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Nous
sommes arrivés aux Pays-Bas (attention de ne pas dire Hollande
…) par le sud et la province du Zeeland. Il
faisait un temps magnifique. Malheureusement, il règne en Zeeland
une interdiction absolue de bivouaquer « sauvage ». La police
veille et les amendes sont systématiques. Nous avons donc dû
chercher des campings ... qui étaient souvent pleins. Les gens
étaient désolés et nous expliquaient qu’un
temps pareil aussi longtemps, c’était inouï et que cela
expliquait cette affluence. Bon, on a fini par trouver (les mini-camping
à la ferme sont nombreux), mais une ou deux fois, après
plusieurs tentatives infructueuses, nous nous sommes résolus à
bivouaquer en pleine nature et on a réussi à trouver de
chouettes endroits.
Nous avions deux grosses envies aux Pays-Bas : retourner
à Delft, que nous avions beaucoup aimée avec Christophe,
et emmener les enfants voir « La jeune fille à la perle »
de Vermeer à La Haye. A côté de cela, nous avions
fait le choix de ne pas aller à Amsterdam, dont nous n’entendions
que des galères de nos amis camping-caristes. Nous voulions en
revanche voir des moulins, la grande digue (celle au nord, qui fait trente
kilomètres de long et a transformé bon nombre de petits
ports de mer en «ports de lac » – mais le lac est grand
… ), visiter Gouda ou Edam ou les deux et manger du fromage, louer
des vélos, au moins une fois et aller au bord de la mer.
C’était le programme. On l’a assez bien suivi.
Delft et La Haye
Delft
est une merveille de petite ville. Elle s’organise autour d’une
très grande place rectangulaire bordée à un bout
de son hôtel de ville et à l’autre de l’ancienne
Nouvelle Eglise. Ensuite, parallèlement à la place, ce ne
sont que canaux, bordés de chaque coté de rues tranquilles
et de belles maisons à pignons. Se promener dans Delft est un régal
à savourer doucement. Il n’y a pas vraiment grand-chose à
visiter (quelques églises et deux ou trois petits musées
si l’on veut) mais on y passe des heures délicieuses, surtout
s’il y a du soleil, ce qui était le cas.
(Philippe Tesson, aperçu dans une petite rue, semblait lui aussi
très heureux à Delft.)
Tout près de Delft, ou vice versa, se trouve La
Haye, siège du gouvernement (Amsterdam étant la capitale
officielle). Nous sommes allés directement au musée de peinture
: le Mauritshuis, charmant petit musée entouré sur trois
cotés d’une sorte de grand lac et situé juste à
coté des grands palais du gouvernement. Le musée était
un petit peu désorganisé car il s’y prépare
la grande exposition-événement Hans Holbein qui doit ouvrir
à l’automne. J’avais oublié à quel point
il est à la fois petit et riche, tout y est intéressant
! On n’a évidemment vu que le cinquième (voire moins)
de ce que l’on aurait vu si on avait été sans enfants
mais on s’est quand même régalés. Je gardais
pour la fin la Jeune fille à la perle de Vermeer. C’est évidemment
un tableau hyper connu et comme Vermeer a vécu et travaillé
quasiment toute sa vie à Delft, j’avais eu plusieurs fois
l’occasion d'en montrer aux enfants des reproductions la veille.
Ca devenait même un jeu tellement il y en avait ! Nous étions
même tombés par hasard sur un restaurant dont c’était
l’enseigne. « Ah, ça, c’est un restaurant pour
maman ! » Quand le lendemain, au Mauritshuis nous avons vu le vrai
tableau, les enfants étaient mûrs ! Seule déception,
d’habitude, elle est tranquille dans une pièce au dernier
étage du musée, en face de La Vue de Delft, et une banquette
permet de les regarder tranquillement l’une après l’autre.
Là, Holbein oblige, point de banquette et donc, forcément,
on reste moins longtemps, surtout avec les enfants …
(Un mois plus tard, au grand musée de peinture de Dresde, nous
traînons dans la boutique et nous entendons Arthur s’exclamer
: « Maman, La Jeune Fille à la Perle ! » A trois ans,
c’est pas si mal, en tout cas ça fait gonfler le cœur
des parents !)
