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          | Brochettes 
            de Marshmallows sur flammes de dragon : les chimères | 
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       De retour en France, nous avons un 
        jour essayé de faire une liste des « grands moments du Grand 
        Tour ». Au cinquantième, nous avons calé mais … 
        nous recommencerons : il faudra bien le faire notre album … En tout 
        cas, notre visite aux Chimères était parmi les premiers 
        endroits cités, un endroit extraordinaire, magique.  
        Chimaera (Cirali) : Un grand parking ombragé au 
        bord d’une pinède. Un petit sentier fléché 
        qui gravit un sous-bois pentu. Et puis, au bout une petite demi-heure 
        d’ascension, une sorte de clairière rocheuse, escarpée, 
        parsemée de ci de là de petites bouches de feu, de flammes, 
        de vraies flammes qui sortent de trous dans le sol. Une légende 
        grecque racontait que Bellérophon avait enfermé le dragon 
        Chimère sous la terre … Arthur y a cru un bon moment à 
        l’histoire du dragon, tout en nous reposant sans cesse la question 
        d’un air inquiet, pour vérifier …  
         Nous 
        y sommes montés en fin d’après-midi et avions eu l’idée 
        bizarre d’emporter des marshmallows pour tester ici cette drôle 
        de tradition américaine. (La conclusion fut que les marsmallows 
        sont meilleurs nature que chauds et gluants … ) Le site en lui-même 
        était extraordinaire et les enfants ne s’en lassaient pas. 
        Nous avons donc décidé d’y retourner de nuit.  
        Quelques heures plus tard, nous reprenons le petit chemin qui monte. Il 
        fait plus frais maintenant et la montée est moins pénible. 
        Nous avons emporté un pique-nique (des brochettes bien sûr 
        mais de poulet cette fois !), des pulls et des lampes de poche. Le soleil 
        est couché mais la nuit n’est pas encore tombée. Arrivés 
        en haut, nous découvrons avec bonheur que le site est totalement 
        désert. Dans l’obscurité qui tombe, l’endroit 
        est encore plus magique. Nous discutons longtemps pour déterminer 
        quelle bouche de feu sera la plus appropriée puis nous nous installons. 
        Christophe fait cuire les brochettes. Nous sommes bien tous les cinq, 
        l’un de ces merveilleux moments dans des endroits magiques qui nous 
        laissent de bien beaux souvenirs pour plus tard. Il fait nuit noire maintenant. 
        Le dîner est terminé. Et puis d’un seul coup, nous 
        entendons des voix, puis nous apercevons de petites lumières qui 
        dansent … C’est un groupe qui se rapproche, le chemin n’est 
        pas du tout éclairé et chacun a sa lampe de poche. Une procession 
        de lucioles géantes que nous nous amusons à regarder nous 
        rejoindre. Un autre groupe arrive au loin, même spectacle amusant. 
        Puis un autre. Bientôt la colline est peuplée de lumières 
        et de silhouettes dans le noir. Il y a des guides et des commentaires 
        dans toutes les langues. Certains, qui connaissent bien l’endroit, 
        approchent un briquet du sol et une bouche de feu qui s’était 
        éteinte se rallume … Quelle soirée extraordinaire. 
        Nous redescendons enfin et savourons l’immense privilège 
        de pouvoir dormir sous la pinède tandis que les deniers cars s’éloignent. 
      
