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Une
petite semaine en République Tchèque, coincée entre
l’Allemagne et l’Autriche.
Dès la frontière passée, l’atmosphère
change. Les routes sont plus mauvaises, les usines peut-être
plus nombreuses et surtout plus délabrées. Petit à
petit, je retrouve ce que l’on connaissait autrefois de l'Allemagne
de l’est. Et puis … de jeunes prostituées le long de
la route racolent les voitures et les camions qui passent. Nous en dépassons
une bonne cinquantaine. On ne s’était pas attendus à
cela.
République tchèque, terra incognita : nous ne disposons
pas du GPS pour ce pays (comme pour la Croatie et la Grèce d’ailleurs.)
Nous allons devoir étudier les cartes et surtout, conduire à
deux, l’un au volant et l’autre aux cartes. Piètre
navigatrice et détestant cela, j’ai vite pris le volant et
passé l’atlas à Christophe. Ca ne s’est pas
trop mal passé et j’ai même pris plaisir à rouler
sur les petites route, au sud de Prague. On traverse
une belle campagne vallonnée et les routes sont bordées
d’arbres - noyers ou pommiers en place de nos platanes, une jolie
alternative.
Lingua incognita aussi puisque le tchèque est une langue slave
et donc assez peu transparente : on ne comprend rien et chaque pancarte,
chaque panneau devient une énigme. Quant aux tchèques, ils
parlent très peu anglais ou allemand.
Il commence à faire plus froid et on monte sur le camping-car chercher
les couettes dans la boîte de toit. Jusque là, les housses
nous suffisaient.
Arthur qui nous le réclamait depuis un moment, est intégré
aux tours de cuisine : tous les cinq jours, c’est à lui !
Au marché, on voit des pastèques, des cornichons, des melons
d’eau, deux ou trois légumes non-identifiés et …
des quantités impressionnantes de petits poivrons jaunes dont les
tchèques semblent faire une consommation importante (pour le goulash
?)
En tout cas, la République Tchèque est notre premier pays
vraiment dépaysant.
Les mauvais côtés de
la République Tchèque
Commençons, pour nous en débarasser, par les mauvais côtés
...
La première expérience désagréable a été
la police « à-la-pays-de-l’est ». Nous étions
empêtrés dans le centre de Karlovy Vary
avec une seule idée, en sortir, lorsque nous nous faisons arrêter
par la police. « Passeports s’il vous plaît !»
Naïvement, on obtempère et à ce moment là, on
apprend que l’on est dans une rue interdite. Non pas par un sens
interdit mais par un « no entry sign » - le panneau blanc
rond avec un cercle rouge tout autour. Le problème c’est
qu’il y avait en dessous un cartouche, en tchèque, disant
« sauf possesseurs de permis ». Nous, on n’a pas vu
le panneau et on a suivi la voiture de devant (qui devait avoir un permis
… ) Cinquante mètres plus loin, on était cueillis
par la police. J’étais furieuse, c’était déjà
assez difficile de circuler dans cette ville et puis il n’y avait
que nous à nous faire arrêter. Ca rappelait nos mauvaises
expérience en Hongrie (il y a une dizaine d’années)
où on s’était fait arrêter par la police trois
fois en un quart d’heure !!! Furieuse donc, ce qui me vaut de voir
l’amende doublée ! On paye l’amende simple en maugréant
et on part. Cela dit, ça a été la seule fois mais
on s’est rappelé de se méfier de ces panneaux «
interdit à la circulation » qui nous ont semblé plus
nombreux qu’ailleurs … Quant à la bonne attitude à
adopter dans ces cas là …
L’autre mauvais côté de la république tchèque,
qui nous a assez stupéfaits, c’est l’accueil déplorable.
Serveuses de restaurant, gardiens de camping, personnel de musée
… Tous sont expéditifs, ne disent ni bonjour ni au revoir
et sont apparemment très agacés que l’on ne parle
pas tchèque. Je n’exagère pas, nous avons rencontré
des italiens qui étaient tout aussi étonnés que nous
par ce manque d'attention. Cela ne veut bien sûr pas dire qu’il
n’y ait pas de gens aimables, voire chaleureux, mais il y a une
« relation au client » assez différente de ce que l’on
connaît d’habitude … A côté des tchèques,
les vendeuses du BHV sont des anges d’amabilité !
