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1er septembre 2003

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8 septembre 2003
 
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Une petite semaine en République Tchèque, coincée entre l’Allemagne et l’Autriche.

Dès la frontière passée, l’atmosphère change. Les routes sont plus mauvaises, les usines peut-être plus nombreuses et surtout plus délabrées. Petit à petit, je retrouve ce que l’on connaissait autrefois de l'Allemagne de l’est. Et puis … de jeunes prostituées le long de la route racolent les voitures et les camions qui passent. Nous en dépassons une bonne cinquantaine. On ne s’était pas attendus à cela.
République tchèque, terra incognita : nous ne disposons pas du GPS pour ce pays (comme pour la Croatie et la Grèce d’ailleurs.) Nous allons devoir étudier les cartes et surtout, conduire à deux, l’un au volant et l’autre aux cartes. Piètre navigatrice et détestant cela, j’ai vite pris le volant et passé l’atlas à Christophe. Ca ne s’est pas trop mal passé et j’ai même pris plaisir à rouler sur les petites route, au sud de Prague. On traverse une belle campagne vallonnée et les routes sont bordées d’arbres - noyers ou pommiers en place de nos platanes, une jolie alternative.
Lingua incognita aussi puisque le tchèque est une langue slave et donc assez peu transparente : on ne comprend rien et chaque pancarte, chaque panneau devient une énigme. Quant aux tchèques, ils parlent très peu anglais ou allemand.
Il commence à faire plus froid et on monte sur le camping-car chercher les couettes dans la boîte de toit. Jusque là, les housses nous suffisaient.
Arthur qui nous le réclamait depuis un moment, est intégré aux tours de cuisine : tous les cinq jours, c’est à lui !
Au marché, on voit des pastèques, des cornichons, des melons d’eau, deux ou trois légumes non-identifiés et … des quantités impressionnantes de petits poivrons jaunes dont les tchèques semblent faire une consommation importante (pour le goulash ?)
En tout cas, la République Tchèque est notre premier pays vraiment dépaysant.

Les mauvais côtés de la République Tchèque
Commençons, pour nous en débarasser, par les mauvais côtés ...
La première expérience désagréable a été la police « à-la-pays-de-l’est ». Nous étions empêtrés dans le centre de Karlovy Vary avec une seule idée, en sortir, lorsque nous nous faisons arrêter par la police. « Passeports s’il vous plaît !» Naïvement, on obtempère et à ce moment là, on apprend que l’on est dans une rue interdite. Non pas par un sens interdit mais par un « no entry sign » - le panneau blanc rond avec un cercle rouge tout autour. Le problème c’est qu’il y avait en dessous un cartouche, en tchèque, disant « sauf possesseurs de permis ». Nous, on n’a pas vu le panneau et on a suivi la voiture de devant (qui devait avoir un permis … ) Cinquante mètres plus loin, on était cueillis par la police. J’étais furieuse, c’était déjà assez difficile de circuler dans cette ville et puis il n’y avait que nous à nous faire arrêter. Ca rappelait nos mauvaises expérience en Hongrie (il y a une dizaine d’années) où on s’était fait arrêter par la police trois fois en un quart d’heure !!! Furieuse donc, ce qui me vaut de voir l’amende doublée ! On paye l’amende simple en maugréant et on part. Cela dit, ça a été la seule fois mais on s’est rappelé de se méfier de ces panneaux « interdit à la circulation » qui nous ont semblé plus nombreux qu’ailleurs … Quant à la bonne attitude à adopter dans ces cas là …
L’autre mauvais côté de la république tchèque, qui nous a assez stupéfaits, c’est l’accueil déplorable. Serveuses de restaurant, gardiens de camping, personnel de musée … Tous sont expéditifs, ne disent ni bonjour ni au revoir et sont apparemment très agacés que l’on ne parle pas tchèque. Je n’exagère pas, nous avons rencontré des italiens qui étaient tout aussi étonnés que nous par ce manque d'attention. Cela ne veut bien sûr pas dire qu’il n’y ait pas de gens aimables, voire chaleureux, mais il y a une « relation au client » assez différente de ce que l’on connaît d’habitude … A côté des tchèques, les vendeuses du BHV sont des anges d’amabilité !