       Nous 
        sommes arrivés en fin d’après-midi à Aspendos, 
        où se trouve un merveilleux théâtre romain au mur 
        de scène admirablement conservé – chose rare. Certains 
        disent que c’est le plus beau théâtre romain du monde, 
        nous ne pouvions pas rater ça ! Le site est fermé et le 
        grand parking désert, mais tout au bout, près des guichets, 
        quelques hommes bavardent encore. A peine nous ont-ils vus que l’un 
        d’entre eux s’avance dans notre direction en nous faisant 
        de grands signes. Il nous indique où nous garer (mais avions-nous 
        vraiment besoin de son aide pour trouver une place sur un parking vide 
        ?) puis insiste pour nous emmener voir le théâtre. Nous ne 
        comprenons pas grand-chose et peut-être parce que nous sommes un 
        peu fatigué, peut-être parce qu’il est pressant, nous 
        obtempérons. Il nous guide le long d’un petit raidillon herbeux 
        qui contourne le théâtre par l’arrière. Nous 
        arrivons enfin en haut de la petite colline et nous nous trouvons maintenant 
        derrière les derniers gradins du théâtre. Il nous 
        montre un endroit où on peut escalader, et hisse les enfants en 
        haut du mur avant de nous aider à y grimper nous-mêmes. Nous 
        nous retrouvons – tout à fait illégalement il va sans 
        dire – à l’intérieur du théâtre 
        , sur le toit de la colonnade qui fait la renommée d’Aspendos. 
        C’est très beau mais Christophe n’est pas très 
        content de cette visite forcée. Nous admirons la taille du théâtre, 
        son magnifique mur de scène puis nous ressortons. En redescendant 
        le petit chemin, notre « guide » nous montre le stade que 
        l’on devine à peine au loin dans les herbes folles. Arrivés 
        en bas, il nous demande un pourboire. Nous lui donnons dix millions (l’équivalent 
        de six euros) qui semblent le contenter. Il nous donne un dernier conseil 
        : monter au village, prendre la route sous l’aqueduc (qui traverse 
        le village) et nous installer dans le terre-plein herbeux qui se trouve 
        de l’autre côté. Nous suivons son conseil et en effet, 
        le bivouac est merveilleux : l’aqueduc romain nous surplombe de 
        plusieurs dizaines de mètres, nous avons une vue magnifique sur 
        les collines et le ciel est plein d’étoiles. 
      
         
          | Talip Karakaia, 
            maître de conférence en philosophie à la faculté 
            de théologie d’Isparta. | 
           | 
         