Nous ne nous sommes pas promenés dans les vieux quartiers de La
Haye, il nous faudra revenir. Nous avons choisi – pour les enfants
- d’aller voir une sorte de « Hollande Miniature » :
Madurodam. Les enfants étaient ravis, et contre toute attente,
nous y avons passé de très très bons moments et ne
sommes partis qu’à la nuit, quand un drôle de brouillard
très froid s’est mis à tomber et a tout voilé.
Les moulins
Il y
a un endroit magique aux Pays-Bas (et fort réputé d’ailleurs)
pour qui veut voir des moulins : Kinderdijk (prononcer deill-K), la «
digue des enfants ». Il s’agit tout simplement d’un
champs de moulin, d’un véritable gisement. Du moins est-ce
l’impression que l’on en a de loin. De fait, il s’agit
d’un canal, bordé sur ses deux cotés de moulins à
intervalles réguliers, une vingtaine en tout. Ce que nous avons
découvert, c’est que les moulins de Hollande (et des autres
provinces) sont le plus souvent des moulins de « transvasement »
: ils actionnent des roues qui font passer l’eau d’un canal
dans un autre plus haut et ainsi jusqu’à arriver au niveau
de la mer et s’y déverser. Les Pays-Bas (comme leur nom l’indique
et comme chacun sait) sont plus bas que la mer et le problème est
partout de se débarasser de l’eau vers le haut ...
A Kinderdijk, on peut longer le canal et compter les moulins. On peut
aussi en visiter un, essayer de comprendre comment il fonctionne, voir
les « appartements » du meunier, la petite cuisine, les petites
chambres avec leurs lits clos – dont un très amusant pour
les parents, avec une sorte d’étagère en surplomb
au pied du lit avec un petit rebord, sur laquelle on plaçait le
coufin du bébé … En tout, quatre niveaux et sept ou
huit pièces … On peut aussi monter sur un bateau et recompter
les moulins, dans une autre lumière cette fois et avec cette sensation
différente du bateau qui glisse sur l’eau …
C’est tout simple Kinderdijk et pourtant c’est magique et
on n’avait pas envie de partir …
La grande Digue
C’était une idée de Christophe, voir cette digue de
trente kilomètres de long qui a créé une mer intérieure,
une sorte d’immense lac, mais surtout qui permet de faciliter la
lutte contre la mer : on protège trente kilomètres en une
fois plutôt que beaucoup beaucoup plus un peu partout. C’est
vrai que c’est impressionnant. Cela dit, quand on s’arrête
à l’endroit prévu pour regarder et, via panneaux explicatifs,
essayer de comprendre, c’est aussi très venté, très
froid et très gris – très mer du nord en somme …
Un peu normal vu l’endroit. Quoiqu'il en soit, on n’a pas
regretté de l’avoir vue.
Le fromage, Gouda et Edam.
Nous voulions
assister à un marché au fromage pour les enfants. Venir
aux Pays-Bas sans voir les grandes roues de fromage posées sur
la place du marché nous paraissait impossible. Nous avions visité
Gouda pour y trouver nos gaufres(voir plus bas), nous avons donc décidé
d'aller à Edam qui était sur notre route. Nous avons découvert
une ravissante petite ville que nous avons arpentée dans tous les
sens, et des gens adorables. De fait, les marchés au fromage, du
moins celui d'Edam, ont cessé dans les années vingt. Ce
à quoi on assiste aujourd'hui est une reconstitution - gratuite
- pour les touristes. C'est un événement très sympathique.
D'abord parce que le ballet des porteurs de fromages, des carioles à
cheval qui vont chercher le fromage au bord du canal dont on le décharge,
des acheteurs et des vendeurs qui négocient à coup de grandes
claques dans la main l'un de l'autre - tout cela, en costumes d'autrefois
- est très amusant. Ensuite, parce que la scène est jouée
par des habitants et des villageois qui perpétuent la tradition
et semblent y prendre beaucoup de plaisir. C'est aussi à la fois
très bon enfant et très bien réglé.
NB : A Gouda, il y a un petit magasin
de fromage où la dame a été très gentille
et nous a fait goûter les fromages avant d'acheter. C'est sur la
gauche, vers le début de la rue commerçante qui vient du
pont et qui mène à la grand place. Cela s'appelle : Kaaswinkeltje.
