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du carnet Allemagne (cliquez sur le triangle rouge pour revenir
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Münich et la fête de
la bière |
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En arrivant au camping à Münich, le jeune homme
de la réception nous a prévenus que nous tombions en pleine
fête de la bière, ou plus exactement, en pleine fête
d’octobre puisque c’est là son vrai nom. Il m’a
alors fait signer un papier disant que pendant cette période, la
tranquillité nocturne et l’état correct des sanitaires
ne pouvait pas être garanti ! C’est donc un peu … méfiants
que l’on a cherché un coin où s’installer :
pas trop près des sanitaires, pas trop près des autocars
de jeunes de tous pays venus pour l’occasion, installés dans
des campements de petites tentes toutes pareilles …
On ne savait pas trop ce qu’était la fête de la bière.
On pensait que ce serait comme dans les grandes villes traversées
cet été comme Gand ou Anvers où partout se dressent
des podiums et des stands de bière et de frites à l’occasion
d’une fête ou d’un festival … En passant à
l’office de tourisme, on a appris que la fête de la bière
à Münich est une sorte de grande fête foraine très
circonscrite qui a lieu sur la Theresien Wiese (la Prairie de Thérèse).
On ne voyait pas trop l’intérêt d’emmener les
enfants assister à une « consommation excessive de bière
», pour ne pas dire à une beuverie mais la dame de l’office
de tourisme nous a encouragés à y aller, disant que c’était
formidable pour les enfants. Elle nous a toutefois mis en garde : n’y
restez pas après trois heures de l’après-midi ! Il
semblerait que les choses commencent à se gâter à
partir de cette heure là … Une fête foraine donc, mais
avec cette particularité que le terrain se partage en deux : les
attractions d’une part et les grandes tentes blanches des brasseries
d’autre part. Ces
grandes tentes, montées pour l’occasion par chacune des grandes
brasseries bavaroises, sont équipées de tables et de bancs
et peuvent accueillir chacune plus de mille personnes. Celle où
nous sommes entrés était celle de la Löwenbrau et logiquement,
elle était surmontée d’un immense lion mécanique
qui ouvrait grand la bouche, poussait des rugissements sauvages et brandissait
une chope gigantesque. Arthur s’en souviendra toute sa vie je crois
à en juger par le nombre de fois où il nous en reparle …
Au centre de la tente, du moins dans celle que nous avons visitée,
un podium et un orchestre traditionnel - culottes de cuir et accordéon
- mais amplifié tout de même, assure l’animation tandis
que l’on mange des saucisses et que l’on boit de la bière.
Autant le préciser tout de suite, la mesure de
bière par défaut ici, la seule que l’on semble servir,
c’est le « mass » (la mesure, justement), et un «
mass » c’est une chope de bière de … un litre
! C’est ce que l’on boit, homme ou femme, jeune ou vieux,
et on n’en boit pas qu’une ... Pour ne rien vous cacher, après
cette petite visite ethnologique "discrète à cinq",
on n’a pas joué le jeu (à savoir, boire un litre de
bière dans une ambiance assourdissante). On est ressorti de la
tente discrètement - ce qui, au milieu de plusieurs centaines de
personnes est quand même relativement aisé - et on est allé
s’acheter des sandwiches et des bratwursts.
Monsieur Dona.
En arrivant près de la Theresien Wiese, immergés
dans le flot qui y descendait, nous expliquions aux enfants qu’ils
ne feraient chacun qu’une attraction, que nous avions fait beaucoup
de choses coûteuses ces derniers temps, qu’ils venaient d'aller
au Prater à Vienne et que donc, on ferait un grand tour et qu’il
leur faudrait choisir avec discernement leur attraction. Un monsieur,
plutôt élégant et qui nous précédait,
se retourne et nous dévisage un instant. Il se retourne à
nouveau un peu plus tard et nous dit – en français - : «
Vous n’avez qu’à passer chez moi, Café Deistler,
j’invite les enfants à boire une orangeade ou un cola. »
Puis il s’éloigne. Un peu interloqués, on essaye de
comprendre ce que l’on vient d’entendre. On arrive à
sa hauteur au passage piéton et il nous adresse à nouveau
la parole : « Café Deistler, vous n’aurez qu’à
me demander, Monsieur Dona. » et il s’éloigne. On ne
comprend pas très bien mais on programme une visite au café
Deistler.
Arrivés à la fête de la bière,
on fait notre petite visite des tentes de brasseurs, les enfants tâchent
de faire le bon choix pour leur attraction tout en mangeant leurs sandwichs,
je finis par accompagner Clément et Camille dans leur grand huit,
dont je sors couverte de bleus - on ne m'y reprendra plus ! Vient alors
l’heure d’honorer l’invitation de monsieur Dona.