Karlovy Vary

Karlovy Vary est une ville d’eau, comme d’autres sûrement, sauf que nous n'en avions jamais vu. La première moitié de la ville, par où nous sommes arrivés et où nous avons trouvé un parking, est commerçante et sans charme. Elle est dépaysante toutefois car très différente de ce que nous quittons en Allemagne, plus simple, plus pauvre, plus rustique … Des petites échoppes vendent des pizzas, des galettes de pommes de terre et d’autres choses que nous ne reconnaissons pas et dont nous ne comprenons pas l’explication. Karlovy Vary nous offre aussi notre premier contact avec la langue tchèque dont nous ne comprenons rien.
La deuxième partie de la ville, le long de la rivière, est une succession d’hôtels du début du siècle, enfin, du siècle dernier, et d’établissements thermaux. Il y a aussi ces curieux kiosques Belle Epoque qui abritent les différentes sources qui jaillissent à des températures allant de 30 à 65 °. Les curistes, badauds, touristes ou habitués des environs s’en approchent , un curieux instrument en porcelaine à la main : une sorte de théière sans anse et sans couvercle que l’on remplit à la source et à laquelle on boit par le bec. On se sert pour notre part d’une petite bouteille d’eau minérale et ça suffit largement car l’eau – chaude – a un goût assez affreux. Il faut quand même dire que tout le monde a bravement goûté !

On goûte aussi à ces curieuses gaufrettes locales, sortes de disques de pain azyme d’une vingtaine de centimètres fourrés au sucre glace et aromatisés, que l’on trouve partout et qui semblent être le souvenir à rapporter. Agréable au début mais difficile à finir … La promenade dans cette partie de la ville est assez amusante. Il y a aussi ce mini-geyser, dans une grande salle vitrée où il fait bon se réchauffer. Mais finalement, on n’est pas conquis. Pourtant, on n’a pas encore eu notre rencontre avec la police …

On finit la visite de la ville par une petite colline où se trouve l’église russe, et là, on a notre coup de cœur : une église de conte de fée, toute turquoise et dorée : une merveille ! Camille veut absolument y entrer – nous aussi d’ailleurs - mais elle est exceptionnellement fermée et ne rouvrira que dans l’après-midi. C’est en cherchant à y remonter avec le bus que l’on aura notre expérience policière. On n’y retournera pas.

 

 

Prague

Nous n’avons pas rendu justice à Prague. On avait beaucoup visité les jours précédents, beaucoup marché, on avait plein d’images de Dresde encore dans la tête … Notre arrivée en République Tchèque avait été assez morose et puis, tout a mal commencé : le premier jour, Camille à croqué une guêpe dans son sandwich (!), a été piquée à la lèvre et j’ai été un peu inquiète. Elle n’a pas été dans son assiette du reste de la journée, choquée et nauséeuse. Le soir, on a raté le petit ferry qui nous faisait traverser la Moldau pour rejoindre notre camping et on a dû marcher plus d’une heure pour le rejoindre par l’autre extrémité de l’île. Bref, une mauvaise journée. Et pourtant, Prague est magnifique. Nous l'avons encore arpentée une journée entière le lendemain, en passant dans tous les hauts lieux de la ville (et ils sont nombreux). Nous avons acheté la musique de Smetana : Ma Vlast - Ma Patrie, car les enfants connaissaient bien (grâce à Mélopie) l'air de la Moldau et nous l'avons écoutée le soir au camping, au bord ...de la Moldau. Puis nous sommes partis le lendemain.


Kutna Ora
Kutna Ora est une charmante petite ville qui a connu son heure de gloire à l’époque des mines d’argent. De cette époque, il reste une immense cathédrale assez spectaculaire, un collège jésuite bordé d’une longue promenade elle-même ponctuée de grandes statues allégoriques baroques, une citerne en pierre, des petites rues pavées, des maisons baroques …
La promenade le long du collège jésuite, avec la vue sur la campagne au-delà des statues offre un spectacle merveilleux à toutes les heures de la journée , à mesure que le soleil et la lumière changent sur les statues et la campagne …

