la Belle
au Bois Dormant et l’avion continue à danser, à valser
… Cela dure un temps qui nous semble infini et puis, c’est
déjà le moment d’atterrir. Nous apercevons la jeep
et le minibus qui viennent à notre rencontre. Ils arrivent par
les petits chemins de campagne, font demi-tour, repartent vers un autre
champ … Finalement, nous nous retrouvons, les cordes sont lancées,
nous voici hélés et nous touchons le sol
sans encombres. Quelle aventure extraordinaire … L’un des
plus beaux, peut-être le plus beau, souvenir de nos treize mois
de voyage …
Quelques jours plus tard, le réveil sonne à six heures car
nous voulons prendre la route tôt : sept cent kilomètres
nous séparent d’Istambul, notre prochaine étape. Encore
mal réveillés, nous entendons un bruit que nous reconnaissons
aussitôt et en un bond, nous sommes dehors : au dessus de nos têtes,
une montgolfière multicolore passe doucement et l’on entend
à intervalles réguliers le bruit de son brûleur …
Ce dont nous ne nous étions jamais rendu compte, c’est que
tous les matins, un magnifique ballet de montgolfières (il y a
plusieurs compagnies à Göremme) se déroule à
l’insu des touristes endormis. Le spectacle est magnifique. Nous
apercevons « notre » ballon. Incroyable, il descend et passe
tout près de nous. Nous nous faisons de grands signes, nous pourrions
presque nous parler. Puis il s’éloigne … Les enfants
nous ont rejoints, ce sera sur ces images que nous quitterons la Cappadoce,
avec éblouissement et une envie vissée au cœur de revenir
…
IstaNbul, haute en couleurs et … en bruits
! |
|
|
Cliquez
sur la photo pour voir le diaporama d'Istanbul |
|
Nous sommes restés une semaine à Istanbul
et nous nous sommes installés dans un petit camping que nous avait
indiqué un très gentil monsieur belge rencontré à
Kas. Ce monsieur, d’un certain âge, Camille de son prénom,
nous avait fait monter dans son camping-car et avait pris tout le temps
nécessaire pour nous expliquer, avec une infinie patience, comment
trouver ce camping. Qu’il soit ici remercié et salué
amicalement.
Istanbul , on ne cesse de le dire, est une ville de contrastes
où l’orient et l’occident cohabitent dans un fourmillement
bruyant (ah les klaxons d’Istanbul !)
Sainte Sophie - l’immense église byzantine transformée
en mosquée à la chute de Constantinople - sa voisine la
Mosquée Bleue, la citerne souterraine romaine et ses chapiteaux
renversés, le palais de Topkapi et ses trésors, le grand
bazar, les marchands ambulants qui vendent des petits pains tout frais
tout chauds … De
l’autre côté de la Corne d’Or, le quartier cosmopolite
de Galata, au bord du Bosphore, les vendeurs de poissons grillés
juste pêchés … Autant d’images, autant de souvenirs
…
Contraste aussi et surtout d’une jeunesse décontractée,
presque délurée (jeunes filles aux nombrils à l’air
et piercings …) et de cette autre, traditionnaliste, où les
femmes revêtent un long manteau noir aux manches longues et qui
leur tombe jusqu’aux pieds avant de s’ensevelir sous un immense
voile qui leur descend jusqu’à la taille et ne laisse voir
que le haut de leur visage … Autant le voile ne nous avait nulle
part mis mal à l’aise, autant là, à Istambul,
dans cette version extrême et sinistre, si voyante au milieu de
la « modernité », il nous inquiète. Qui peut
en justifier l’inconfort dans cette chaleur, justifier cette négation
de la personne dans son apparence …
Quoiqu’il en soit, nous avons tous beaucoup aimé
Istanbul, ses bazars où les marchands ne sont pas insistants, ses
mosquées, les ruelles entre les anciens caravansérails,
le quartier des grossistes de perles, le bateau sur le bosphore, la lumière
du soir et les minarets …
Les pide : l’équivalent
turc de la pizza – à moins que ce soit le contraire …
La pâte est très fine, c’est délicieux et très
bon marché …
Les kebab : comme en Grèce, délicieux.
Les salades : salade verte coupée en fines lanières,
tomates, oignons, herbes et épices, jus de citron … Nous
en avons usé et abusé et n’avons jamais été
malades.
La viande : la première fois que j’aie eue
envie d’acheter de la viande (autre que congelée) depuis
le début de Grand Tour était en Turquie : les rayons boucherie
des grands supermarchés Migros étaient irréprochables.
C’est en Turquie que nous avons mangé nos meilleurs (et uniques
!) biftecks …
Baklava, encore et toujours, mais comme il y a des inconditionnels
dans l’équipe …
Les Borek : sortes de «lasagnes » au fromage
frais, viande ou épinards. On peut aussi les acheter en portion
à emporter …
|
|