       
       Nous avions entendu dire qu’il y a avait un grand 
        marché aux tapis à Isparta et cela nous 
        amusait d’aller voir. Une fois dans la ville, nous essayons de nous 
        renseigner mais personne ne semble comprendre ce que nous voulons. Finalement, 
        quelqu’un nous indique une grande bâtisse que nous finissons 
        par trouver. Mais … malentendu : ce n’est qu’un banal 
        supermarché ! Nous ne baissons pas les bras et essayons de nous 
        informer à nouveau sur le fameux marché aux tapis mais là 
        encore, en vain. Ce n’est pas faute de bonne volonté des 
        employés : les caissières s’interpellent d’une 
        caisse à l’autre, tâchent de trouver qui parlera quelques 
        mots d’anglais, les vigiles viennent à la rescousse, une 
        dame élégante sort d’un bureau et essaye de nous venir 
        en aide mais personne ne semble comprendre ce que nous cherchons. Finalement, 
        un petit homme très élégant, costume croisé 
        et cravate, entre deux âges, s’approche de nous : « 
        J’espère que vous parlez français ? » « 
        Mais nous sommes français ! » Son visage s’illumine, 
        il s’agite, se met à parler à toute allure : il est 
        professeur de philosophie à la faculté de théologie 
        d’Isparta. Il a fait sa thèse sur Jean-Paul Sartre et a vécu 
        à Paris. Il parle très bien français et … s’il 
        parlait un petit peu moins vite, nous le comprendrions même parfaitement 
        ! Il nous propose de nous accompagner jusqu’au fameux marché. 
        A chaque fois que quelqu’un nous a proposé de venir avec 
        nous dans le camping car pour nous aider, l’expérience a 
        été réussie. La première fois (à Noël 
        en Tunisie) nous avions été un peu méfiants mais 
        le monsieur avait été extraordinairement gentil et sans 
        lui, nous n’aurions jamais trouvé le camping – sans 
        compter qu’il était fermé et qu’il l’avait 
        fait ouvrir pour nous ! Même chose à Athènes lorsque 
        nous cherchions une nouvelle batterie pour le camping-car. Et sera encore 
        la même chose en Norvège … Bref, nous acceptons. Le 
        temps d’aller déposer ses courses dans le bureau du directeur 
        du magasin, le revoilà, toujours aussi survolté. Quelques 
        minutes plus tard, nous trouvons le marché. Talip (c’est 
        son prénom), part se renseigner. Manque de chance, il est fermé, 
        il faudrait revenir demain. Bon, ce n’était pas absolument 
        essentiel, nous préférons partir le soir même pour 
        le lac d’Egirdir, notre prochaine étape. Talip ne semble 
        toutefois pas de cet avis, du moins, pas tout de suite. Il insiste pour 
        nous faire visiter son université, rencontrer le recteur … 
        Je suis moyennement tentée mais Christophe se montre plus sociable, 
        quant aux enfants, ils veulent absolument y aller. Ils sont toujours très 
        contents de rencontrer des gens qui parlent français, de quelque 
        âge qu’ils soient ! Talip est ravi et frétille. Pour 
        finir de nous convaincre, il nous dit que nous pourrons même regarder 
        nos mails dans son bureau. Bon, s’il nous prend par les sentiments 
        …  Nous 
        repartons tous ensemble et il nous guide à travers les faubours 
        d’Isparta jusqu'à son université, située un 
        peu à l’extérieur de la ville. Nous laissons le camping-car 
        sur le parking et Talip nous mène à travers le campus. Les 
        étudiants ont l’air étonnamment « occidentaux 
        » : jeans et sweat-shirts, quasiment pas de voiles. Rien à 
        voir avec les pantalons bouffants et les foulards de la veille. Talip 
        croise des étudiants, qui le saluent poliment, serre la main de 
        collègues, à qui il ne manque jamais de nous présenter 
        non sans fierté, et nous commente les bâtiments les uns après 
        les autres. Arrivés devant son bureau, je suis très impressionnée 
        par la plaque gravée à son nom sur la porte. Une fois à 
        l’intérieur, nous admirons la belle pièce spacieuse, 
        aux murs tapissées de bibliothèques. C’est alors que 
        Talip nous souhaite officiellement la bienvenue et nous serre la main 
        cérémonieusement. Il nous propose ensuite de boire quelque 
        chose. Nous acceptons et Talip passe un coup de fil : trois thés 
        et trois jus d’orange. Quelques instants plus tard, un jeune homme 
        frappe à la porte et dépose les boissons sur le bureau ! 
        Entre-temps, Talip, toujours aussi volubile, nous faisait les honneurs 
        de son bureau : les livres français dans sa bibliothèque, 
        la petit tour Eiffel sur son bureau. Il attire aussi fièrement 
        notre attention sur un bouquet de fleurs artificielles « achetées 
        chez Tati » ! Il m’invite alors à regarder mais mails, 
        ce que je fais bien volontiers. Puis il nous montre comment il arrive 
        à écouter la radio française sur Internet et nous 
        fait écouter France Info, en guettant nos réactions du coin 
        de l’œil. Christophe est très impressionné. Talip 
        repasse un coup de fil et commande une deuxième tournée 
        de boissons. Il nous montre des photos de sa femme et de ses enfants sur 
        l’ordinateur. On échange nos adresses, e-mail, numéros 
        de téléphone … Vient l’heure de se quitter. 
        Talip nous raccompagne jusqu’au camping-car et ne perd aucune occasion 
        de nous présenter à ses collègues qui nous souhaitent 
        la bienvenue et sont tous très chaleureux. Nous ramenons Talip 
        au supermarché pour qu’il récupère ses achats 
        puis nous nous séparons. Dernières poignées de main, 
        derniers remerciements, derniers signes de la main … 
       
        Un mot d’Eguirdir 
        Ou deux, plutôt : aucun intérêt 
        ! Un très grand lac certes mais aux rives peu hospitalières. 
        La petite ville d’Egirdir elle-même ne vaut pas vraiment le 
        détour et quant à la petite presqu’île, si louée 
        par les guides, nous l’avons arpentée longtemps pour tenter 
        d’y trouver ce qui pouvait bien motiver ces éloges : en vain 
        ! Rien à voir, rien ! Nous déclarons donc à l’unanimité 
        Egirdir une « fausse bonne idée » - d’autant 
        qu’il faut faire un long détour pour y arriver …  
        (Et si vous voulez vraiment voir un beau lac, pourquoi ne pas vous arrêter 
        sur les rives du Lac de Garde au retour ? Rien à voir, enfin si, 
        tout justement !)  
      
