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Nous avions toujours pensé aller en Turquie, y faire une petite
« excursion » à partir de la Grèce et voir Istambul.
Mini-soif d’aventure peut-être, à moins que ce ne soient
les récits émerveillés des voyageurs qui nous y avaient
précédés …
Finalement, c’est de Rhodes, ou plus exactement
de Kos, et en bateau, que nous y sommes allés,
pour y rester un mois.
La Turquie reste l’un de nos plus beaux pays
: fourmillement bigarré et sympathique dans les bazars d’Istambul,
paysages à couper le souffle en Anatolie, gentillesse et accueil
des turcs, rencontres insolites …
Quelques péripéties …
Nous devions retrouver la maman de Christophe
à l’hôtel à Bodrum (voir plus
bas) mais trois jours avant son arrivée, nous étions encore
coincés : le ferry que l'agence de voyage d'Athènes nous
avait indiqué ne se décidait pas à partir de Rhodes,
et c'est sur l’île grecque de Kos que nous devions normalement
trouver un bateau... A
notre arrivée à Kos, le bateau qui devait nous transporter
était trop petit pour le camping car, et aucun autre ferry n'était
en vue . Notre interlocuteur turc se dérobait et nous ne savions
toujours pas si nous pourrions trouver une solution pour rejoindre Bodrum,
à quelques kilomètres seulement, juste en face … Christophe
est finalement resté avec le CC à Kos et je suis passée
avec les enfants sur une petite vedette qui faisait la navette entre Kos
et Bodrum pour pouvoir être là quand Mamie arriverait. Grâce
à la gentillesse de la police locale, Christophe avait une piste
pour un bateau le lendemain soir …
Tous millionnaires !
En arrivant enfin en Turquie, il fallait prendre un taxi
pour rejoindre l’hôtel. Je n’avais aucune idée
du prix de la course et j’ai demandé à un monsieur
avec qui nous avions sympathisé sur le bateau s’il pouvait
se renseigner pour moi. Il le fait très gentiment et la réponse
– pour une course de deux ou trois kilomètres – est
: «Neuf ou dix millions. » !!! Au début, ça
fait quand même tout drôle . C’est là que les
enfants ont converti le reste de leur cagnotte (un peu moins de trois
euros) en livres turques et qu’ils ont vu qu’elle s’élevait
à près de cinq millions chacun …
Un million de livres turques correspond à 0.60 euro. D’ailleurs,
pendant plusieurs jours, nous n’avons pas vraiment su quelle était
la monnaie locale car on n’utilise toujours que le mot « million
» : deux millions six cents, sept millions etc … Et parfois
même milliard (si on fait un réappro au supermarché
par exemple) – déstabilisant je vous assure !
(NB : Depuis notre retour, la Turquie a supprimé les millions …
Et puis peut-être qu’un jour, ce sera l’euro …
)
Mamie Mado nous rejoint à
Bodrum, l’ancienne Halicarnasse.
Nous avions voulu que la maman de Christophe vienne passer
quelques jours avec nous pendant le Grand Tour et c’est en Turquie
qu’elle nous a rejoints. A cette période de l’année,
on trouve des séjours à l’hôtel avec vol compris
pour le prix d’un
vol « sec », et nous avions donc décidé de faire
une halte d’une semaine à l’hôtel avec elle à
Bodrum. C’est une très agréable petite ville touristique
située dans une belle anse au bord de la mer et dominée
par le château Saint-Jean, construit au quinzième siècle
par les chevaliers de Rhodes.
On peut déambuler longtemps dans ses petites rues, et le long de
ses quais pour admirer les bateaux amarrés. Et puis, on peut aller
y voir ce qui reste du mausolée d’Halicarnasse, l’une
des sept merveilles du monde …
L’hôtel, à peine ouvert depuis quinze
jours, était à moitié vide lorsque nous y étions.
Ishik, la jeune fille de l’accueil, s’est montrée extraordinairement
gentille et arrangeante et nous nous sommes très vite sentis chez
nous. Nous avons passé une première nuit tous les quatre
dans une grande chambre et nous sommes restés des heures à
tour de rôle dans la baignoire. Le lendemain matin, nous avons pris
un délicieux petit déjeuner et fait notre première
rencontre avec ce thé noir très fort et très parfumé
que l’on éclaircit à l’eau bouillante. Les enfants
ne se sont laissé tenter ni par le thé ni par les tranches
de concombres, les olives ou le fromage mais ont savouré le pain
frais et le confort d’un petit déjeuner tout prêt !