Karlovy Vary
Karlovy
Vary est une ville d’eau, comme d’autres sûrement, sauf
que nous n'en avions jamais vu. La première moitié de la
ville, par où nous sommes arrivés et où nous avons
trouvé un parking, est commerçante et sans charme. Elle
est dépaysante toutefois car très différente de ce
que nous quittons en Allemagne, plus simple, plus pauvre, plus rustique
… Des petites échoppes vendent des pizzas, des galettes de
pommes de terre et d’autres choses que nous ne reconnaissons pas
et dont nous ne comprenons pas l’explication. Karlovy Vary nous
offre aussi notre premier contact avec la langue tchèque dont nous
ne comprenons rien.
La deuxième partie de la ville, le long de la rivière, est
une succession d’hôtels du début du siècle,
enfin, du siècle dernier, et d’établissements thermaux.
Il y a aussi ces curieux kiosques Belle Epoque qui abritent les différentes
sources qui jaillissent à des températures allant de 30
à 65 °. Les curistes, badauds, touristes ou habitués
des environs s’en approchent , un curieux instrument en porcelaine
à la main : une sorte de théière sans anse et sans
couvercle que l’on remplit à la source et à laquelle
on boit par le bec. On se sert pour notre part d’une petite bouteille
d’eau minérale et ça suffit largement car l’eau
– chaude – a un goût assez affreux. Il faut quand même
dire que tout le monde a bravement goûté !
On
goûte aussi à ces curieuses gaufrettes locales, sortes de
disques de pain azyme d’une vingtaine de centimètres fourrés
au sucre glace et aromatisés, que l’on trouve partout et
qui semblent être le souvenir à rapporter. Agréable
au début mais difficile à finir … La promenade dans
cette partie de la ville est assez amusante. Il y a aussi ce mini-geyser,
dans une grande salle vitrée où il fait bon se réchauffer.
Mais finalement, on n’est pas conquis. Pourtant, on n’a pas
encore eu notre rencontre avec la police …
On
finit la visite de la ville par une petite colline où se trouve
l’église russe, et là, on a notre coup de cœur
: une église de conte de fée, toute turquoise et dorée
: une merveille ! Camille veut absolument y entrer – nous aussi
d’ailleurs - mais elle est exceptionnellement fermée et ne
rouvrira que dans l’après-midi. C’est en cherchant
à y remonter avec le bus que l’on aura notre expérience
policière. On n’y retournera pas.
Prague
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Nous n’avons pas rendu justice à Prague.
On avait beaucoup visité les jours précédents, beaucoup
marché, on avait plein d’images de Dresde encore dans la
tête … Notre arrivée en République Tchèque
avait été assez morose et puis, tout a mal commencé
: le premier jour, Camille à croqué une guêpe dans
son sandwich (!), a été piquée à la lèvre
et j’ai été un peu inquiète. Elle n’a
pas été dans son assiette du reste de la journée,
choquée et nauséeuse. Le soir, on a raté le petit
ferry qui nous faisait traverser la Moldau pour rejoindre notre camping
et on a dû marcher plus d’une heure pour le rejoindre par
l’autre extrémité de l’île. Bref, une
mauvaise journée. Et pourtant, Prague est magnifique. Nous l'avons
encore arpentée une journée entière le lendemain,
en passant dans tous les hauts lieux de la ville (et ils sont nombreux).
Nous avons acheté la musique de Smetana : Ma Vlast - Ma Patrie,
car les enfants connaissaient bien (grâce à Mélopie)
l'air de la Moldau et nous l'avons écoutée le soir au camping,
au bord ...de la Moldau. Puis nous sommes partis le lendemain.
Kutna Ora
Kutna Ora est une charmante petite ville qui a connu
son heure de gloire à l’époque des mines d’argent.
De cette époque, il reste une immense cathédrale assez spectaculaire,
un collège jésuite bordé d’une longue promenade
elle-même ponctuée de grandes statues allégoriques
baroques, une citerne en pierre, des petites rues pavées, des maisons
baroques …
La promenade le long du collège jésuite, avec la vue sur
la campagne au-delà des statues offre un spectacle merveilleux
à toutes les heures de la journée , à mesure que
le soleil et la lumière changent sur les statues et la campagne
…
La cathédrale
Sainte Barbara quant à elle, ne ressemble à rien que nous
ayons jamais vu : son toit surtout qui est en fait trois toits, les uns
à côté des autres, trois toits aux allures de tentes,
chacun terminé par une boule dorée, qui lui donnent des
allures orientales inattendues . C’était la première
chose que nous avions apercue dans le village et nous avions été
saisis. A l’intérieur, le plafond est un enchevêtrement
gothique de nervures et d’arêtes. Très haut, à
la hauteur du triforium, de grandes statues de pierre jettent sur le visiteur
un regard serein et bienveillant. Dans une chapelle rayonnante, une fresque
retrace la vie des mineurs, dans une autre, un Saint Christophe géant,
les pieds dans l’eau, marche au milieu des poissons et des homards
tandis qu’une sirène, assise sur le fond, le regarde passer
d’un œil candide. Naïf et émouvant. Le chœur
est baigné d’une douce lumière. La cathédrale
est par ailleurs réputée pour ses volées d’arc-boutants
mais c’est vraiment ce drôle de toit qui m’émerveille.