        Un 
        caravan-sérail, ou « han », était une halte 
        protégée pour les caravanes. Différents bâtiments 
        s’organisaient autour d’une grande cour centrale : poste de 
        garde, bains, cuisines, logements, pièces pour entreposer les marchandises, 
        galerie couverte à arcades, mosquée, étables pour 
        les dromadaires. Ceux que l’ont peut visiter aujourd’hui, 
        très anciens, sont souvent très beaux et émouvants 
        par leur témoignage d’un passé révolu … 
        Nous avons visité celui de Sultanhani qui est très bien 
        conservé et permet bien de se représenter ce que pouvaient 
        être ces havres. L’étable des dromadaires y est une 
        immense pièce voutée à colonnes, éclairée 
        – faiblement – par de hautes fenêtres, une sorte de 
        cathédrale pour dromadaires. Les enfants y ont fait une mémorable 
        partie de cache-cache tout en s’amusant à nous faire peur. 
        Il y avait aussi une très jolie petite mosquée au centre 
        de la cour, une belle galerie couverte à arcades, des cuisines, 
        des bains …  
        Sur la route de Nevshehir (Cappadoce) à Istambul, nous nous sommes 
        aussi arrêtés près d’un ancien caravanserail 
        en ruine … Nous savions les reconnaître désormais. 
        Nous avons déambulé parmi les vieilles pierres et les hautes 
        herbes : bel endroit pour un petit déjeuner ! 
      Enfin, ceux d’Istambul ont été 
        reconvertis – comme c’était le cas aussi pour celui 
        d’Egirdir – en sortes de cours marchandes. A Istambul, ils 
        ont chacun leur spécialité : il y a celui des perles, celui 
        de la laine …  
      
         
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            Derinkuyu, notre plus grosse frayeur du grand 
            tour ! | 
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       Derinkuyu est une petite ville touristique 
        à l’orée de la Cappadoce où l’on s’arrête 
        pour visiter l’une des plus célèbres villes souterraines 
        de cette région d’Anatolie : huit niveaux de sous-sols dans 
        lesquels disparaissaient la population menacée par les envahisseurs 
        barbares en attendant la fin du danger. L’une des plus grandes : 
        jusqu’à dix mille personnes pouvaient s’y réfugier. 
        On y trouve étables, école, lieux de cultes, cuisines, greniers, 
        puits etc ainsi que d’innombrables cheminées d’aération 
        … La visite est très impressionnante. 
        Nous arrivons à Derinkuyu en fin de journée et tournons 
        un peu pour trouver un endroit où dormir. L’endroit est très 
        touristique mais on se rend vite compte que la population est très 
        pauvre : les marchandes qui tiennent les petits stands de poupées 
        de chiffon nous sollicitent beaucoup, nous demandent des tee-shirts, des 
        habits pour les enfants … Nous finissons par trouver un endroit 
        pour dormir : un turc nous a proposé de nous installer sur le parking 
        de l’école, les enfants n’ayant pas classe le lendemain 
        samedi. Bon, d’accord, nous n’avons n’a pas trop d’autre 
        idée et ce sera assez commode pour la visite du lendemain. A minuit 
        et demie, je me réveille en sursaut : quelqu’un tambourine 
        sur le camping-car. Je secoue Christophe qui dort à poings fermés. 
        Nous attendons un peu, ça insiste. Est-ce la police qui n’apprécierait 
        pas notre stationnement ? Nous décidons d’ouvrir une fenêtre 
        pour voir. Un homme est là qui nous parle, fait de grands gestes 
        - que nous avons du mal à interpréter - puis finit par partir. 
        Il semble avoir bu. Nous nous recouchons mais une demi-heure plus tard, 
        ça recommence. Je n’aime pas ça du tout et suggère 
        à Christophe de lever le camp. Christophe n’est pas très 
        enthousiaste à l’idée de chercher un autre endroit 
        à cette heure. Il rouvre la fenêtre et … découvre 
        le même homme, qui nous tend cette fois un plateau sur lequel il 
        a placé une grande galette de pain, une assiette de poulet et du 
        riz en signe de bienvenue ! Nous le remercions chaleureusement et posons 
        le plateau sur la table. Le monsieur s’appelle Ali et semble vouloir 
        causer. Nous essayons de comprendre mais il est une heure du matin et 
        nous finissons par lui mimer qu’il est tard et que nous sommes fatigués. 
        Il nous salue et nous quitte. Quelle frayeur et … quel dénouement 
        ! Et dire que cela restera notre plus grande frayeur du Grand Tour ! 
        Le lendemain matin, Ali passe nous dire bonjour et récupérer 
        son plateau. Sobre, il est beaucoup plus réservé. Il a apporté 
        une petite poupée pour les enfants et ne reste pas longtemps. Nous 
        le recroiserons encore une fois avant de quitter la ville et échangerons 
        derniers sourires et salutations amicales.  
      