C'est une très bonne adresse et ils expédient dans le monde
entier ! (Ils ont aussi un site : WWW.kaaswinkeltje.com)
Les grandes plages
Nous sommes allés quelquefois à la plage pour faire plaisir
aux enfants. Christophe supporte mieux l’idée d’aller
à la plage depuis qu’il s’exerce – avec ténacité
d’abord puis talent ensuite - au cerf-volant.
Les plages
sont immenses ! Il faisait tellement beau, nous nous sommes même
baignés plusieurs fois avec beaucoup de plaisir. Arthur a pris
beaucoup d’assurance et nous avons dû lui acheter des brassards,
Camille s’amuse et mène sa vie, quant à Clément,
impossible de le sortir de l’eau (et pourtant, il ne sait toujours
pas vraiment nager mais quand il n’a pas pied, il se débrouille
toujours. Bien évidemment, il y a toujours l’un de nous deux
à surveiller …)
Une fois, nous avons vu un énorme bateau de type cargo à
quelques dizaines de mètres du rivage qui projetait un liquide
noir vers la plage – et cela, dans l’indifférence générale.
Renseignements pris, il s’agissait de sable (mouillé, il
était noir) destiné à renflouer la plage …
Ca faisait bizarre tout de même.
Et puis aussi …
Les petits villages typiques
Veere (Zeeland) Marken (Holland)
Christophe nous avait trouvé de superbes petits villages typiques-choupinets-coquets
… Un vrai régal. Il n’y a qu’à voir les
photos. A Veere, tout est beau, rien qui ne détonne, aucune faute
de goût … Le plaisir pour les yeux tant que les jambes suivent.
A
Marken, c’est beau mais en plus, c’est surprenant : les maisons
sont construites sur pilotis et les facades sont couvertes de bardeaux
goudronnés. Depuis la construction de la grande digue, la mer ne
menace plus. L’espace entre les pilotis a été muré
pour agrandir les maisons. Dans le quartier autour de l’église,
les « rues » entre les maisons sont si étroites que
l’on y passe à peine à vélo. C’est très
pittoresque et mérite vraiment que l’on s’y arrête.
Les pistes cyclables
L’omniprésence des pistes cyclables nous avait déjà
frappés en Belgique. Aux Pays-Bas, c’est pareil : il y en
a partout, sur toutes les routes et dans toutes les villes, grandes ou
petites. Ce qui frappe aussi c’est que tout le monde se déplace
à vélo, petits et grands, midinettes et mamies, pères
de famille avec progéniture - tous ! Une autre chose qui nous a
étonnés, mais qui est somme toute logique, est que ces pistes
cyclables s’avèrent inestimables pour les personnes en fauteuil
et nous y avons vu bon nombre de fauteuils roulants électriques.
Un jour, dans une ville de moyenne importance, nous nous promenions à
pied, et nous avons été « doublés » à
toute allure par une couple de retraités chacun dans l’un
de ces fauteuils électriques. Arrivés à la supérette,
ils sont tous les deux descendus et sont allés faire leurs courses
à pied tranquillement. Je suppose que marcher jusque là
leur aurait été trop long …
Les petits blonds
Ca
y est, on monte vers le nord et ils sont tous blonds ! Une fois, on a
vu une classe de maternelle, en rang par deux, marcher dans la rue. On
a compté les bruns (on incluait même les châtain),
il y en avait … un! Tous les autres blonds comme les blés
!
Les éoliennes
Il y en a partout et elles exercent toujours leur effet magique. Leur
coté « force tranquille » j’imagine … Je
me demande pourquoi il y en a si peu en France. Bon d’accord, on
n’est pas plat et il n’y a pas de vent mais quand même
…
La courtoisie des automobilistes
Ici, comme en Belgique, on n’a quasiment jamais peur pour ses enfants
: les automobilistes ralentissent dès qu’ils les voient.
Au passage piétons, les voitures s’arrêtent systématiquement
pour laisser traverser et de plus, s’arrêtent très
loin de sorte que l’on se sent toujours en totale sécurité.
C’est très bon pour le stress, ou l’absence du même
…
Camping et vélo
Nous avons fait une pause de trois jours dans un grand camping de la côte.