On voulait aussi descendre dans l’ancienne mine d’argent mais
Arthur était trop petit et n’avait pas le droit. Il était
déjà tard, on a laissé tomber.
Cela dit, Kutna Ora est une toute petite ville, un village en réalité,
dont on fait le tour en une heure, deux si l’on prend son temps.
Clément était malade – un petit dérangement
vite soigné par la diète et le coca - et il est resté
tranquille une partie de la journée. On était garés
sur le parking de la cathédrale, et on a passé la journée
à se promener, à se relayer auprès de Clément,
à revenir déjeuner au bus , à repartir ... L’espace
de quelques heures, on a eu l’impression de s’installer et
d’être presque chez nous. Le parking était quasi-désert,
bordé de hauts platanes, les enfants jouaient, il faisait un temps
de rêve, douceur et ciel bleu profond, c’était une
belle journée.
Cesky Krumlov
Cesky
Krumlov, est un petit bijou, une petite ville blottie dans un
méandre serré de la jeune Moldau, encore, et dominée
par son château aux cinq cours en enfilade. Un long corridor traverse
le château de part en part, en ressort à une extrémité,
enjambe un précipice et rejoint les jardins en terrasse. Notre
parking et camp de base se trouvait au bas de ce « précipice
», au pied des arches du pont de la cape, celui qui soutient le
corridor, une vue dont nous ne nous lassions pas.
Nous avions prévu de ne rester qu’un jour à Cesky
Krumlov mais le château était fermé ce jour là,
et ce que nous avions déjà vu de la ville à notre
arrivée la veille, à la nuit tombante, ne nous donnait pas
du tout envie de partir ... Nous
sommes donc restés le lendemain et grand bien nous en a pris :
le château est époustouflant : des fresques et des plafonds
à caissons du 15° siècle en parfait état de conservation
… Tout le château est en parfait état. C’est
une merveille.
L’autre merveille de Cesky Krumlov c’est son théâtre
baroque, le théâtre du château, l’un des deux
seuls théâtres baroques d’Europe conservés dans
leur état d’origine. Il se visite et la jeune guide, charmante,
a actionné pour nous les machines à imiter la pluie, le
tonnerre ou le vent. On est descendus sous la scène voir les machineries
des décors, on s’est assis dans la salle … C’était
extraordinaire et mérite absolument le détour, voire le
voyage !
Pour le reste, la ville est un labyrinthe de petites rues, de maisons
anciennes, d’églises, de couvents … Un régal.
On s’y sent tout de suite chez soi. On prend ses habitudes …
On a eu du mal à la quitter.
Côté gastronomie : la famille Lapierre
au restaurant tchèque !
On avait été tellement séduit par Cesky Krumlov quand
on y étaient arrivés le soir, les rues, les petites places,
le méandre de la Moldau, les terrasses ... que l’on avait
eu envie d’y tenter un grande première : le restaurant !
Il faut dire que les enfants avaient plutôt fait des progrès,
Clément en particulier, et que l’on avait envie de fêter
ça. On a donc proposé aux enfants de les emmener au restaurant
et on leur a expliqué les règles du jeu : on commande ensemble
trois plats locaux, on goûte à tout puis on mange ce que
l'on veut. A notre grand étonnement (et soulagement !), ils ont
été d’accord. On est allé dans un restaurant
un peu traditionnel sur la jolie place de la mairie, face à la
colonne de la peste (il y en a beaucoup en Europe centrale), et on a commandé
plusieurs plats : un goulash, un canard rôti au chou rouge, du bœuf
aux airelles et à la crême..., le tout servi avec accompagnement
de knodel, tranches de knodel, chou … Les enfants avait un petit
peu de chaque dans leur assiette et ils ont drôlement bien joué
le jeu ! Clément a beaucoup aimé les tranches de knodel
servies avec la drôle de sauce blanche sucrée du boeuf, Camille
et Arthur se sont régalés avec le canard, quant à
nous, nous avons tout trouvé bon. Nous avons ensuite commandé
des desserts (copieux !) pour tout le monde et nous étions enchantés
de la soirée. J’avoue que j’y pensais depuis un moment
mais sans trop y croire. La magie des voyages je suppose … En tout
cas, on a décidé de faire ça une fois dans chaque
pays.
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