Nous trouvons le café Deistler qui a des airs de brasserie traditionnelle
où l’on ne servirait que des boissons chaudes et des pâtisseries.
On commande et on explique notre affaire. La jeune serveuse, très
souriante, n’a pas l’air de bien savoir quoi penser mais nous
dit qu’elle va se renseigner. Elle revient avec nos boissons, toujours
aussi avenante, et nous dit que tout est arrangé. Nous finissons
par arriver à apercevoir le mystérieux Monsieur Dona, qui
semble en effet être le patron de l’établissement.
Je me lève pour le saluer et le remercier. Il n’est pas disert
mais il me dit cette phrase : « Oui, cela nous appartient »
et s’éloigne après avoir pris congé, pressé
par ses affaires.
Je crois que l’on se rappellera longtemps cette drôle de rencontre,
et cette invitation aussi aimable que mystérieuse.
Finalement, notre fête de la bière aura été
une journée amusante et bien remplie ...
J’avais passé un an en Allemagne du Sud, en pays Souabe,
il y a déjà plus de vingt ans. A l’époque,
le gouvernement allemand distribuait des bourses d’études
aux jeunes étudiants en Deug. On passait six mois dans une ville
universitaire allemande, on suivait un programme spécial à
l’université ainsi que quelques UV avec les étudiants
allemands et surtout, on était logés sur campus. Je m’étais
ainsi retrouvée à Tübingen, charmante petite ville
universitaire et je logeais à Waldhaüser Ost, une sorte de
cité étudiante centrée autour de trois immenses tours
à priori peu attachantes mais où je passai une année
merveilleuse !
Christophe et les enfants ont eu la gentillesse de bien vouloir m’accompagner
pour un petit pèlerinage nostalgique dans cette petite ville proche
de Stutgart et nous avons passé une très bonne journée.
Nous avons déambulé dans la jolie petite ville médiévale
au bord du Neckar. J’ai retrouvé la place du marché
et son hôtel de ville à colombages. Nous sommes montés
au château. Nous avons même déjeuné dans un
petit restaurant où j’avais autrefois travaillé comme
plongeuse le soir. La propriétaire avait changé mais l’endroit
était resté le même. Les enfants y ont mangé
leurs premières Maultaschen, la spécialité de l’endroit,
dans une ambiance très « authentique ». Nous sommes
enfin montés au campus et j’ai voulu revoir le cinquième
étage de la tour 3. Miracle, nous y avons été accueillis
par de charmants étudiants amusés de notre pèlerinage
et qui nous ont très gentiment invités à boire le
café tout en m’interrogeant sur le campus d’il y a
vingt ans. Force fut de constater que rien, ou presque, n’avait
changé ! Pas la magnifique vue du cinquième étage
bien sûr, mais pas le bar étudiant non plus qui s’appelle
toujours le Kuckuks, pas le restau grec des grandes occasions, pas les
conversations dans les cuisines jusqu’aux petites heures, pas les
rivalités entre étages … Christian et Biljana ont
été adorables et ont fait de ce petit retour nostalgique
un bien joli moment. Je les remercie encore de leur merveilleux accueil.
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Cliquez
sur la photo pour voir quelques images du château |
Louis II de Bavière est devenu roi très jeune.
Il supportait peu le commerce de ses sujets et quand il allait à
l’opéra, qu’il affectionnait particulièrement,
il exigeait que le spectacle ait lieu pour lui seul car la présence
vulgaire d’autres spectateurs, qui de surcroît n’auraient
pu s’empêcher de l’observer du coin de l’œil,
aurait gâté son plaisir. Il restaura d’abord le château
de son enfance Hohen Schwangau puis fit construire (entre autres châteaux)son
château de Neuschwanstein dans un cadre magnifique. On finit par
le faire diagnostiquer fou et il mourut mystérieusement noyé
lors d’une promenade avec son médecin. Le personnage, excentrique,
étonne tout autant que ses châteaux : des constructions hétéroclites
dans des sites à couper le souffle.
Il faut parler aussi de l’étonnante
mécanique de la visite de Neuschwanstein, le site le plus visité
d’Allemagne : on commence par acheter son entrée dans le
bâtiment tout neuf de la billetterie au pied de la montagne (files
séparées par langues de visite, affichage à cristaux
liquides, batteries de guichets vitrés … ) On se voit alors
attribuer un horaire de visite. Il faut ensuite monter au château
à travers bois. Malheur à celui qui n’a pas pris son
billet avant de monter car il lui faudra redescendre … En Octobre,
il y a encore énormément de visiteurs mais il fait un temps
magnifique et la mécanique bien rôdée fonctionne parfaitement.