La cathédrale Sainte Barbara quant à elle, ne ressemble à rien que nous ayons jamais vu : son toit surtout qui est en fait trois toits, les uns à côté des autres, trois toits aux allures de tentes, chacun terminé par une boule dorée, qui lui donnent des allures orientales inattendues . C’était la première chose que nous avions apercue dans le village et nous avions été saisis. A l’intérieur, le plafond est un enchevêtrement gothique de nervures et d’arêtes. Très haut, à la hauteur du triforium, de grandes statues de pierre jettent sur le visiteur un regard serein et bienveillant. Dans une chapelle rayonnante, une fresque retrace la vie des mineurs, dans une autre, un Saint Christophe géant, les pieds dans l’eau, marche au milieu des poissons et des homards tandis qu’une sirène, assise sur le fond, le regarde passer d’un œil candide. Naïf et émouvant. Le chœur est baigné d’une douce lumière. La cathédrale est par ailleurs réputée pour ses volées d’arc-boutants mais c’est vraiment ce drôle de toit qui m’émerveille.
On voulait aussi descendre dans l’ancienne mine d’argent mais Arthur était trop petit et n’avait pas le droit. Il était déjà tard, on a laissé tomber.
Cela dit, Kutna Ora est une toute petite ville, un village en réalité, dont on fait le tour en une heure, deux si l’on prend son temps. Clément était malade – un petit dérangement vite soigné par la diète et le coca - et il est resté tranquille une partie de la journée. On était garés sur le parking de la cathédrale, et on a passé la journée à se promener, à se relayer auprès de Clément, à revenir déjeuner au bus , à repartir ... L’espace de quelques heures, on a eu l’impression de s’installer et d’être presque chez nous. Le parking était quasi-désert, bordé de hauts platanes, les enfants jouaient, il faisait un temps de rêve, douceur et ciel bleu profond, c’était une belle journée.


Cesky Krumlov

Cesky Krumlov, est un petit bijou, une petite ville blottie dans un méandre serré de la jeune Moldau, encore, et dominée par son château aux cinq cours en enfilade. Un long corridor traverse le château de part en part, en ressort à une extrémité, enjambe un précipice et rejoint les jardins en terrasse. Notre parking et camp de base se trouvait au bas de ce « précipice », au pied des arches du pont de la cape, celui qui soutient le corridor, une vue dont nous ne nous lassions pas.
Nous avions prévu de ne rester qu’un jour à Cesky Krumlov mais le château était fermé ce jour là, et ce que nous avions déjà vu de la ville à notre arrivée la veille, à la nuit tombante, ne nous donnait pas du tout envie de partir ... Nous sommes donc restés le lendemain et grand bien nous en a pris : le château est époustouflant : des fresques et des plafonds à caissons du 15° siècle en parfait état de conservation … Tout le château est en parfait état. C’est une merveille.
L’autre merveille de Cesky Krumlov c’est son théâtre baroque, le théâtre du château, l’un des deux seuls théâtres baroques d’Europe conservés dans leur état d’origine. Il se visite et la jeune guide, charmante, a actionné pour nous les machines à imiter la pluie, le tonnerre ou le vent. On est descendus sous la scène voir les machineries des décors, on s’est assis dans la salle … C’était extraordinaire et mérite absolument le détour, voire le voyage !
Pour le reste, la ville est un labyrinthe de petites rues, de maisons anciennes, d’églises, de couvents … Un régal. On s’y sent tout de suite chez soi. On prend ses habitudes … On a eu du mal à la quitter.


Côté gastronomie : la famille Lapierre au restaurant tchèque !
On avait été tellement séduit par Cesky Krumlov quand on y étaient arrivés le soir, les rues, les petites places, le méandre de la Moldau, les terrasses ... que l’on avait eu envie d’y tenter un grande première : le restaurant ! Il faut dire que les enfants avaient plutôt fait des progrès, Clément en particulier, et que l’on avait envie de fêter ça. On a donc proposé aux enfants de les emmener au restaurant et on leur a expliqué les règles du jeu : on commande ensemble trois plats locaux, on goûte à tout puis on mange ce que l'on veut. A notre grand étonnement (et soulagement !), ils ont été d’accord. On est allé dans un restaurant un peu traditionnel sur la jolie place de la mairie, face à la colonne de la peste (il y en a beaucoup en Europe centrale), et on a commandé plusieurs plats : un goulash, un canard rôti au chou rouge, du bœuf aux airelles et à la crême..., le tout servi avec accompagnement de knodel, tranches de knodel, chou … Les enfants avait un petit peu de chaque dans leur assiette et ils ont drôlement bien joué le jeu ! Clément a beaucoup aimé les tranches de knodel servies avec la drôle de sauce blanche sucrée du boeuf, Camille et Arthur se sont régalés avec le canard, quant à nous, nous avons tout trouvé bon. Nous avons ensuite commandé des desserts (copieux !) pour tout le monde et nous étions enchantés de la soirée. J’avoue que j’y pensais depuis un moment mais sans trop y croire. La magie des voyages je suppose … En tout cas, on a décidé de faire ça une fois dans chaque pays.

Un petit aperçu de la République Tchèque  
   
Notre itinéraire en République Tchèque
 
Notre itinéraire en République Tchèque  
 
Nos étapes en République Tchèque