        Notre 
        coup de cœur absolu, peut-être notre plus beau souvenir du 
        Grand Tour, avec Venise, indétrônable dans nos cœurs. 
        La Cappadoce est un pays de rêve. Sur quelques kilomètres 
        carrés sont concentrées des merveilles naturelles incomparables 
        : plissement de roche, drapés minéraux,  « 
        cheminées de fées » : ces étranges cônes 
        de pierre surmontés d’une sorte de chapeau en équilibre, 
        vallées miniatures flanquées de parois de roche tendre dans 
        lesquelles sont percées d’innombrables habitations troglodytes, 
        bergeries, étables, pigeonniers, et quelquefois, chapelles et moulins 
        … La roche friable, quasi sableuse, se prête à toutes 
        les inventions …  
        La Cappadoce est un endroit inouï, à nul autre pareil. Le 
        village de Göremme en est une sorte de centre stratégique 
        à partir duquel on peut rayonner, faire d’innombrables randonnées 
        dans des paysages extraordinaires, visiter des sites merveilleux et même 
        … voler en montgolfière ! 
        Lorsque nous sous sommes arrivés, le 15 mai, il ne faisait pas 
        très beau, un peu de pluie, du vent, puis le temps s’est 
        amélioré de jour en jour et nous avons fini par prendre 
        tous nos repas dehors. Notre petit camping, à quelques minutes 
        à peine du centre de Göremme, était situé au 
        beau milieu des cheminées de fées : quels souvenirs … 
          