Ensuite, il y eut une séance scolaire à la terrasse du bar,
sous une agréable pergola près de la piscine. Camille y
a fait deux séances de sciences et Clément une évaluation,
de sciences lui aussi. Quant à Arthur, je lui avais confectionné
une sorte de train avec des cartes : une pour la locomotive et un «
wagon » par chiffre : à lui de remettre les wagons dans l’ordre
…Après l’école, nous sommes partis chercher
un endroit pour déjeuner. A peine sortis de l’hôtel,
j’ai avisé un « kuaför » (sic). J’entre
et demande le prix pour Clément et Arthur : quatre millions par
enfant ! Heureusement que je commençais à m’y retrouver,
cela faisait 2,40 euros …
La vie s’est ainsi écoulée tranquillement jusqu’à
ce que mamie arrive dans l’après-midi.
Clément retourne à l’hôpital.
Le lendemain de l’arrivée de Mamie Mado, alors
que nous devions aller faire une radio de contrôle à l’hôpital
pour la pneumonie de Clément, voilà qu’il se sent
mal, grelotte, a de la fièvre et du mal à marcher …
Je l’emmène à l’hôpital en taxi et il
est de nouveau hospitalisé et placé en observation avec
une perfusion destinée à le requinquer. Effectivement, quelques
heures plus tard, son état s’est amélioré radicalement.
Le médecin préfère quand même le garder pour
la nuit et je reste avec lui. Christophe est toujours à Kos et
Mamie s’occupe de Camille et Arthur à l’hôtel.
Le lendemain matin, nous revoyons le médecin – très
sympathique – qui nous dit que Clément a fait une crise d’acétone
mais qu’il serait sûrement préférable qu’il
reste tranquille encore un peu. Nous repoussons donc d’une journée
notre virée avec Mamie vers Ephèse et Pamukkale. Le
docteur préférererait aussi que nous repassions faire une
prise de sang avant notre départ de Bodrum pour être sûr
que tout va bien et que la pneumonie est bien derrière nous. Le
médecin ne parle pas anglais mais une interprète de l’hôpital
nous a pris en charge et ne nous quitte pas. Elle traduit tout, nous emmène
à la radio, à la prise de sang … Heureusement, car
notre turc ne dépasse pas quelques mots de civilités…
Finalement, tout sera rentré dans l’ordre à la fin
de la semaine et cette fois-ci, Clément est bien guéri et
ne nous donnera plus d’inquiétudes jusqu’à notre
retour en France.
Entretemps, Christophe a pu trouver un bateau et nous a rejoints.
Virée à Ephèse et
Pamukkale avec Mamie MADO
Nous voulions faire un peu de tourisme avec Mado
et lui faire partager notre vie de « nomades ».
Nous lui proposons de l’emmener voir deux sites de la côte
ouest : la ville romaine d’Ephèse et le
célèbre « Palais de Coton » de Pamukkale.
Nous prenons la route et nous arrêtons vers une heure et demie pour
déjeuner sur une aire de repos. Une famille turque est installée
sur une grande couverture autour d’un pique-nique. Je vais les saluer.
Ils me proposent du pain. Je décline gentiment. Grands sourires
de part et d’autre. Je retourne au camping-car. Une autre famille
arrive et s’installe. Nous nous saluons de la main. Une dizaine
de minutes plus tard, le chef de famille vient nous voir et nous parle
en turc … D’abord perplexes, nous finissons par comprendre
qu’il voudrait du sel. Il nous le rapporte quelques minutes plus
tard et nous offre trois petits concombres de jardin pour nous remercier.
Une petite histoire de plus pour notre interminable album de belles rencontres,
grandes et petites.
A trois heures, nous arrivons enfin près d’Ephèse
et nous nous arrêtons pour notre troisième septième
merveille du monde : l’Artémision d’Ephèse,
ou plutôt ce qu’il en reste. Au milieu d’une mare boueuse,
émergent deux ou trois colonnes. Voilà. C’est tout
ce qu’il reste de l’immense temple dédié à
Artémis. Un peu décevant mais nous sommes malgré
tout contents de collectionner les merveilles du monde : nous en aurons
« vu » quatre pendant notre voyage.
Nous
reprenons la route et arrivons aux portes du grand site d’Ephèse.