On suit le fléchage, on attend sagement dans la cour du château
parmi touristes asiatiques et américains que son numéro
de visite s’affiche et .. on entre enfin, audioguide sur les oreilles
car nous sommes dans un groupe de langues mélangées …
On s’applique alors à suivre les instructions de notre jeune
guide : "Avancez, approchez vous par ici, attention je vais fermer
la porte derrière vous, allez jusqu’au fond du couloir, montez
l’escalier, attendez-moi …"
C’est un peu bizarre mais on s’y fait et c’est presque
intéressant en soi !
La gastronomie allemande est souvent assez « roborative
» : plats en sauce accompagnés de chou, de pommes de terres
ou de knoedel (ces grosses boules de pâte à base d’eau,
de farine et/ou de pommes de terre ou de semoule que l’on fait cuire
à l’eau ou dans un bouillon). C’est d’ailleurs
la cuisine d’Europe centrale que l’on retrouve avec des variations
en République Tchèque, en Hongrie, en Autriche …
A côté de cela, les allemands aiment beaucoup
la cuisine grecque, et le restaurant grec – souvent très
bon – est l’équivalent de nos pizzeria : pas de ville
qui n’ait le sien, délicieux et bon marché. Une bonne
alternative où l’on peut se régaler de viande grillée
et de salades. C’est ce que nous avons fait à Berlin.
Il
faut maintenant parler de cette spécialité nationale qu’est
l’Imbiss. Un imbiss est un snack, un repas à manger sur le
pouce. Le mot imbiss désigne aussi le kiosque où l’on
achète ces snacks. Il sont innombrables dans les centres-villes
allemands et, Allemagne oblige, on y achète de la saucisse brûlante
dans des petits pains. C’est délicieux ! Il y a plusieurs
sortes de saucisses, dont des Francfort (que l’on appelle Bockwurst)
mais la meilleure est la Bratwurst (littéralement « saucisse
grillée ») : une saucisse blanche ( ?), grillée, délicieuse
avec un peu de moutarde locale, plus douce que la nôtre. J’avais
parlé de tout cela aux enfants et à peine arrivés
en Allemagne, à Hildesheim, nous repérions nos premiers
Imbiss et mangions nos premières Bratwurst. Tout le monde a adoré
(Christophe non des moindres) et cela a remplacé bon nombre de
nos pique-niques.
Une autre « institution » allemande est le Brötchen
(littéralement, « petit pain ».) Le français
rentre du travail et passe chercher sa baguette. L’allemand se lève
et va chercher ses Brötchen, le week-end en particulier. Il s’agit
donc de petits pains ronds de toutes sortes : blancs, au seigle, aux graines
… Il y a aussi les Laugen Brötchen, mes préférés,
bien que je ne sache toujours pas comment leur pâte, compacte et
douce à la fois, est faite … Les campings proposent presque
tous des Brötchen et pour ceux d’entre eux qui ne disposent
pas de superette, le gardien prend les commandes la veille pour le lendemain
et le boulanger local livre ! Nous avons assez vite pris le pli et il
y a eu très peu de petits déjeuners sans Brötchen …
!
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Les Maultaschen,
spécialités du pays souabe, sont de gros raviolis dont
la farce est faite de viande de porc, d’épinards et d’herbes.
On les fait cuire dans un bouillon ou on les fait dorer à la
poêle avec des oignons coupés tout petits. C’était
un souvenir de Tübingen, c’est devenu une référence
familiale. Christophe a même noté les ingrédients
pour essayer d’en faire ! |
Autre référence
familiale : le Hanuta. Il s’agit d’un
petit biscuit emballé individuellement, que l’on glisse
dans sa poche ou dans son cartable, une couche de pâte à
la noisette entre deux gaufrettes. Disons que c’est aussi
courant que nos BN ou nos Pépito à ceci près
que c’est individuel. J’ai cru utile de présenter
cette spécialité nationale aux enfants. Vous devinerez
aisément la suite … (Rassurez-les : on en trouve en
France ?) |
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Et pour terminer, le plat préféré
de Clément : les spaetzle. Ce sont des pâtes
aux œufs, de forme irrégulière, que l’on achète
au rayon frais et que l’on peut faire cuire à l’eau
, dans un bouillon ou faire dorer à la poêle avec un peu
de beurre et des oignons. C’est ainsi que je les ai préparées
pour les enfants et Clément ne s’en lasse pas.
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