      
      Nous avions lu ou entendu quelque part qu’un vol 
        en mongolfière au dessus de la Cappadoce était une expérience 
        inoubliable et nous avions décidé, malgré le prix 
        élevé, de tenter l’expérience. Lorsque nous 
        avons annoncé aux enfants que nous ferions un vol en mongolfière, 
        quelle n’a pas été notre surprise de voir leurs visages 
        perplexes : « Mais, ce n’est pas dangereux ? » « 
        Et si le ballon crève ? Explose ? Rencontre un avion … » 
        Au lieu de l’enthousiasme escompté, ce n’étaient 
        qu’interrogations inquiètes … Nous avons réglé 
        l’affaire en leur proposant d’aller rencontrer les organisateurs. 
        Lars – suédois – et Kaili – anglaise, tous deux 
        pilotes patentés – ont reçus les enfants avec beaucoup 
        de gentillesse, leur ont tout expliqué et pour finir, leur ont 
        proposé de grimper dans la grande nacelle en osier « stationné 
        » dehors sur le trottoir. Ils ne voulaient plus en redescendre … 
        Le lendemain, le réveil sonnait à quatre heures. Pour des 
        raisons techniques – l’air est calme – les vols ont 
        toujours lieu très tôt le matin. (Les ballons que l’on 
        voit parfois voler en France en journée sont toujours des ballons 
        captifs … ) En effet, on ne peut pas vraiment diriger une mongolfière 
        : tout au plus peut-on la faire des cendre 
        ou monter en jouant sur la température de l’air à 
        l’intérieur du ballon . En utilisant alors les différents 
        sens du vent aux différentes altitudes, on peut– un tout 
        petit peu – modifier la direction du ballon. En tout état 
        de cause, les pilotes ne savent jamais exactement où ils vont atterrir 
        et c’est par une conversation au talkie-walkie que la jeep 4X4 vient 
        rejoindre et récupérer le ballon …  
        Debout à quatre heures donc et petit déjeuner, frugal et 
        endormi. A cinq heures moins le quart, le minibus vient nous chercher. 
        Un peu plus tard, nous rejoignons le bureau de Kapadokia Balloons où 
        attendent déjà d’autres passagers. Il fait encore 
        nuit. Une boisson chaude et quelques biscuits plus tard, nous embarquons 
        dans le minibus. La jeep qui emporte la nacelle et le ballon est déjà 
        partie.  Nous 
        la retrouvons un peu plus tard au milieu d’un champ. Les aides sortent 
        le ballon de sa housse, l’étirent sur toute sa longueur puis 
        le gonflent à l’air froid à l’aide d’un 
        puissant ventilateur. Petit à petit, le ballon prend forme. Lars, 
        qui sera notre pilote, nous invite à entrer dans le ballon. L’ouverture 
        circulaire est bien plus haute que nous et nous y pénétrons 
        sans peine. A l’intérieur, l’impression est extraordinaire. 
        L’espace est immense, Lars nous parle d’un immeuble de six 
        étages mais l’image qui nous vient à l’esprit 
        est celle d’une cathédrale … La hauteur est immense 
        et la sensation, magique : nous ne nous en lassons pas. Ca y est, le ballon 
        est quasiment gonflé et nous ressortons du ventre de la baleine 
        … Lars allume le brûleur et l’air qui se réchauffe, 
        réveille le montre endormi qui s’élève peu 
        à peu et pourra bientôt nous emmener. Nous grimpons dans 
        la nacelle, nous sommes à peine une douzaine.  Les 
        amarres sont larguées, le ballon s’élève doucement. 
        L’impression est extraordinaire. Il semble que l’on flotte 
        dans l’air. Les paysages sont bien sûr absolument magnifiques 
        (redirons-nous assez notre coup de foudre absolu pour la Cappadoce ?) 
        mais cette sensation est véritablement magique. Lars, habile pilote, 
        nous fait frôler les arbres, descendre dans les étroites 
        vallées admirer les habitations troglodytes, pigeonniers, remonter 
        à la dernière minute pour franchir une barre puis redescendre 
        plus loin … Nous jouons à cache-cache avec les cheminées 
        de fée, les peupliers, pourchassons notre ombre sur les champs 
        ... Nous sommes les improbables visiteurs d’un aquarium aérien 
        : nous flottons imperceptiblement entre les rochers et les arbres devenues 
        algues balancées par le vent …  
        Quelques minutes avant la fin du vol, Lars sort de sa poche un avion en 
        papier. Il le lance par-dessus bord et l’avion … tombe en 
        piqué. Harakiri ! Qu’à cela ne tienne, Lars en sort 
        un deuxième de sa poche, le lance et là … C’est 
        à ne pas en croire ses yeux : l’avion s’envole, plane, 
        perd un peu de hauteur, se fait cueillir par un courant ascendant, remonte, 
        vole encore, tourbillonne gracieusement avant de remonter une nouvelle 
        fois … Les enfants se mettent à chanter la valse de la Belle 
        au Bois Dormant et l’avion continue à danser, à valser 
        … Cela dure un temps qui nous semble infini et puis, c’est 
        déjà le moment d’atterrir. Nous apercevons la jeep 
        et le minibus qui viennent à notre rencontre. Ils arrivent par 
        les petits chemins de campagne, font demi-tour, repartent vers un autre 
        champ … Finalement, nous nous retrouvons, les cordes sont lancées, 
        nous voici hélés et nous touchons le  sol 
        sans encombres. Quelle aventure extraordinaire … L’un des 
        plus beaux, peut-être le plus beau, souvenir de nos treize mois 
        de voyage …  
        Quelques jours plus tard, le réveil sonne à six heures car 
        nous voulons prendre la route tôt : sept cent kilomètres 
        nous séparent d’Istambul, notre prochaine étape. Encore 
        mal réveillés, nous entendons un bruit que nous reconnaissons 
        aussitôt et en un bond, nous sommes dehors : au dessus de nos têtes, 
        une montgolfière multicolore passe doucement et l’on entend 
        à intervalles réguliers le bruit de son brûleur … 
        Ce dont nous ne nous étions jamais rendu compte, c’est que 
        tous les matins, un magnifique ballet de montgolfières (il y a 
        plusieurs compagnies à Göremme) se déroule à 
        l’insu des touristes endormis. Le spectacle est magnifique. Nous 
        apercevons « notre » ballon. Incroyable, il descend et passe 
        tout près de nous. Nous nous faisons de grands signes, nous pourrions 
        presque nous parler. Puis il s’éloigne … Les enfants 
        nous ont rejoints, ce sera sur ces images que nous quitterons la Cappadoce, 
        avec éblouissement et une envie vissée au cœur de revenir 
        …  
      