Il fait magnifique et il y a une très belle lumière qui
fait vivre les pierres sous le ciel bleu. Les vestiges, de toute beauté,
sont essentiellement romains : le
très grand théâtre, l’avenue de marbre, la très
belle façade de la bibliothèque de Celsus, le temple d’Hadrien,
et tout au but de la longue rue principale, l’Odéon. La promenade
aura été magnifique. Quand on rebrousse chemin, dans la
magnifique lumière de la fin d’après-midi, le site
est quasiment désert. Quelle magie ! Quel bonheur !
Nous décidons de passer par la « maison de Marie »,
non loin de là, où la Vierge aurait fini ses jours. Nous
y sommes accueillis par une religieuse française qui nous tient
de longs discours aussi chaleureux qu’édifiants et nous remet
à chacun une petite médaille de la Vierge Miraculeuse. Elle
n’en donne toutefois pas à Mado « car on voit bien
qu’elle n’en a pas besoin ! » (pour nous, ça
se voit donc tant que cela ??? )
Nous dînons sur le parking du site puis « douchons-couchons
» les enfants avant de partir en quête d’une chambre
pour Mado. Nous arrivons au Garden Camping à Selcuk,
la ville moderne d’Ephèse. Il fait nuit et il n’y a
pas grand-monde. Dans un bâtiment ancien, une fenêtre est
éclairée. Je m’approche. Un groupe d’hommes
discute. Je tape au carreau et on vient m’ouvrir. Le patron du camping
ne parle pas très bien anglais mais … parfaitement italien.
Nous continuons en italien. Nous causons un peu et j’apprends que
sa fille est artiste lyrique en Italie et qu’il possède quant
à lui un magasin de tapis dans la jolie petite ville de Sirmione
sur le Lac de Garde, que nous avions tant aimée. D’ailleurs,
il y part la semaine prochaine. En ce qui concerne les chambres, manque
de chance, il est en train de toutes les rénover pour l’été
et aucune n’est disponible. Il téléphone tout de même
à un ami qui gère un hôtel. Tout s’arrange merveilleusement
: l’ami vient nous chercher, nous emmène à l’hôtel
– un agréable petit hôtel au pied de la belle mosquée
d’Isa-Bey - nous fait visiter la chambre pour Mado et nous indique
où nous garer dans une petite rue calme à proximité.
Nous donnons rendez-vous à Mado pour le petit-déjeuner et
allons nous coucher.
Au beau milieu de la nuit, il est peut-être quatre ou cinq heures
du matin, un hurlement – enfin, non, le chant du Muezzin, tout simplement.
Nous devons être sous le haut-parleur car nous ne l’avons
jamais entendu aussi fort. Le temps de nous remettre de notre surprise,
de nous dire que Mado pourra se vanter d’avoir entendu le muezzin
de près, et tout est déjà calme et silencieux et
la nuit , et le sommeil, reprennent leurs droits. L’appel nocturne
du muezzin, comme un réveil pour de faux, comme un droit délicieux
à se rendormir.
Le
lendemain matin, nous partons pour Pamukkale. Nous nous arrêtons
en cours de route pour notre premier « réappro » turc.
Le supermarché est aussi moderne qu’impeccablement propre
et à quelques produits près, on se croirait en France !
Nous reprenons la route. Le site est adossé au site grec de Hierapolis
par lequel nous commençons notre visite. C’est là
que Clément, qui commence à saturer des sites antiques,
me demande: « Et toi, comment tu réagirais si je t’emmenais
tous les jours dans un parc d’attraction ? » D’abord
perplexe, puis gagnée par une certaine sympathie, je retrouve quelques
degrés de patience à son égard. Nous continuons à
pied notre promenade vers le « château de coton ». Il
s’agit d’un flanc de colline, arrosé depuis des siècles
par des sources d’eau chaude riche en calcaire qui l’ont recouvert
petit à petit d’un manteau blanc duveteux. Quand on en voit
des photos, on pense à des collines couvertes de neige. Il y a
aussi ces superbes vasques naturelles remplies d’une eau turquoise.
Malgré tout, nous éprouvons une certaine déception
: l’endroit est trop touristique, il était plus beau sur
les cartes postales : plus d’eau et moins de touristes … Pamukalé
reste toutefois un passage obligé et nous ne regrettons pas notre
visite. Nous descendons sur le parking au pied du site pour le voir sous
un angle différent. Nous préparons le dîner et la
lumière change. Bientôt ce sera la nuit. L’endroit
s’éclaire de lumières étranges réfléchies
par la roche blanche. Le site se vide totalement de ses touristes mais
s’animerait presque d’esprits de la nuit tant l’atmosphère
est étrange subitement. Et puis le camping-car se met à
tanguer – c’est Christophe qui, n’y tenant plus, est
monté sur le toit pour prendre des photos. Je me laisse encore
surprendre.