Nous voulions avancer le site, reprendre notre souffle et faire plaisir
aux enfants. Nous y avons loué des vélos. Christophe et
Camille ont passé une soirée pénible, l’un
apprenant à l’autre à faire du vélo sans petites
roues. Le lendemain, Camille a confirmé sa nouvelle compétence
et nous sommes allés fêter ça en reprenant la longue
piste cyclable jusqu’à la mer pour prendre une glace. Le
surlendemain, nous avons prolongé la location du vélo de
Camille qui ne voulait plus en descendre et s’inventait des courses
à faire dans le – très grand – camping pour
y aller à vélo … Il y avait aussi une piscine et nous
avons dû y aller tous les matins ! Les trois adorent ça …
Le camping, c’est vraiment sympa pour tout le monde : les enfants
jouent (il y avait plusieurs terrains de jeu et une sorte de mini lac
pour patauger et jouer au sable) et nous on peut souffler un peu …
Nos plaisirs de bouche
Les stroopwaffels
Je
ne sais plus trop qui a acheté les premières Stroopwaffels
(« gaufres au sirop »). Toujours est-il qu’elles ont
vite été adoptées. Ce sont des gaufres rondes, des
gaufrettes plutôt, très fines et fourrées à
une sorte de sirop de sucre un peu caramélisé. Et puis,
nous avons vu un petit encart dans une brochure touristique : «
Visitez la maison Van Vliet à Gouda où l’on fait les
véritables gaufres de Gouda au sirop, assistez à leur fabrication.
» Comme c’était devenu la dernière folie de
Christophe et Clément, j’ai eu envie d’aller avec eux
voir et nous sommes donc tous partis à Gouda. Nous y avons fait
le tour des pâtisseries qui fabriquaient les « véritables
gaufres de Gouda » - echte Goudse Siroopwafels – et avons
comparé. Autant le dire tout de suite : Gouda est un tout petit
bourg et qu’il n’y a que deux pâtisseries ! Mais c’était
très amusant. Dans la première, un jeune garçon d’une
douzaine d’années nous a expliqué dans un anglais
très correct que leur recette était une recette très
ancienne qui donnait des gaufres croustillantes. En effet ! Dans la seconde,
là où nous devions assister à la présentation,
il fallait arriver le matin pour y avoir droit mais nous avons vu une
vidéo très bien faite avec gros plans et là aussi,
c’était très amusant. Inutile de dire que là
comme dans la première, nous avons fait quelques provisions …
Les poffertjes
Christophe et moi gardions un souvenir ému des poffertjes que nous
avions goûtés à Delft il y a presque dix ans, en février,
alors qu’il faisait un froid de gueux. Ce sont de toutes petites
crèpes de la taille d’une pièce de cinq francs - comme
aurait dit mon grand-père - que l’on sert juste faites, bien
chaudes, avec une noix de beurre et beaucoup de sucre glace. Et bien c’est
toujours aussi bon !
Les harengs
A Veere,
vers le début de notre séjour aux Pays-Bas, nous avions
été attirés par une baraque à poissons, comme
il y en a partout ici - un peu comme nos baraques à frites sauf
qu’il y en a vraiment presque dans toutes les villes. On y vend
des harengs sous toutes ses formes et des poissons frits minute savoureux.
On était là, un peu bêta, ne comprenant pas bien ce
que l’on voyait et essayant de se décider. Un monsieur sympathique
arrive, qui voulait acheter quelque chose à manger. Devant notre
embarras, il décide de nous prendre en main. Il commence par nous
expliquer en anglais les différentes variétés et
modes de préparation puis il nous initie à la spécialité
locale : le hareng cru aux oignons - crus - que l’on mange en le
tenant par la queue et en renversant la tête en arrière.
Bon, on était infiniment reconnaissants à ce monsieur pour
sa gentillesse et sa bienveillance et Christophe, qui n’a peur de
rien comme on sait, a aussitôt essayer le dit hareng et a trouvé
cela délicieux ! (Personnellement, j’ai goûté
mais je trouve ça un peu « extrême » …)
On a acheté du poisson frit pour les enfants et aussi des rollmops
et on s’est fait une belle petite dégustation dans le camping-car
(qui n’a pas pris l’odeur, ouf !) Par la suite, on a remangé
de ces poissons achetés dans la rue et c’était toujours
délicieux.
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