         
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            IstaNbul, haute en couleurs et … en bruits 
            ! | 
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      Nous sommes restés une semaine à Istanbul 
        et nous nous sommes installés dans un petit camping que nous avait 
        indiqué un très gentil monsieur belge rencontré à 
        Kas. Ce monsieur, d’un certain âge, Camille de son prénom, 
        nous avait fait monter dans son camping-car et avait pris tout le temps 
        nécessaire pour nous expliquer, avec une infinie patience, comment 
        trouver ce camping. Qu’il soit ici remercié et salué 
        amicalement. 
         
      Istanbul , on ne cesse de le dire, est une ville de contrastes 
        où l’orient et l’occident cohabitent dans un fourmillement 
        bruyant (ah les klaxons d’Istanbul !)  
        Sainte Sophie - l’immense église byzantine transformée 
        en mosquée à la chute de Constantinople - sa voisine la 
        Mosquée Bleue, la citerne souterraine romaine et ses chapiteaux 
        renversés, le palais de Topkapi et ses trésors, le grand 
        bazar, les marchands ambulants qui vendent des petits pains tout frais 
        tout chauds …  De 
        l’autre côté de la Corne d’Or, le quartier cosmopolite 
        de Galata, au bord du Bosphore, les vendeurs de poissons grillés 
        juste pêchés … Autant d’images, autant de souvenirs 
        … 
      Contraste aussi et surtout d’une jeunesse décontractée, 
        presque délurée (jeunes filles aux nombrils à l’air 
        et piercings …) et de cette autre, traditionnaliste, où les 
        femmes revêtent un long manteau noir aux manches longues et qui 
        leur tombe jusqu’aux pieds avant de s’ensevelir sous un immense 
        voile qui leur descend jusqu’à la taille et ne laisse voir 
        que le haut de leur visage … Autant le voile ne nous avait nulle 
        part mis mal à l’aise, autant là, à Istambul, 
        dans cette version extrême et sinistre, si voyante au milieu de 
        la « modernité », il nous inquiète. Qui peut 
        en justifier l’inconfort dans cette chaleur, justifier cette négation 
        de la personne dans son apparence …  
      Quoiqu’il en soit, nous avons tous beaucoup aimé 
        Istanbul, ses bazars où les marchands ne sont pas insistants, ses 
        mosquées, les ruelles entre les anciens caravansérails, 
        le quartier des grossistes de perles, le bateau sur le bosphore, la lumière 
        du soir et les minarets …  
      
      
      
      Les pide : l’équivalent 
        turc de la pizza – à moins que ce soit le contraire … 
        La pâte est très fine, c’est délicieux et très 
        bon marché …  
        Les kebab : comme en Grèce, délicieux. 
         
        Les salades : salade verte coupée en fines lanières, 
        tomates, oignons, herbes et épices, jus de citron … Nous 
        en avons usé et abusé et n’avons jamais été 
        malades.  
        La viande : la première fois que j’aie eue 
        envie d’acheter de la viande (autre que congelée) depuis 
        le début de Grand Tour était en Turquie : les rayons boucherie 
        des grands supermarchés Migros étaient irréprochables. 
        C’est en Turquie que nous avons mangé nos meilleurs (et uniques 
        !) biftecks … 
        Baklava, encore et toujours, mais comme il y a des inconditionnels 
        dans l’équipe …  
        Les Borek : sortes de «lasagnes » au fromage 
        frais, viande ou épinards. On peut aussi les acheter en portion 
        à emporter …  
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