Voilà, notre petit périple est terminé, nous rentrons
à l’hôtel. Christophe est fatigué et me passe
le volant à dix heures. Je roule jusqu’à une heure
du matin. Les routes sont désertes, la conduite est facile. Christophe
reprend le volant et nous arrivons enfin à l’hôtel
à deux heures du matin. Le gardien de nuit nous accueille chaleureusement
et nous aide à porter les enfant endormis juqu’à leurs
lits.
Nous passons encore une belle journée avec Mado puis c’est
le jour du départ. C’est là que Camille aura cette
phrase mémorable : « Il reste encore combien de pays ? »
…
Rencontre à Kas : Nigel et
Mick arrivent d’Australie à … vélo !
Au
départ du petit port de Kas, sur le bateau qui nous emmenait vers
l’île touristique de Kekova – château sur la colline,
ruines englouties et eaux turquoises– nous faisons la rencontre
de Nigel et Mick. Australiens, qui arrivent de Perth à …
vélo !!! Pour eux, la Turquie est le retour à la civilisation
(pour nous, c’était le grand exotisme !) Nous passons plusieurs
heures à parler avec eux de leur incroyable voyage. Ils nous racontent
leur plus grande frayeur : le jour où leurs vélos ont été
volés pendant la nuit, alors qu’ils dormaient dans leurs
petites tentes. Ils les avaient attachés à un arbre mais
… l’arbre avait été scié ! Nigel raconte
qu’après un branle-bas de combat général, les
vélos avaient finalement été retrouvés …
Ouf ! Après plusieurs heures de conversation et d’échanges,
il y a encore tant de choses à se dire, nous décidons de
nous retrouver le soir pour des spaghetti carbonara dans le camping-car.
Ils y feront honneur ! Encore de longs moments à discuter itinéraires,
distances, impressions de voyage puis nous nous quittons. Ils repasseront
nous voir le lendemain matin pour un dernier au revoir …
Retrouvailles à Olüdeniz
Nous étions restés en contact par e-mail
avec nos amis Tonja et Willem rencontrés en Tunisie début
janvier. Nous avions appris que Tonja, enceinte de quatre mois en décembre,
avait eu sa petite fille en Turquie. Nous n’avions pas pu nous empêcher
de sourire en repensant à la conversation que nous avions eu un
soir à Douz sur le pays idéal où elle pourrait accoucher
: Suisse, Autriche, Italie peut-être … Et Tonja qui accouche
en Turquie ! Cela
dit, elle a accouché par césarienne et tout s’est
très bien passé … En tout cas, nous voulions absolument
essayer de les rejoindre et passer quelques jours avec eux. Lorsque nous
avons enfin trouvé le camping qu’ils nous avaient indiqué,
et où ils avaient pris leurs quartiers depuis presque deux mois,
nous sommes tombés sur Willem qui se balançait confortablement
avec un tout petit bébé dans les bras. Il nous a d’abord
salués poliment, comme il l’aurait fait avec des voisins,
puis … il nous a reconnus et sa physionomie a changé, c’était
très amusant à voir ! Pareil pour les petits garçons,
Suryan et Engel, qui nous regardaient comme si nous avions été
des extra-terrestres !
Nous avons passé cinq jours très chaleureux avec eux. Beaucoup
parlé, écouté, raconté, cuisiné …
Un après-midi, nous avons emmené les enfants à la
piscine avec Suryan et Engel. Ils s’entendaient très bien
et c’était impressionnant de les voir passer des heures ensemble
sans avoir de langue commune …
Les adieux du cinquième jour furent un grand moment d’émotion.
Heureusement, Suryan et Engel avaient préparé un adieu à
la turque : en lançant de grands seaux d’eau sur le camping-car,
une tradition porte-bonheur. Il était temps de détendre
l’atmosphère ! Encore de derniers grands au revoir par la
fenêtre et chacun retournait à son chemin. Ils doivent être
rentrés aux Pays Bas aujourd’hui mais de nouvelles aventures
les attendent car ils ont décidé de commencer une nouvelle
vie au Portugal à la rentrée … Nous les avons rencontrés
en Tunisie, retrouvés en Turquie, Paris est sur leur route et puis
… le Portugal n’est pas si loin !
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